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Festival de jazz 2013: She & Him, Oui & Non

Festival de jazz 2013: She & Him, Oui & Non
Courtoisie

Sorte de duo improbable, She & Him est très apprécié dans le monde entier pour sa musique rétro-pop rock’n’roll, parfois à la limite du country. Ce groupe indie de l’heure était de passage à Montréal, mercredi soir. La salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts était pratiquement remplie pour ces Américains venus jouer pour la première fois au Festival international de jazz.

Elle, c’est la chanteuse Zooey Deschanel, qui est également actrice de télé et mannequin. Elle représente le côté plus pop et grand public de l’affaire. Lui, c’est Matt Ward, talentueux guitariste et créateur prolifique de Portland, Oregon, respecté de ses pairs, qui a collaboré avec des tonnes de musiciens, dont Cat Power.

Avec leur récent album paru en mai (du bon travail ce Volume 3), les raisons étaient nombreuses pour une visite dans la métropole québécoise. Disons que les étoiles étaient alignées.

Sur scène, ils arriveront ensemble, She & Him, accompagnés de six musiciens et deux choristes : accordéon, basse, claviers, orgue, guitares, ukulélé seront au nombre des instruments utilisés notamment par la bande durant la soirée. Il est vêtu d’un costard gris tendance et d’une chemise bleu pâle. Élégant. Elle est vêtue d’une robe bleue royale. Élégante… et irrésistible.

Elle manque de conviction

Sans présentation, la formation envoie la chanson I Was Made For You et son rock sympa des années 1950. She est au micro et Him à la guitare. Les choristes soufflent quant à elles leurs efficaces Ouh, ouh, ouh. Derrière les musiciens, à l’écran géant, on remarque déjà les images vidéo abstraites aux inspirations disco qui sont d’un très bon goût. Simples, mais très réussies avec leurs riches couleurs, leurs étoiles et leurs formes géométriques diverses.

Ward ira par la suite au clavier pour I’ve Got Your Number, Son (issu du dernier disque). Toujours au micro situé à l’avant-scène, Deschanel chante tout en frappant son tambourin à cymbales. Le tout sans grande conviction. On ne sait trop si la chanteuse est stressée, intimidée, désabusée ou désintéressée, mais l’énergie ne passe pas très bien. Froide, figée, elle chante son morceau sans intensité. Il surgit même une étrange sensation dans la salle qui se poursuivra d’ailleurs sur la ballade doucereuse et un peu sucrée Together, qui ne sera pas leur meilleure interprétation du spectacle d’ailleurs.

C’est après le morceau un tantinet rockabilly intitulé Baby – une reprise d’Ellie Greenwich paru aussi sur Volume 3 – que la chanteuse arrivera à se détendre un peu et à véritablement participer au concert. Sur Never Wanted Your Love, elle se laisse aller sur les arrangements qui sont rétro à fond. L’amour est partout et l’ambiance est sympa. Belle finale au violon.

À Take It Back, l’atmosphère est à la peine d’amour, à la nostalgie, mais une tristesse allégée par de jolis éclats d’ironie musicaux. La combinaison violon et lapsteel guitare est superbe.

Ensuite viendront quelques propositions qui puisent à la source du country, en partie du moins: Change Is Hard (délicate batterie, guitare électrique lancinante, voix émotive et plus poussée), la reprise Hold Me, Thrill Me, Kiss Me (dans la même veine, mais plus rêveuse) et I Thought I Saw Your Face Today (plaisante naïveté dans l’interprétation de Deschanel, assise au clavier).

C’est arrivé à la toute simple, mais magnifique pièce You Really Got a Hold on Me, de Smokey Robinson, que la chanteuse viendra enfin nous convaincre davantage. Sa présence n’est pas charismatique ou magnétique, mais la chanteuse rayonne davantage. Deschanel démontrera son talent et de la vraie complicité avec Ward sur cette belle balade sympathique à souhait. Un petit bijou.

Un petit quelque chose

La plupart du temps assez courtes, les chansons passeront de manière agréable, toujours avec des arrangements dosés, intelligents et efficaces, tels que présentés sur Rave On, premier véritable morceau chanté par M. Ward (voix granuleuse et rauque qui fonctionne).

Peut-être aurions-nous apprécié davantage de chien dans les propositions, comme sur Riding In my Car, avec sa touche d’insouciance et de liberté, ou encore comme sur Magic Trick, morceau durant lequel la formation lâchera vraiment son fou pour une des rares fois de la soirée.

Certes, le duo She & Him est un univers rétrorock mélancolique qui a su charmer énormément de gens. Avec raison. Or, dans un concert offert à plus de 2000 personnes, on aurait saupoudré davantage d’énergie dans cette pochetée de 22 chansons.

Spectacle de qualité ? Oui. Performance qui passera à l’histoire ? Non.

EN IMAGES:

(La prise de photos n'étant pas autorisée pour ce spectacle, voici un résumé de quelques-unes des prestations de ce mercredi soir.)

Festival de jazz: 3 juillet 2013

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