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La pression monte dans l'industrie de la construction

La pression monte dans l'industrie de la construction

L'Association de la construction du Québec (ACQ) a lancé vendredi soir un cri d'alarme à l'Alliance syndicale, estimant qu'il n'y avait pratiquement plus de communication entre les parties et que celles-ci n'avaient plus que « quelques heures » pour s'entendre, faute de quoi le gouvernement du Québec imposerait une loi spéciale.

L'ACQ affirme que le syndicat refuse de répondre aux demandes de la partie patronale concernant des modifications à l'organisation du travail.

Par voie de communiqué, le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet, a affirmé par la suite que l'Alliance syndicale avait déposé une offre en après-midi et que l'ACQ n'y avait pas donné suite. Il a ajouté que les syndicats continuaient de parler avec le médiateur spécial et que la balle était maintenant dans le camp de la partie patronale.

Pendant ce temps, sur le terrain, les 77 000 syndiqués du secteur institutionnel, industriel et commercial (ICI) de l'industrie de la construction ont tenu vendredi une 12e journée de grève. En début de soirée, ils ont reçu le soutien du Bureau canadien du Département des métiers de la construction, pour qui les demandes patronales « ont pour unique objectif d'augmenter les profits des entreprises, et ce, au détriment des travailleurs ».

Marois souhaite une entente négociée

Du Mexique, la première ministre Pauline Marois a réitéré vendredi son intention d'en arriver à une entente négociée, tandis qu'une nouvelle voix s'est élevée pour réclamer une loi spéciale dans le dernier secteur en grève de l'industrie de la construction.

Le président du Conseil du patronat du Québec (CPQ), Yves-Thomas Dorval, a invoqué les coûts de la grève pour réclamer l'imposition de cette loi.

Mme Marois avait accordé, lundi dernier, un délai d'une semaine aux deux parties pour parvenir à une entente négociée. Ce délai prendra fin au cours du week-end, au moment où la première ministre reviendra de sa tournée économique au Mexique.

M. Dorval a écrit aux élus de l'Assemblée nationale pour leur rappeler que la valeur des investissements dans ce secteur de la construction s'élevait à 10 milliards de dollars en 2012 et que les pertes dues à la grève risquent d'être importantes. « Bien qu'elles soient pour l'instant difficilement chiffrables, les pertes encourues jusqu'à ce jour s'avèrent sans doute considérables, d'autant plus que la majorité des chantiers sont particulièrement en activité pendant la saison estivale », explique la lettre du CPQ à l'intention des députés.

M. Dorval croit que la loi spéciale devrait protéger le pouvoir d'achat des travailleurs tout en tenant compte de la capacité de payer des donneurs d'ouvrage. Il estime toutefois que la société québécoise devra se pencher sur le fonctionnement de l'industrie de la construction, rejoignant ainsi la pensée du président de l'Institut canadien des économistes de la construction, Jean Paradis.

La première ministre ne semblait toutefois pas prête à imposer une loi spéciale. « Je souhaite que cela se règle sans loi spéciale », a réitéré Mme Marois en point de presse vendredi. « Si on a réussi à s'entendre dans le domaine résidentiel, du génie civil et des travaux routiers, je crois qu'il est possible de le faire aussi au niveau commercial, industriel et institutionnel », a-t-elle ajouté.

Le dernier bastion

Les travailleurs de la construction du secteur résidentiel sont, quant à eux, retournés sur les chantiers mercredi matin, après la conclusion d'une entente de principe, mardi après-midi, dans ce secteur qui embauche plus de 57 000 salariés dans la province.

Avec les 41 000 travailleurs de la voirie et du génie civil rentrés au travail mardi dernier à la suite d'une entente conclue avec leur employeur, la moitié des travailleurs de la construction sont maintenant sortis du conflit de travail.

Les négociations achopperaient plus sur les conditions de travail - notamment le travail à temps simple le samedi - que sur la question salariale. C'est d'ailleurs la principale cause du conflit de travail, selon Jean Paradis. Ce dernier estime que ce qui a conduit au présent conflit dans le milieu de la construction réside dans la nature des négociations.

M. Paradis souligne que les conventions collectives se sont réglées essentiellement avec des augmentations salariales par les années passées. « Cette fois-ci, je pense que l'Association de la construction du Québec a tenté de toucher de gros acquis dans le domaine des conventions collectives, explique M. Paradis. Ils ont tenté de simplifier les conventions collectives et de donner plus de flexibilité aux entrepreneurs. C'est ce qui a probablement provoqué la réaction syndicale. »

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