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Pina Bausch au Théâtre de la Ville: une histoire d'amour de 34 ans

Pina Bausch au Théâtre de la Ville: une histoire d'amour de 34 ans

Quatre ans après la mort de Pina Bausch, l'histoire d'amour de la chorégraphe allemande avec le Théâtre de la Ville et le public parisien continue: on refuse du monde tous les soirs pour "Kontakthof", une pièce de 1978, montrée jusqu'au 21 juin.

La compagnie, qui fêtera l'an prochain ses 40 ans, a réussi à maintenir la flamme: tous les ans, sa venue à Paris est un événement. Certains font la queue à 6h du matin pour avoir une place, d'autres, les yeux suppliants, cherchent le précieux sésame le soir même devant le théâtre.

Cette année, le Tanztheater Wuppertal est venu deux fois à Paris: la compagnie a donné la version mythique de Pina Bausch du "Sacre du printemps" au Théâtre des Champs-Elysées, pour le centenaire du fameux ballet de Nijinski et de la partition de Stravinsky, et joue actuellement au Théâtre de la ville "Kontakthof", une pièce de légende de 1978.

Une salle de bal, 12 danseurs femmes, 12 hommes. Pendant près de 3 heures, ils vont se côtoyer, s'affronter, se caresser, se mordre, errer seuls ou en groupe, tout à tour empruntés, ridicules, pathétiques. Un petit film projeté en deuxième partie sur la reproduction des canards (!) renforce le propos: décidément, la séduction est bien maladroite chez l'homme!

La pièce a une histoire particulière, puisqu'elle a été reprise une première fois par Pina Bausch pour des personnes de plus de 65 ans, puis une deuxième fois, peu avant sa mort, pour des adolescents.

"On a vieilli ensemble"

Dans la compagnie, certains danseurs ont vécu toute l'histoire, ils ont maintenant plus de 50 ans, d'autres sont de nouveaux venus. Tous viennent au Théâtre de la Ville comme dans une seconde maison.

Le Tanztheater Wuppertal est venu pour la première fois en 1979 et est invité tous les ans depuis 1985. "Quand ils viennent, c'est comme si c'était la famille", raconte Anne-Marie Bigorne, secrétaire générale du Théâtre de la Ville. "Aucune compagnie n'investit le lieu comme eux. On a vieilli ensemble, on a vu naître les bébés, on a connu les enfants en poussette, on fêtait les anniversaires".

Les danseurs, choisis par Pina pour leur technique mais aussi pour leur personnalité et leur jeu d'acteur, sont aussi comédiens. Le "théâtre dansé" (Tanztheater) de Pina Bausch a révolutionné la danse contemporaine. "Il y a eu un avant, et un après Pina", souligne Anne-Marie Bigorne. "Le Théâtre de la Ville a eu la chance de croiser la route d'une reine".

A l'approche du 40e anniversaire, la compagnie s'interroge sur l'avenir. La troupe de 30 danseurs est vieillissante, il faudrait embaucher des jeunes pour certaines pièces très physiques comme "Le Sacre", et la ville de Wuppertal tire la langue sur le plan financier.

Le duo de fidèles qui avait pris le relais à la mort de Pina, Dominique Mercy et Robert Sturm, a demandé à être remplacé. Lutz Förster, engagé par Pina en 1975 pour "Le Sacre du Printemps", a repris la main.

Dans un entretien au Figaro.fr, il dit réfléchir à des changements: donner des spectacles en collaboration avec d'autre théâtres, autoriser d'autres compagnies à monter des pièces de Pina Bausch.

La chorégraphe n'a confié qu'une seule fois ses oeuvres à une compagnie de répertoire, et là encore, c'était à Paris: le Ballet de l'Opéra de Paris a inscrit à son répertoire en 1997 son "Sacre du Printemps", puis "Orphée et Eurydice" en 2005.

Enfin, Lutz Förster envisage de "créer des choses nouvelles", ce qui veut dire faire venir un chorégraphe, une petite révolution. "J'ai un désir", dit-il, "retrouver l'esprit de courage qu'avait Pina à ses débuts. Trouver quelqu'un qui ose initier quelque chose".

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