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«Face Nord» à Montréal Complètement Cirque : la beauté brute en pleine gueule ! (CRITIQUE/VIDEO)

«Face Nord» à Montréal Complètement Cirque : la beauté brute en pleine gueule ! (CRITIQUE/PHOTOS/VIDEO)

Un Loup Pour L'Homme est le résultat d'une rencontre entre deux acrobates, le voltigeur québécois Frédéric Arsenault et le porteur français Alexandre Fray. Accompagnés par Mika Lafforgue et Sergi Parés, les deux hommes font de Face Nord un spectacle où les muscles côtoient la souplesse, alors que l'émotion brute fait la bise à la testostérone.

Les circassiens invitent le public de Montréal Complètement Cirque à la Gare Dalhousie, qui sert habituellement de domicile au Cirque Éloize, au coin des rues Berri et Notre-Dame. Dans une disposition pour le moins intime, des gradins sont situés sur chacun des quatre côtés de la salle, permettant ainsi aux spectateurs de ne rien manquer de l'action.

Le spectacle débute, chacun des acrobates arrive d'un couloir entre les spectateurs : deux d'entre eux sont vêtus d'habits de ville, les deux autres sont affublés d'un casque et d'épaulettes de football. Un tel attirail ne sert pas à faire joli, mais plutôt à protéger ces deux fous qui font une démonstration de plaqués au sol et d'une série de mouvements dignes des Alouettes de Montréal avec une rudesse incomparable. Chaque choc est palpable, chaque morcellement de muscles est perceptible. Visiblement entraînés pour se rentrer dedans sans se blesser, les deux rustres sympathiques se tournent ensuite vers leurs comparses.

Enchaînant portés, équilibres, collisions brutales, sauts et acrobaties en tout genre, le quatuor repousse les limites de leur humanité, défie les lois de la gravité, fait un pied de nez à la normalité et n'a que faire du prévisible et du consensuel. Après nous avoir étonnés par chacun de leurs mouvements casse-gueule, le groupe de mâles n'hésite pas à faire comprendre au public où se trouvent les limites de leurs corps, démontrant ainsi que l'art du cirque n'est pas qu'une affaire de danger et de perfection. Même en l'absence de mouvements lisses, polis et gracieux, la production est à ce point sincère qu'il en résulte une beauté indéniable.

Vient ensuite une section où ces gentils cinglés de la prouesse physique s'imbriquent l'un à l'autre et se marchent (littéralement) dessus, relevant le défi de se mouvoir en gardant sans cesse contact avec l'entité qu'ils forment à eux quatre. Escalade de têtes et d'épaules, promenade sur une main ou un avant-bras, sortie déambulatoire sur un genou ou le bas d'un dos, chaque mouvement est savamment orchestré, parfaitement précis et chorégraphié avec une parfaite imperfection. Le numéro symbolise à merveille l'interdépendance des êtres humains et le réflexe de certains qui tendent à considérer les autres plus qu'ils ne sont considérés en retour.

Quand l'un des acrobates tente d'embrasser un collègue sur la bouche, pendant que celui-ci se débat comme un poisson vivant qu'on voudrait tenir de force dans une poêle à frire, on ne peut faire autrement que de se bidonner, quasi soulagé de les voir se battre comme des enfants, après s'être affrontés comme des hommes.

Malgré tout le bien qu'on peut en dire, Face Nord, ça se vit en personne, avec la transpiration de quatre jeunes hommes à deux pouces de votre visage, le cerveau qui se fait aller la réflexion, pendant que le sourire se déploie et que la rate se dilate.

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