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«Jalousie en couleur» : transformation extrême d'un bidonville (REPORTAGE/PHOTOS)

«Jalousie en couleur»: transformation extrême d'un bidonville (REPORTAGE/PHOTOS)
Marie-Julie Gagnon

En arrivant à Pétion-Ville, banlieue huppée de Port-au-Prince, l’œil est attiré par des bâtiments colorés qui se détachent des montagnes. Le nom de ce quartier qui semble tout droit sorti d’une bande dessinée? Jalousie.

«C’est un hommage à Prefete Duffaut, artiste haïtien majeur qui peignait des villes imaginaires et qui est décédé en 2012», explique Michel Chauvet, président-directeur de l'Agence Citadelle, qui organise des séjours sur-mesure en Haïti depuis 1964. «Nous avons assisté au phénomène de "bidonvillisation" ces dernières années. Des gens de l’extérieur sont venus s’installer dans le morne [montagne]. Pour changer l’image, on leur donne de la peinture.» Les façades de 1010 maisons auront été ainsi repeintes entre janvier et mai.

Au-delà des jolies couleurs, le projet financé par le Fonds Petro Caribe et le trésor public vise à structurer la zone.

Pourquoi «Jalousie», au fait? Plusieurs hypothèses circulent quant à l’appellation du quartier. L’une des plus plausibles est liée aux filles de joie qui occupaient le quartier avant qu’il soit pris d’assaut par les nouveaux arrivants. Ces dernières avaient l’habitude de fermer les jalousies (volets) quand elles recevaient des clients.

Un nouveau site touristique?

Nommée à la mairie en novembre 2012, Yvanka Jolicoeur - née dans le Bas-Saint-Laurent! - voit grand. «Je vais faire de Jalousie un site touristique», déclare-t-elle, retrouvant rapidement l’accent québécois en s’adressant au petit groupe de journalistes invité à découvrir les nouveaux forfaits touristiques de Vacances Transat.

Développer le poorism («tourisme de pauvreté»), comme en Inde ou au Brésil? «Pas du tout!» se défend-elle. «Le tourisme, pour Haïti, ce n’est pas la même chose qu’à Saint-Domingue ou à Cuba. Le touriste qui vient ici souhaite découvrir le pays. Il faut qu’il apprenne à connaître le style de vie de l’Haïtien. Il a une histoire qui date non seulement de 200 ans, mais aussi de 2010, à la suite du tremblement de terre. Il doit le découvrir dans son milieu, voir l’artiste, le créateur, celui qui sait travailler de ses mains. Il y a tout ça dans les bidonvilles. D’ailleurs, il faudrait peut-être penser à trouver un nouveau terme parce que dans Jalousie, on trouve de gros blocs à appartements. Il y a même des Canadiens qui y habitent!»

Avant que le quartier accueille ses premiers touristes, il reste encore beaucoup de boulot à abattre. «Nous voulons permettre aux gens de cette cité de travailler en groupe, d’être ensemble, de s’unir pour mieux travailler et choisir la direction à prendre», martèle la jeune femme.

«Nous comptons aménager un centre de premiers soins et faire de l’adoquinage [blocs de pavage]», poursuit-elle.

L’objectif? Une réinsertion sociale, mais aussi d’éventuels revenus pour l’État. «En faisant tout cela, ils [les habitants de Jalousie] se sentiront identifiés et respectés. Pour nous, de la commune, ce sera un revenu. Nous souhaitons qu’il y ait un bureau de l’électricité à l’intérieur de la cité afin que ses habitants puissent aller payer leur électricité. Parce qu’ils ont les moyens.»

Yvanka Jolicoeur espère par ailleurs que le tourisme entraînera la création de nombreux emplois, tant dans Jalousie qu’ailleurs au pays. «Dans les années 1970, on appelait Haïti la perle des Antilles. Nous avons besoin de revenir à cela.»

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