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Les dessous, ou l'histoire de la silhouette, aux Arts décos

Les dessous, ou l'histoire de la silhouette, aux Arts décos

Des corsets métalliques aux push-up pour les femmes ou de la culotte à braguette au slip rembourré pour les hommes, le musée des Arts décoratifs à Paris consacre une exposition aux dessous, artifices utilisés du 14e siècle à nos jours pour dessiner notre silhouette.

En environ 200 pièces, le musée se penche sur la métamorphose du corps pour s'adapter aux diktats de la mode. La silhouette la plus ancienne date de 1370: c'est un pourpoint, "le vêtement masculin par excellence", explique le commissaire de l'exposition Denis Bruna. Il s'agit de rembourrer le torse, pour donner une impression de puissance.

Deux siècles plus tard, les hommes privilégient les culottes à braguette. Il ne s'agit pas de zip, car celui-ci arrivera bien plus tard, mais d'une coque qui reproduit le sexe en érection. "Plus on était puissant, plus il fallait une braguette importante", dit Denis Bruna. La forme du pénis apparaît même sur des armures.

Au 19e siècle, la virilité des hommes s'exprimera dans des mollets gonflés par des bas rembourrés. "Ce n'est qu'à partir des années 50 que les épaules larges ont été un symbole de virilité", selon le commissaire.

L'exposition insiste cependant surtout sur les femmes, "parce que dans la culture occidentale, on intervient davantage sur le corps féminin". Certaines pièces ressemblent à des instruments de torture, comme des corsets métalliques du 16e siècle, "pour avoir belle taille et gorge haute" selon l'expression de l'époque (taille fine et belle poitrine).

Aux 17e et 18e siècles, le corps à baleines, qui compresse les côtes, ne semble pas plus confortable. Il doit notamment permettre aux femmes, de l'aristocratie principalement, de rester droites. Au point de ne plus pouvoir se baisser parfois. Le corps à baleines existe aussi pour la grossesse, pour l'allaitement ainsi que pour les enfants: les garçons en portent jusqu'à 5 ou 6 ans et les filles... toute la vie.

Lingerie intelligente

Dans la deuxième moitié du 18e siècle, le corps à baleine tombe un peu plus bas, jusqu'à laisser entrevoir une partie de téton.

Toutes ces pièces présentent un vrai intérêt esthétique, faites souvent de soie et décorées de broderies. D'exceptionnelles robes d'époque sont exposées, comme la robe de mariage d'une princesse suédoise de 1774. Plus de la moitié des pièces font partie de la collection du musée, les autres provenant d'autres musées ou de collections privées.

Les dessous suivent des tendances de fond de la société. À la Révolution, on libère aussi le corps: les corsets sont remplacés par des bandes qui soutiennent la poitrine. Puis le corset revient. "À partir de 1850, les dessous sont encore plus rigides et déformants que les corps à baleines", dit Denis Bruna.

La taille doit être de plus en plus fine alors que les faux-culs ne vont pas tarder à apparaître. Le soutien-gorge naît au 20e siècle, quand le corset se transforme en gaine, qui comprime le ventre et les hanches, laissant les seins libres.

Entre poitrines avantageuses et silhouettes moins féminines, les modes se succèdent au 20ème siècle. La gaine reste un incontournable jusqu'aux années 50.

À voir tous ces corsets et gaines, on se sent soulagé d'être en 2013. Et pourtant... "On croit être plus libre que jamais, mais on est dans une époque où on impose au corps des régimes, où on fait du body-building, où la chirurgie esthétique est de plus en plus répandue", rappelle le commissaire.

Et il note le retour de la lingerie gainante, plus confortable, bien sûr, grâce au progrès technologique. Nous parlons maintenant de "shapewear" ou "lingerie intelligente, qui sait agir où il faut".

Les hommes ne sont pas en reste, entre les slips qui gainent le ventre et ceux qui galbent les fesses et le sexe, grâce à des coques.

"La mécanique des dessous, une histoire indiscrète de la silhouette", du 5 juillet au 24 novembre, au musée des Arts décoratifs, à Paris.

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