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L'Égypte attend un PM, les Frères musulmans restent mobilisés

L'Égypte attend un PM, les Frères musulmans restent mobilisés

Le processus de transition promis par l'armée égyptienne après la destitution du président Mohamed Morsi a connu son premier accroc samedi, avec l'annonce puis du démenti de la nomination de Mohamed ElBaradeï au poste de premier ministre.

Aprèsles affrontements qui ont fait au moins 35 morts depuis vendredi soir, le porte-parole du président intérimaire Ali Mansour a par ailleurs tendu la main aux Frères musulmans en annonçant que ceux-ci seraient autorisés à participer aux prochaines élections, y compris présidentielle.

« Nous tendons la main à tout le monde, tout le monde à sa place dans ce pays, a -t-il déclaré tard samedi soir. Les Frères musulmans auront de multiples occasions de se présenter aux élections, y compris la prochaine présidentielle et les suivantes. »

L'armée n'a pas dit précisément quand auraient lieu ces élections, mais elle a assuré avoir une « feuille de route » pour assurer la transition politique.

Les tractations avec les différentes forces politiques impliquées dans ce processus ont cependant buté samedi sur la nomination au poste de premier ministre de Mohamed ElBaradeï, annoncée dans un premier temps comme acquise par les médias officiels et des responsables égyptiens.

Le parti salafiste Al Nour, arrivé deuxième des dernières élections législatives, derrière les Frères musulmans, s'est en effet opposé avec vigueur au choix du prix Nobel de la paix 2005, favori des libéraux et de la jeunesse révolutionnaire.

Les salafistes bloquent ElBaradeï

Ahmed Khalil, vice-président d'Al Nour, a déclaré au site Internet du quotidien Al Ahram que son parti se retirerait du processus de transition si Mohamed ElBaradeï était confirmé à la tête du gouvernement.

« La nomination d'ElBaradeï viole la feuille de route qui a fait l'objet d'un accord entre les différents pouvoirs politiques et nationaux et le général Abdel Fattah al Sissi »,

a-t-il déclaré.

Le porte-parole de la présidence intérimaire a reconnu que l'opposition d'Al Nour avait bloqué la nomination de l'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), ajoutant que « plusieurs options » étaient étudiées, sans plus de précision.

Les Frères musulmans se sont aussi opposés à l'arrivée à la tête du gouvernement de celui qui avait appelé haut et fort l'armée à destituer Mohamed Morsi et que Farid Ismaïl, un responsable du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), branche politique de la confrérie, a qualifié de « choix de Washington ».

« Nous constatons, avec regret, que la communauté internationale se rend d'une certaine manière complice en apportant sa reconnaissance et son soutien au coup d'État militaire », a accusé de son côté Mohamed el Beltagui, un autre dirigeant des Frères musulmans.

« Cela réveille les sentiments de haine envers les pays européens et l'Amérique qui se placent toujours du côté des régimes despotiques contre les peuples qui aspirent à la liberté », a-t-il ajouté.

Les États-Unis et l'Union européenne ont exprimé leur inquiétude après la destitution de Mohamed Morsi, mais se sont gardés de condamner un « coup d'État » de l'armée.

Au moins 35 morts

Le président américain Barack Obama, mis en cause par les deux camps - les opposants l'accusent d'avoir fait pression sur l'armée pour protéger Mohamed Morsi - a assuré samedi que les États-Unis ne « travaillent pas avec un parti politique ou groupe égyptien en particulier ».

Un porte-parole du Pentagone a précisé que le secrétaire à la Défense Chuck Hagel s'était entretenu à trois reprises avec son homologue égyptien Abdel Fattah al Sissi depuis vendredi et qu'il avait insisté auprès de lui sur la nécessité d'une « transition civile pacifique ».

En week-end dans sa résidence de Camp David, Barack Obama a convoqué une visioconférence avec son équipe de sécurité nationale pour faire le point sur l'évolution des événements en Égypte, alors que les islamistes ont appelé à de nouvelles manifestations dimanche.

L'un des prédicateurs sunnites les plus influents, Youssef al Qaradaoui, proche de la confrérie, a publié samedi sur son site Internet une fatwa dans laquelle il appelle les Égyptiens à soutenir Mohamed Morsi et à demander à l'armée de se retirer du jeu politique.

Au moins 35 personnes ont été tuées et plus de 1000 autres blessées au cours d'affrontements entre pro et anti-Morsi vendredi soir au Caire et à Alexandrie, mais aussi lors de violences dans d'autres villes du pays, certaines de nature confessionnelle.

Samedi, un prêtre copte a été abattu par des inconnus à Al Arich, principale ville du Nord-Sinaï, où des affrontements meurtriers opposent depuis vendredi les forces de sécurité à des groupes djihadistes, qui ont attaqué plusieurs bâtiments officiels et des postes de contrôle routiers.

Reuters

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