Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Zachary Fucale : la maturité incarnée

Zachary Fucale : la maturité incarnée

Interviewer un joueur d'âge junior n'est pas toujours évident. Certains jeunes de 18 ans peuvent être intimidés - peut-on les blâmer? - par leur premier barrage de questions devant les caméras.

Un texte de Guillaume Lefrançois

Avec Zachary Fucale, c'est une autre histoire. Il fallait le voir au camp d'évaluation du Canadien au début du mois, aucunement intimidé par la dizaine de journalistes. Le gardien des Mooseheads d'Halifax répondait aux questions généreusement, mais aussi dans un français impeccable.

« C'était important pour moi, pour mes parents, que je sois bon à l'école, de travailler fort à l'école, explique Fucale, meilleur espoir devant le filet en Amérique du Nord selon la Centrale de recrutement de la Ligue nationale. Ça m'a aidé en tant que personne. Je suis qui je suis à cause de mes parents, de ce qu'ils m'ont donné quand j'étais plus jeune. »

« Zachary est très intelligent et mature, ajoute son entraîneur-chef, Dominique Ducharme. Tu t'assis avec lui, ce n'est pas un jeune de 17 ans. Tu penses parler à un jeune de 20 ans, on l'a vite réalisé. Les gens se demandent comment il a fait pour connaître autant de succès à 16 ans et vivre avec la pression d'un numéro 1. Ce n'est pas un jeune de 17 ans normal. »

« Et même dans le jeu, il a un sens du hockey très développé. Il apprend très rapidement, il peut pratiquer quelque chose pendant deux entraînements et l'appliquer rapidement en matchs. C'est très rare. »

Le parcours de Fucale est effectivement prodigieux. En 2011-2012, à seulement 16 ans, il a aidé les Mooseheads à atteindre la demi-finale de la LHJMQ. La saison dernière, il était partie intégrante d'une équipe qui a tout détruit sur son passage et a affiché un dossier de 45-5-3 en saison, de 16-1 en séries, et a conclu ce parcours par une conquête de la Coupe Memorial.

Et pour ceux qui associent ses succès à la présence des attaquants Nathan MacKinnon et Jonathan Drouin, on peut rappeler que son efficacité de ,909 était le 3e du circuit Courteau.

En fait, si les deux meilleurs attaquants juniors du continent l'ont aidé, c'est d'une autre façon...

« Jonathan, Nathan et même Martin (Frk, choix de deuxième tour des Red Wings en 2012), il y avait plusieurs très bons tireurs. En tant que gardien, ça ne peut pas être mauvais de jouer avec des gars comme ça. Chaque jour, je recevais de bons lancers, on se faisait des petits défis. »

Un moulin à paroles... partout!

C'est donc à un athlète en verve qu'on a droit quand on parle à Fucale. Et le jeune homme d'origine italienne demeure la même personne lorsqu'il enfile ses jambières.

« C'est rare qu'on voit ça d'un gardien, mais quand les joueurs sont en ligne dans le corridor avant de sauter sur la patinoire, que ce soit un match d'octobre ou de la Coupe Memorial, c'est un des gars les plus vocaux, tu l'entends. Souvent, les gardiens se bâtissent une bulle pour ne pas être dérangés », raconte Ducharme.

« Quand j'étais plus jeune, je voulais essayer des choses, explique Fucale. En tant que gardien, tu y vas par essai-erreur, tu tentes de nouvelles techniques. J'ai essayé d'être réservé, de ne pas parler, mais ça ne cadrait pas avec ma personne. Ça varie pour chaque joueur. Sur la glace, je suis vocal, je parle, je crie, j'encourage. J'ai peut-être l'air calme, en contrôle, parce que je ne bouge pas pour rien, mais je suis très actif!

« Durant le match, je me fais un play by play dans ma tête. Pour un gardien, un match, c'est un monologue avec soi-même pendant 60 minutes. C'est juste que moi, je le dis à haute voix au lieu de le garder en dedans. »

Filière québécoise à Newark?

Fucale a certes grandi en regardant jouer le Canadien, mais il faut chercher plus loin pour trouver son idole. Doit-on rappeler que pour un garçon né en 1995, la durée de vie des gardiens numéro 1 (José Théodore, Cristobal Huet, Jaroslav Halak) ressemblait pratiquement à celle des entraîneurs?

Aujourd'hui, Fucale nomme Henrik Lundqvist et Carey Price parmi les gardiens qui l'inspirent, mais sa première idole jouait loin de Montréal.

« Plus jeune, c'était Martin Brodeur. Il venait de gagner la Coupe Stanley, et un de mes entraîneurs m'a trouvé un masque peinturé comme celui de Brodeur. Je l'ai eu à 8 ou 9 ans et je l'ai porté pendant 5-6 ans! »

Heureux hasard, Brodeur et son adjoint, Johan Hedberg, totalisent pratiquement l'âge de Red Fisher, et il serait surprenant que Jeff Frazee et Keith Kinkaid soient les gardiens des 15 prochaines années. Se verrait-il marcher dans les traces de son idole?

« J'ai rencontré les Devils en entrevue, ils m'ont dit : il y a 10 ans, on cherchait de la relève, on croyait que la carrière de Martin achevait. On s'est dit la même chose il y a cinq ans. Je pense qu'ils vont juste attendre qu'il prenne sa retraite pour vrai! »

Zachary Fucale en rafale

  • Équipe en 2012-2013: Mooseheads d'Halifax
  • Fiche : 45-5-3, 2 jeux blancs, 2,35, ,909
  • Classement : 1er gardien nord-américain selon la Centrale de recrutement de la LNH (1er à la mi-saison)
  • Taille : 1,85 m (6 pi 1 po)
  • Poids : 82 kg (181 lb)
  • Numéro : 31 (« C'est le numéro qu'on m'a donné dans le midget AAA. Je n'y suis pas particulièrement attaché. »)
Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.