Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Surveillance électronique aux États-Unis: l'auteur de la fuite est introuvable

Surveillance électronique aux États-Unis: l'auteur de la fuite est introuvable
HONG KONG - 2013: In this handout photo provided by The Guardian, Edward Snowden speaks during an interview in Hong Kong. Snowden, a 29-year-old former technical assistant for the CIA, revealed details of top-secret surveillance conducted by the United States' National Security Agency regarding telecom data. (Photo by The Guardian via Getty Images)
Getty
HONG KONG - 2013: In this handout photo provided by The Guardian, Edward Snowden speaks during an interview in Hong Kong. Snowden, a 29-year-old former technical assistant for the CIA, revealed details of top-secret surveillance conducted by the United States' National Security Agency regarding telecom data. (Photo by The Guardian via Getty Images)

L'ancien technicien de la CIA Edward Snowden, qui a révélé dimanche être à l'origine de fuites ayant permis à la presse de dévoiler l'existence d'un vaste programme de surveillance des communications aux États-Unis, était introuvable lundi.

Le personnel du luxueux hôtel de Hong Kong, dans lequel l'informaticien de 29 ans s'était réfugié, a indiqué que ce dernier avait rendu sa clé à midi.

Ewen MacAskill, journaliste du Guardian, l'un des deux journaux qui ont bénéficié des fuites organisées par l'informaticien, a déclaré que Snowden se trouvait toujours à Hong Kong.

« Il n'avait pas de projet. Il avait réfléchi dans le détail à la manière d'organiser la fuite des documents, puis il a décidé de sortir de son anonymat. Mais la suite de son plan est toujours demeurée vague. » — Ewen MacAskill, journaliste du Guardian

Le département américain de la Justice a confirmé l'ouverture d'une enquête criminelle visant Edward Snowden, qui avait travaillé pendant quatre ans comme sous-traitant pour l'Agence de sécurité nationale (National Security Agency, NSA).

L'informaticien a transmis au Guardian et au Washington Post des éléments prouvant l'existence d'un programme hautement confidentiel baptisé PRISM et visant à la surveillance de tous les Américains.

Les deux quotidiens ont publié la semaine passée ces informations ultraconfidentielles provenant de la NSA. Elles expliquent comment l'une des principales agences américaines du renseignement a recueilli quantité de données téléphoniques et numériques provenant de compagnies telles que Verizon, Google, Apple et Facebook.

La révélation du programme PRISM a suscité un vif débat aux États-Unis et à l'étranger sur les pouvoirs de la NSA, qui a fortement accru ses programmes de surveillance depuis les attentats du 11 septembre 2001. Les autorités américaines affirment qu'elle opère dans les limites de la loi.

Plusieurs parlementaires américains ont réclamé l'extradition et l'inculpation de Snowden. Les élus devraient être informés des derniers développements de l'affaire mardi.

« Si quelqu'un enfreint la loi en diffusant des informations confidentielles en dehors des procédures légales, il est certain que cette personne doit être poursuivie avec toute la rigueur de la loi », a dit Eric Cantor, numéro 2 du Parti républicain à la Chambre des représentants.

Une pétition en faveur de Snowden, lancée dimanche sur Internet par un habitant de Rochester, dans l'État de New York, avait recueilli plus de 22 000 signatures électroniques lundi après-midi. Cette pétition présente l'informaticien comme un « héros national ».

Le précédent Bradley Manning

Dans une entrevue diffusée sur le site du Guardian, Edward Snowden dit avoir longuement mûri son choix, mais explique ne pouvoir « vivre dans une société qui fait ce genre de choses ». Il dit aussi être un déçu de Barack Obama, à qui il reproche d'avoir poursuivi les politiques mises en oeuvre par son prédécesseur, George Bush, en matière de surveillance de la vie privée.

« Je ne veux pas vivre dans un monde où tout ce que je fais ou dis est enregistré », dit-il dans cette entrevue filmée dans son hôtel de Hong Kong.

« La NSA s'est dotée d'une infrastructure qui lui permet d'intercepter tout ou presque. Du fait de cette capacité, les communications humaines sont dans leur vaste majorité automatiquement absorbées sans filtre. Si je voulais lire vos courriels ou voir le numéro de téléphone de votre femme, je n'avais qu'à utiliser les interceptions. Je peux avoir accès à vos courriels, vos mots de passe, vos enregistrements téléphoniques, vos cartes de crédit », affirme-t-il.

En fournissant ces données confidentielles à la presse, Snowden dit n'avoir poursuivi qu'un seul but : « informer le peuple sur ce qui a été fait en son nom et ce qui est fait contre lui ».

« J'ai conscience qu'on va me faire souffrir pour mes actions », ajoute-t-il dans une note qui accompagne les documents qu'il a fournis au journal.

Le Guardian rappelle le cas de Bradley Manning, le soldat américain actuellement jugé en cour martiale pour avoir communiqué en 2010 au site WikiLeaks quelque 700 000 notes confidentielles de l'administration américaine.

« Ma première crainte est qu'ils s'en prennent à ma famille, à mes amis, à mon amie. Toutes les personnes avec qui je suis en relation », ajoute Snowden, qui s'est envolé pour Hong Kong le 20 mai sans prévenir sa petite amie.

« Envoyer un message au gouvernement »

Selon le Guardian, Edward Snowden a travaillé à la NSA pendant quatre ans comme représentant de sociétés extérieures telles que Booz Allen Hamilton et Dell. Booz Allen Hamilton a confirmé l'employer depuis moins de trois mois et promis de coopérer à toute enquête. Dell n'a fait aucune déclaration.

Il y a trois semaines, il a copié les documents secrets au bureau de la NSA d'Hawaï, où il travaillait, et a demandé à son supérieur un congé pour un traitement contre l'épilepsie, raconte le quotidien britannique.

Interrogé sur ses motivations, Snowden, qui percevait un salaire annuel de 200 000 $, répond : « Je voulais sacrifier tout ça parce que je ne pouvais pas, en bonne conscience, permettre au gouvernement américain de détruire la vie privée, la liberté d'Internet et les libertés fondamentales des peuples partout dans le monde avec cette machine de surveillance massive qu'il construit secrètement ».

« Il est important d'envoyer un message au gouvernement, que les gens ne seront pas intimidés », a-t-il dit au Washington Post.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.