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A Cannes, le documentaire est aussi à la fête

A Cannes, le documentaire est aussi à la fête

En plein essor, le documentaire est aussi à la fête au festival de Cannes, que le sujet soit grave comme dans "Le Dernier des Injustes" ou plus léger avec "Seduced and Abandoned", qu'il soit projeté sur grand écran ou présenté au "doc corner" du marché du film.

Preuve de ce succès, les documentaires représentent aujourd'hui 16% des titres présents au marché contre 8% il y a cinq ans, relève pour l'AFP Jérôme Paillard, le patron du marché du film.

Un "doc corner" a même été créé l'an dernier à Cannes pour permettre aux acheteurs et programmateurs de festivals de visionner les documentaires et faciliter les rencontres entre professionnels.

En France, le volume de documentaires l'an dernier a progressé de près de 10%, à un niveau inégalé, selon le Centre national du cinéma (CNC), dopé selon lui par la progression des demandes des nouvelles chaînes de la TNT et de France télévisions.

Mais ce n'est pas la seule explication. M. Paillard pointe des budgets bien "plus faibles que ceux" des fictions, donc des "productions plus faciles à financer".

Pour Luciano Barisone, directeur du festival suisse "Visions du réel", "la fabrication du documentaire est aussi devenue de plus en plus démocratique avec le numérique : des outils légers rendent moins nécessaire de passer par une production hyper structurée".

"Depuis 2001, on vit dans une époque confuse. Je pense qu'il y a un appétit pour des documentaires enrichissants", à l'image de ceux de l'Américain Michael Moore, souligne de son côté Martijn te Pas, qui gère la programmation du festival international du documentaire d'Amsterdam.

Michael Moore avait raflé la Palme d'or du Festival de cannes en 2004 pour "Farenheit 9/11", réquisitoire anti-Bush.

Réseaux sociaux et crowdfunding

Cette année, pas de documentaire en compétition mais une belle présence en sélection officielle avec "Week-end of a Champion" tourné en 1971 par Roman Polanski sur le coureur automobile Jackie Stewart, ou encore l'amusant et corrosif "Seduced and Abandoned", de l'acteur Alec Baldwin et le producteur James Toback, tourné en 2012 dans les coulisses du festival.

Le réalisateur Claude Lanzmann fait plonger les festivaliers dans l'horreur nazie avec "Le Dernier des Injustes" tandis qu'à la Quinzaine des réalisateurs, "L'Escale" de Kaveh Bakhtiari traite de l'immigration...

Pour les professionnels, le documentaire répond à "un attrait du public pour des sujets ancrés dans la réalité", tandis que le format utilise de plus en plus les mêmes ressorts narratifs que les fictions pour gagner de l'audience, en mettant en scène, par exemple, les vrais héros des histoires.

Reste encore également à améliorer la promotion des documentaires, inexistante face au rouleau-compresseur des superproductions. Mais les réseaux sociaux et le crowdfunding (levée de fonds auprès du public) peuvent aujourd'hui y remédier en partie.

"Aujourd'hui contrairement à il y a 15 ans, dès que vous avez un sujet et que vous créez un site dédié, le public peut y adhérer, permettant de construire avec une relation à long terme" sur le documentaire, selon Martijn te Pas.

"Mais ce n'est pas avec le documentaire qu'on devient riche !", prévient-il.

En revanche, souligne Luciano Barisone, "un documentaire peut vraiment gagner sa vie en passant d'un festival à l'autre", dit-il. "Car le vrai réseau de distribution du documentaire est le réseau international des festivals" et non les salles de cinéma. Sauf en Suisse, qui fait figure d'exception, selon lui.

Le documentaire y est même "considéré comme un art majeur" ajoute Elisabeth Garbar, productrice de "L'Escale" et auparavant de "Hiver Nomade", dévoilé à la Berlinale l'an dernier et qui a totalisé 80.000 entrées l'an dernier en Suisse.

da/dab/phc

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