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Kirghizistan : violentes manifestations contre une mine exploitée par des Canadiens

Kirghizistan : violentes manifestations contre une mine exploitée par des Canadiens

Au Kirghizistan, le gouvernement a déclaré l'état d'urgence dans un district du pays, après deux jours de violentes manifestations aux abords d'une mine exploitée par une compagnie canadienne.

Depuis jeudi, plusieurs centaines de personnes manifestent pour réclamer la nationalisation de la mine Kumtor, l'un des piliers de l'économie du pays d'Asie centrale. Elles ont notamment réussi à couper l'alimentation en électricité de la mine pendant quelques heures durant la nuit dernière.

L'entreprise, dont le siège social est situé à Toronto, confirme que ses activités sont suspendues sur son site de Kumtor en raison des manifestations. Elle soutient, dans un communiqué émis jeudi, collaborer avec les autorités kirghizes afin de trouver « une solution pacifique à la situation ».

Les forces de l'ordre sont intervenues jeudi, et elles ont repoussé les manifestants à l'aide de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes. Le dernier bilan des autorités kirghizes fait état de 55 blessés au cours des affrontements, dont 13 membres des forces de l'ordre, qui ont, par ailleurs, arrêté 72 personnes.

Le président du pays, Atambaïev, a déclaré que les organisateurs des manifestations seraient sévèrement punis. « Nous ne permettrons pas et ne les laisserons pas ruiner et enterrer le pays », a-t-il ajouté.

Le premier ministre Jantoro Satybaldiev a pour sa part jugé que les troubles étaient organisés par « des ennemis du Kirghizistan ».

Malgré l'intervention des forces de l'ordre, des centaines de personnes sont retournées sur les lieux vendredi. Elles demandent à présent la libération d'une centaine de personnes arrêtées la veille.

L'état d'urgence implique l'instauration d'un couvre-feu de 21 h à 6 h. Il sera en vigueur jusqu'au 10 juin. Le ministère de l'Intérieur est également autorisé à mettre en place des mesures exceptionnelles pour rétablir l'ordre.

Le vice-premier ministre a indiqué que 72 nouvelles personnes avaient été arrêtées vendredi. Six manifestants et 15 policiers ont également été blessés et ont été transportés à l'hôpital.

Revendications multiples

Les manifestants demandent la nationalisation de la mine Kumtor, aux mains de la minière canadienne Centerra Gold depuis 1997. Les revenus de la mine représentent plus de 10 % de l'économie kirghize.

Ils estiment que la mine a été privatisée par les précédents présidents Askar Akaïev et Kourmanbek Bakïev, qui ont été expulsés de leur poste par des soulèvements populaires en raison de soupçons de corruption.

La mine Kumtor constitue le plus important investissement étranger du pays. Centerra Gold a envoyé une lettre au gouvernement pour lui rappeler qu'elle avait payé plus d'un milliard de dollars de taxes locales et participait à l'éducation des enfants de la région.

Dans les derniers mois, la mine a également été ciblée par les manifestants qui s'inquiètent de son impact sur l'écosystème de la région. En décembre dernier, le Kirghizistan a d'ailleurs imposé une amende de 152 millions de dollars à Centerra Gold pour les dommages environnementaux causés par l'exploitation minière.

Des travailleurs saskatchewanais dans la mine

Par ailleurs, deux techniciens en électricité de Saskatoon sont dans la mine Kumtor.

La petite amie de Michael Holland affirme qu'il travaillait dans la mine depuis trois semaines et qu'il devait être de retour en Saskatchewan jeudi. Lori Kindrachuk soutient qu'elle est en contact avec son copain par Facebook.

Michael Holland a affirmé à sa copine être en sécurité, et que des mesures de sécurité ont été mises en place dans le cas où la situation dégénère. Il n'est toutefois pas possible pour l'instant de savoir quand ou comment les deux hommes de Saskatoon pourront sortir de la mine.

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