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Les Amis de la montagne craignent le retour du « privé »

Les Amis de la montagne craignent le retour du « privé »

Un sommet sur l'avenir du mont Royal a réuni quelque 150 personnes vendredi à l'École polytechnique de l'Université de Montréal. L'avenir de la montagne en inquiète plusieurs, car près de 60 % de son territoire est occupé par des institutions publiques qui déménageront bientôt, comme l'Hôtel-Dieu, l'hôpital Royal Victoria et celui des Schriners.

Certains craignent une privatisation de la montagne si les immeubles de ces institutions sont remplacés par des condominiums.

« Le scénario idéal, c'est qu'on puisse préserver le patrimoine qui est là et garder ces propriétés accessibles au grand public », explique la directrice générale des Amis de la Montagne, Sylvie Guilbault. Le Mont Royal est à un tournant de son histoire, et 11 ans après le dernier sommet, les discussions s'imposent.

« C'est urgent. C'est urgent et ce qu'on souhaite avec le sommet, c'est qu'on passe à l'action maintenant », ajoute Mme Guilbeault.

Avec la construction de deux nouveaux mégahôpitaux universitaires, certains établissements de soins de santé vont bientôt déserter. À flanc de montagne, l'immense hôpital Royal Victoria, vieux de 120 ans, sera délaissé à partir de 2015. L'Université McGill est intéressée.

« Il s'agit d'une opportunité qu'on va regarder très attentivement », confirme le porte-parole de l'université, Olivier Marcil.

Le problème, c'est le coût des rénovations. « C'est un vieil édifice, il est vétuste. Il n'est pas adapté pour les salles de classe ni pour accueillir des espaces de recherche. Il y a donc une évaluation très précise à faire. On pourra ensuite décider si on passe à une autre étape », ajoute le porte-parole.

Or, le Royal Victoria n'est pas la seule institution dont l'avenir est incertain. L'hôpital Shriners déménagera aussi au nouveau centre hospitalier anglophone, le Centre hospitalier de l'Université McGill (CUSM).

Au pied de la montagne, l'Hôtel-Dieu, autre édifice historique, sera abandonné lors du transfert au nouveau CHUM.

« La plus grande peur c'est que ça reste abandonné, reprend Sylvie Guilbeault. Ce serait vraiment très mauvais pour tout le monde. Des terrains d'une si grande beauté au coeur de Montréal... », se désole-t-elle.

Le ministre responsable de la métropole, Jean-François Lisée, se fait rassurant. « Il existe un comité interministériel qui se penche sur cette question et nous voulons avoir une vision d'ensemble des choses », affirme-t-il.

Dans Westmount, l'ancien collège Marianopolis s'est transformé en condos de luxe.

Le professeur Jean-Claude Marson s'inquiète particulièrement pour le pavillon 1420 Mont Royal de l'Université de Montréal qui pourrait devenir un espace de condos.

« Vous savez que le Mont Royal est devenu public parce qu'on a acheté le privé pour faire un parc et là on est en train de vendre le public au privé ».

« Pour que ce soit des maisons, des condos, faut changer le zonage. Donc on a plein pouvoir là-dessus. Moi, personnellement, je souhaite pas qu'il y ait des condos », poursuit Josée Duplessis, membre du comité exécutif responsable du développement durable, de l'environnement, des grands parcs et des espaces verts.

Le doyen de la Faculté d'aménagement de l'Université de Montréal, Giovanni De Paoli, s'inquiète de la privatisation de ces institutions. « Ce qui m'inquiète le plus, c'est que ces bâtiments-là, qui étaient des hôpitaux, qui étaient des lieux publics, deviennent des lieux privés, des condos », redoute-t-il.

Paradoxalement, l'Université de Montréal souhaitait vendre un ancien couvent dans l'arrondissement d'Outremont à un entrepreneur qui l'aurait transformé en condos. La vente a finalement été annulée pour des raisons judiciaires, mais l'édifice historique pourrait être remis en vente. Ces travaux de remise aux normes sont estimés à 150 millions de dollars.

« Une partie de mon coeur dit "c'est une richesse patrimoniale" et puis une autre dit "comment je fais pour permettre à ce pavillon d'exister et de pouvoir servir?" Le choix de l'université, c'est de s'en défaire parce qu'on ne peut pas l'utiliser. On n'a pas les moyens », explique-t-il.

Le site patrimonial du mont Royal totalise10 kilomètres carrés, dont 60 % sont occupés par des institutions qui offrent un accès public et occupent des bâtiments historiques.

Avec les reportages de Jean-Sébastien Cloutier et Thomas Gerbet

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