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L'armée pakistanaise change son fusil d'épaule sur la question afghane

L'armée pakistanaise change son fusil d'épaule sur la question afghane

La puissante armée pakistanaise a joué un rôle crucial pour convaincre les talibans afghans d'ouvrir des discussions au Qatar avec les États-Unis, qui l'ont pourtant longtemps accusée de faire obstacle à la paix dans la région.

Les responsables occidentaux expliquent ce revirement du Pakistan par un nouveau calcul d'Islamabad.

Après avoir soutenu pendant des années les talibans, tout en étant l'allié des États-Unis, afin de garder le contrôle de l'Afghanistan et l'empêcher de tomber sous la coupe de l'Inde, son ennemi juré, le Pakistan estimerait aujourd'hui qu'il est dans son intérêt de faire émerger à Kaboul un gouvernement ami capable de stabiliser le pays et de prévenir une situation chaotique susceptible de déborder sur son territoire.

Plusieurs responsables militaires et civils pakistanais confient qu'Islamabad a contribué à persuader les « commandants talibans concernés » de parler aux Américains et aux Afghans.

« Cela n'aurait pas été possible sans notre intermédiaire », affirme un haut gradé.

Une réunion s'est révélée particulièrement décisive, en avril à Bruxelles, entre le secrétaire d'État américain, John Kerry, le président afghan, Hamid Karzaï, et le chef de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani.

Islamabad a également aidé à convaincre des chefs talibans de participer à des réunions secrètes avec des représentants de Kaboul en Europe ces derniers mois, ajoute le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

L'Inde en arrière-plan

Le mouvement des talibans a vu le jour dans les camps de réfugiés afghans au Pakistan durant l'occupation soviétique de l'Afghanistan (1979-1989). En 1996, les « étudiants en religion » s'emparent du pays et de Kaboul, avec le soutien de l'armée pakistanaise et de ses renseignements militaires, l'ISI.

Après les attentats du 11 septembre 2001, sous la pression de Washington, le général-président Pervez Musharraf prend officiellement ses distances avec les talibans et forge une alliance avec les États-Unis dans la guerre contre le terrorisme lancée par George W. Bush.

Mais pas plus tard que l'an dernier, les États-Unis ont encore accusé les talibans, et le groupe Haqqani qui lui est lié, d'être appuyés par le Pakistan et l'ISI.

« On a pu douter de leur soutien par le passé, mais ces derniers mois, je pense qu'on a vu des preuves de leur sincérité », dit un haut responsable américain à propos d'Islamabad.

Les officiers de l'armée pakistanaise disent vouloir un accord en Afghanistan pour éviter que la situation échappe à tout contrôle après le retrait, déjà bien engagé, des troupes de combat américaines et alliées à la fin 2014.

Le gouvernement d'Hamid Karzaï, qui entretient des relations étroites avec l'Inde, reste cependant très méfiant, persuadé que le Pakistan ne coopère que dans le but d'apaiser les Occidentaux et qu'il continuera de soutenir les talibans, voire de chercher à imposer ses vues à Kaboul.

Islamabad ne cesse de répéter qu'il restera neutre dans d'éventuels pourparlers de paix.

Les responsables du gouvernement soulignent que le Pakistan ne souhaite pas s'asseoir à la table des négociations, et que de tels pourparlers doivent être « la propriété des Afghans, dirigés par des Afghans ».

« Le Pakistan fera tout pour soutenir ce processus », déclare le colonel Abid Askari, porte-parole des forces armées. Avant d'ajouter : « Nous ne voulons pas qu'une région ou un pays, y compris le Pakistan, impose une solution ».

Reuters

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