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Turquie: les partisans de clubs rivaux s'unissent contre le gouvernement

Turquie: les partisans de clubs rivaux s'unissent contre le gouvernement
puntaone sur Twitter

INTERNATIONAL - Mi-mai, un partisan de Fenerbahce était poignardé à mort en pleine rue par deux fans de Galatasaray. La haine que se vouent les fans des différents clubs turcs est légendaire. Trois semaines plus tard, les supporteurs des deux clubs se sont retrouvés sur la place Taksim d'Istanbul pour réclamer la démission du gouvernement turc. Plusieurs milliers de supporteurs des clubs de football stambouliotes ont manifesté ensemble mardi 4 juin, au cinquième jour du mouvement de protestation en Turquie.

Des défilés communs exceptionnels pour les supporters du Besiktas, de Fenerbahce et de Galatasaray, trois clubs rivaux qui se vouent une haine farouche.

Regardez les images diffusées par Euronews:

"Nous nous battons ensemble, ce n'est pas que le Besiktas. Il y a Fenerbahce, Galatasaray, Bursaspor (à Bursa, ndlr), Karsiyaka (à Izmir, ndlr). C'est la Turquie qui se bat, pas seulement Besiktas", a expliqué Gokben, une supportrice de Besiktas âgée de 35 ans, citée par l'AFP. "C'est vraiment incroyable. Il y a des supporteurs de différentes équipes, pour la Turquie", a ajouté Levent Kara, un étudiant de 24 ans.

Une photographie publiée dans l'édition de lundi du quotidien Hurriyet montrait déjà des supporteurs de Fenerbahce et du Galatasaray participant ensemble aux manifestations contre le gouvernement turc, dans une ambiance de soir de match.

Mardi, les supporteurs du Besiktas et de Fenerbahce sont partis ensemble du stade du Besiktas. Comme les manifestants de la place Taksim, ils réclamaient la démission du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Sur les réseaux sociaux, cette soudaine unité inspire les cyber-militants :

"Tayyip, connais-tu Istanbul United ? Depuis le 31 mai 2013", dit la légende

Cet autre manifestant mêle les vêtements des trois club stambouliotes :

Salon de lecture improvisé pour ces supporteurs :

"Il est clair que si les manifestations du parc Gezi n'aboutissent à rien d'autre, elles auront au moins ramené la paix dans le football", écrit un spécialiste sportif dans le journal Radikal, cité par l'hebdomadaire franco-turc Zaman.

Entre les alévis, les kémalistes, les militants d'extrême-gauche, les jeunes, les artistes, et les syndicalistes, les supporters des clubs de football turcs pourraient intégrer la mosaïque de la contestation en Turquie. Selon le journaliste de Radikal, leur influence rappelle celle des supporters des clubs d'Al Ahli et de Zamalek au Caire lors des manifestations sur la place Tahrir en 2011. En Égypte, les tensions ont toutefois vite repris le dessus une fois le soufflet de la révolution retombée.

La rivalité entre Galatasaray et Fenerbahçe repose sur la passion sans borne de leurs supporters et une saine émulation sportive, mais aussi sur des fondements historiques et géographiques, note Zaman. "Galatasaray, sur la rive européenne du Bosphore, représentait plutôt la bourgeoisie, tandis que Fenerbahçe, sur la rive asiatique, était assimilé à un club kémaliste, proche du pouvoir", indique l'hebdomadaire.

Une rivalité illustrée par Eric Cantona dans un documentaire :

Davantage en retrait, Besiktas "ne compte pas d'ennemis en ville, indique So Foot, mais les supporteurs du club pèsent très lourd au sein du club". "Les fans du Besiktas s'identifient beaucoup aux Ottomans, indique au magazine Metin Gülmen, rédacteur en chef de gazetefutbol.de, portail référence du football turc en langue allemande. Pour eux, ce qui compte, ce sont les intérêts de la Turquie. Ils n'ont que faire des querelles entre Galatasaray et Fenerbahçe. Bien sûr, il y a une rivalité, mais ça ne va pas jusqu'à la haine, comme c'est le cas entre les deux autres clubs."

Mercredi, des milliers de manifestants ont à nouveau scandé des slogans hostiles au Premier ministre mercredi soir, malgré l'appel au calme et les excuses lancé à la mi-journée par le vice-Premier ministre Bülent Arinç.

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