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Etienne Vatelot s'occupait autant des violons que des violonistes

Etienne Vatelot s'occupait autant des violons que des violonistes

Le luthier de renommée internationale Etienne Vatelot, mort dans la nuit de vendredi à samedi à son domicile de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) à l'âge de 87 ans, soignait certes les instruments à cordes mais était aussi très proche des artistes qu'il accompagnait souvent en tournée.

Expert près la Cour d'appel de Paris, président du concours qui porte son nom, il était le soigneur attitré de grands solistes comme Yehudi Menuhin, Arthur Grumiaux, Isaac Stern, Ivry Gitlis, Anne-Sophie Mutter, Maurice Gendron, Yo Yo Ma et, surtout, son ami Mstislav Rostropovitch qu'il connaissait depuis un demi-siècle. Son génie consistait à régler la sonorité des instruments en fonction de la personnalité du musicien.

Physique imposant, voix chaude, arborant volontiers un grand sourire expressif, plein d'humour, charismatique, Etienne Vatelot aurait pu faire carrière dans le théâtre (il en fit d'ailleurs un peu, quand il était jeune).

"Il a beaucoup apporté à notre métier mais aussi à la musique en général", a dit à l'AFP un de ses fils spirituels, le luthier parisien Pierre Caradot, évoquant un homme très généreux.

Un transmetteur de savoir

Jean-Jacques Rampal (fils du flûtiste Jean-Pierre Rampal, aujourd'hui décédé), qui a repris voici 17 ans la maison Vatelot à Paris, louait lui aussi son grand coeur, notamment dans la transmission de son savoir, qu'il s'agisse d'expertise ou de restauration. "Il prêtait des instruments de très grande valeur à des musisiens doués mais sans moyens, pour qu'ils aient toutes les chances de leur côté, pour un concours, un concert ou un enregistrement de disques", a-t-il précisé à l'AFP.

Né à Provins (Seine-et-Marne) le 13 novembre 1925, Etienne Vatelot entre en apprentissage en 1942 dans l'atelier de son père, Marcel Vatelot. En 1949, il obtient le diplôme d'Honneur au Concours International de Lutherie de La Haye. A partir de 1950, il poursuit avec son père le développement de l'atelier. En 1959, il prend officiellement la succession de son père et est nommé expert près la Cour d'Appel de Paris.

En 1970, il créé l'école de Lutherie française à Mirecourt, ce qui va démocratiser la profession: "Quand j'ai créé l'école de Mirecourt, la lutherie en France était sinistrée, expliquait-il au Monde en 2004. Il ne restait qu'une trentaine de luthiers. J'ai lutté quatre ans auprès des pouvoirs publics avant qu'un documentaire sur le violon tourné en 1969 par Claude Santelli pour la télévision nous sorte de l'impasse. Cela a provoqué un raz-de-marée et le ministère de l'Education nationale s'est décidé à m'octroyer royalement 30.000 francs ! J'ai aussitôt cherché un professeur, recruté des élèves".

Etienne Vatelot, lauréat de nombreuses distinctions, avait créé la Fondation Marcel Vatelot afin de venir en aide aux jeunes luthiers et archetiers. Auteur en deux volumes d'un livre sur les "archets français", il avait donné de nombreuses conférences dans le monde entier.

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