Après douze jours de fête, parfois sous la pluie et face au vent, le jury du 66e Festival de Cannes, emmené par Steven Spielberg, en rendu son verdict dimanche 26 mai. Le sacre de "La Vie d'Adèle" a mis un point final à un palmarès solide certes mais rarement surprenant.
Un palmarès attendu
Le cru 2013 du Festival de Cannes n'a que rarement surpris. Donné favori, "La Vie d'Adèle" a logiquement soulevé la Palme d'or. Histoire d'amour enflammée entre deux adolescentes, le film d'Abdellatif Kechiche permet à la France de glaner son cinquième prix suprême, six ans après "Entre les murs" de Laurent Cantet.
Détenteurs de la Palme d'or 1991 et de trois Prix de la mise en scène, les frères Coen ont encore démontré leur maestria cannoise. Ils ont ajouté le Grand Prix à leur palmarès pour "Inside Llewyn Davis", retour nostalgique sur la contestation folk des années 1960 au Greenwich Village de New York.
Côté interprétations, Bérénice Bejo a décroché le trophée féminin pour sa prestation sensible dans "Le Passé" d'Asghar Farhadi. La Française a finalement triomphé de sa principale concurrente, et compatriote, Marion Cotillard, appréciée dans "The Immigrant" de James Gray. Chez les hommes, Bruce Dern, 76 ans, succède à Mads Mikkelsen pour le Prix d'interprétation masculine. Sa prestation dans "Nebraska" a été préférée à celles de Michael Douglas ("Ma vie avec Liberace") et Toni Servillo ("La Grande Bellezza").
Une surprise mexicaine
La surprise du palmarès 2013 vient sans conteste du sacre d'Amat Escalante, décoré du Prix de la mise en scène pour "Heli". Le cinéaste lui-même ne s'attendait visiblement pas à ce trophée reçu pour son troisième long métrage, plongée âpre et sans fard aucun dans la violence des narcotrafiquants qui gangrènent le Mexique.
Le grand perdant du 66e Festival de Cannes reste sans conteste "La Grande Bellezza". Le retour en Italie de Paolo Sorrentino a fait chou blanc, en dépit d'une mise en scène inspirée et de la performance étincelante de son complice habituel Toni Servillo.
Percée asiatique
Absent du palmarès de la Compétition depuis 2011, le cinéma asiatique a repris des forces en cette 66e édition avec des victoires aussi bien pour des réalisateurs établis que pour de jeunes pousses. En repoussant ses limites, Jia Zhangke a obtenu le Prix du scénario pour "A Touch of Sin". Le Japonais Hirokazu Kore-Eda est reparti, lui, avec le Prix du jury pour son drame paternel sensibles "Tel père, tel fils".
Les nouveaux talents d'Asie n'ont pas été oubliés, avec la Palme d'or du court métrage décerné à "Safe" mis en scène par Moon Byoung-gon, jeune cinéaste coréen âgé de trente ans. La Caméra d'or, qui sacre un premier long métrage, a été remise à Anthony Chen, réalisateur singapourien de 28 ans. Son drame social et en partie autobiographique "Ilo Ilo" avait été présenté dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs.
Le Franco-Cambodgien Rithy Panh a quant à lui obtenu le prix Un Certain Regard, pour le documentaire "L'Image manquante", nouvel opus de son oeuvre témoignage sur les exactions des Khmers rouges en Cambodge dans les années 1970.
Rappel du palmarès du 66e Festival de Cannes :
Longs métrages
Palme d'or
"La Vie d'Adèle" d'Abdellatif Kechiche
Grand Prix
"Inside Llewyn Davis" de Joel et Ethan Coen
Prix de la mise en scène
Amat Escalante pour "Heli"
Prix du jury
"Tel père, tel fils" de Hirokazu Kore-Eda
Prix du scénario
Jia Zhangke pour "A Touch of Sin"
Prix d'interprétation féminine
Bérénice Bejo dans "Le Passé" d'Asghar Farhadi
Prix d'interprétation masculine
Bruce Dern dans "Nebraska" d'Alexander Payne
Caméra d'or
"Ilo Ilo" d'Anthony Chen
Courts métrages
Palme d'or : "Safe" de Moon Byung-gon
Mention spéciale (ex-aequo) : "Le Fjord des baleines" de Gudmundur Arnar Gudmundsson ; "37°4 S" d'Adriano Valerio
jcvh/sbs