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Armes chimiques en Syrie : la Russie n'est pas convaincue

Armes chimiques en Syrie : la Russie n'est pas convaincue
AP

Au lendemain des accusations lancées par la Maison-Blanche sur l'utilisation d'armes chimiques par les forces gouvernementales en Syrie, Moscou dit trouver les preuves détenues par Washington « peu convaincantes ». En vue de la conférence de paix de Genève II, la Russie estime toujours qu'une aide militaire aux rebelles nuirait aux pourparlers.

Le conseiller diplomatique du président russe Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, a précisé que les Russes avaient vu les preuves avancées par les États-Unis et qu'ils étaient peu impressionnés.

Par ailleurs, après avoir annoncé jeudi une « assistance médicale directe », la Maison-Blanche promet maintenant une aide militaire aux rebelles syriens, une proposition aussitôt désapprouvée par la Russie et le secrétaire général des Nations unies.

La Coalition syrienne a indiqué qu'elle accueillait favorablement l'annonce américaine en soulignant que cette aide devrait être « stratégique et décisive pour mettre un terme à la violence et parvenir à une transition politique ».

L'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Susan Rice, a livré une réponse plus nuancée à propos de l'aide militaire en répondant aux questions des journalistes. Évitant de parler de livraison d'armes, Mme Rice a indiqué que la Maison-Blanche avait décidé d'« accroître » son aide à l'opposition syrienne, sans plus de précision.

À une question sur l'éventualité d'une zone d'exclusion, Susan Rice a fait valoir qu'une telle opération présenterait des « inconvénients et des limites ». Elle a toutefois rappelé que cette option demeurait sur la table et qu'aucune décision n'avait encore été prise.

Ban Ki-moon a réitéré vendredi qu'il ne peut y avoir de solution militaire à un conflit qui dure depuis plus de deux ans. Accroître le flot d'armes qui entre dans le pays, quel que soit le camp à qui elles sont destinées, « ne pourra pas aider ».

M. Ouchakov, pour sa part, affirme que l'annonce de Washington n'incitera pas la Russie à procéder à ses livraisons de missiles S-300 à la Syrie. En 2010, un contrat aurait été signé entre Damas et Moscou confirmant la livraison de quatre batteries, six lanceurs et 144 missiles d'une portée de 200 km au régime de Bachar Al-Assad. Cependant, le contrat n'a pas encore été honoré.

« Nous ne sommes pas en compétition sur la Syrie », a-t-il assuré.

Après la Grande-Bretagne et la France, c'est au tour des États-Unis de confirmer l'utilisation d'armes chimiques, dont du gaz sarin, par les forces gouvernementales syriennes.

En visite à Paris, le premier ministre canadien Stephen Harper s'est dit lui aussi convaincu que le régime de Bachar Al-Assad a eu recours à ce type d'armes.

Aux dires de Damas, les preuves américaines sont un « chapelet de mensonges » fabriqué par Washington.

Al-Assad sous pression

Pendant ce temps, Ban Ki-moon refuse lui aussi d'affirmer que des armes chimiques ont été utilisées en territoire syrien tant qu'il n'y a pas eu d'enquête terrain.

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a demandé vendredi aux autorités syriennes de laisser les Nations unies enquêter sur le terrain concernant l'usage d'armes chimiques, une demande à laquelle le régime Al-Assad a toujours répondu par la négative depuis le début de la guerre civile, en mars 2011.

L'OTAN s'est jusqu'à maintenant contenter de déployer des batteries de missiles antimissiles en Turquie.

Pour l'Union européenne, l'annonce des États-Unis jeudi rend « encore plus important » l'envoi d'une mission de vérification de l'ONU.

« Nous devons aussi exercer une pression y compris sur le plan militaire », a rappelé vendredi le président français François Hollande.

Les États-Unis, quant à eux, envisageraient maintenant d'établir une zone d'exclusion aérienne à la frontière de la Jordanie pour venir en aide aux rebelles, selon deux diplomates occidentaux cités par Reuters.

Qousseir toujours aux mains du régime Assad

La promesse américaine de livrer des armes aux rebelles est accueillie avec scepticisme par certains, qui doutent de la véritable volonté des États-Unis dans ce dossier. Mais pour un membre du Conseil du commandement suprême de l'insurrection, Kassem Saadedine, la décision de la Maison-Blanche est « très courageuse ».

Cette annonce des États-Unis survient alors que des pressions tant intérieures qu'étrangères se multipliaient en faveur d'un soutien aux insurgés, qui ont subi de graves revers récemment, notamment la chute de Quousseir.

Reprise le 5 juin par les forces régulières syriennes appuyées par des combattants du Hezbollah libanais et par l'Iran, cette ville, située entre la frontière libanaise et Homs, était stratégique pour le réapprovisionnement des troupes insurgées.

Les villes de Homs et d'Alep, plus au nord, semblent aujourd'hui dans le viseur des forces gouvernementales.

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