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Présumé espion en Russie : Moscou ferme les yeux

Présumé espion en Russie : Moscou ferme les yeux

Moscou semble déjà avoir tourné la page sur les accusations d'espionnage portées contre le diplomate américain Ryan Fogle, arrêté lundi soir par le service fédéral de sécurité de Russie (FSB). Outre le silence du président Vladimir Poutine sur l'affaire Fogle, aucun signe ne semble démontrer que cette arrestation aura des conséquences sur les relations russo-américaines.

Après avoir qualifié mardi les activités d'espionnage des États-Unis de « provocations » digne de la guerre froide, Moscou avoue ne pas vouloir laisser cet épisode freiner les tentatives de rapprochement entamées avec Washington après les attentats de Boston.

Le fait que les deux présumés coupables soient d'origine tchétchène a incité les services spéciaux des deux pays à coopérer dans la lutte contre le terrorisme.

Réunis mardi en Suède pour préparer une conférence de paix sur la situation en Syrie, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, et son homologue américain, John Kerry, ont admis ne pas avoir abordé le sujet. Selon lui, tout a été dit sur la question.

Au sein du département d'État américain, on doute également que l'affaire Fogle puisse affecter les relations russo-américaines.

Déclaré persona non grata par la Russie, l'américain Ryan Fogle a reçu un ordre d'expulsion s'appliquant « dans les plus brefs délais », selon un communiqué, après avoir passé la nuit de lundi à mardi sous les verrous.

Une histoire remise en doute

Certains observateurs s'entendent toutefois pour dire que Fogle aurait pu être utilisé par Moscou pour rallier les conservateurs autour du président Poutine, critiqué par les libéraux de la classe moyenne depuis sa réélection il y un an.

Le professeur de l'Université de New York et expert des services de sécurité russes, Mark Galeotti, explique que des cas d'espionnage sont fréquents entre les Russes et les Américains, mais qu'ils sont habituellement gérés discrètement.

L'épisode Fogle pourrait être un moyen de ternir encore davantage la réputation des États-Unis. Depuis que des activistes des droits de l'homme ont été invités à l'ambassade, Poutine qualifie les protestataires de « pro-américains ».

Pour l'agent du FBI, Eric O'neill, l'arrestation de Fogle s'apparente à un coup monté. « Je doute fortement qu'un agent d'expérience de la CIA marche dans la rue de Moscou en portant une perruque blonde ridicule », a illustré M. O'neill, faisant référence à la vidéo qui circule dans les médias russes montrant l'arrestation de Fogle, une perruque blonde éméchée tenant à peine sur la tête.

Aux yeux de l'expert, Fogle servirait de bouc émissaire pour mousser la propagande russe anti-américaine. Il rajoute que l'idée de cacher sur le diplomate américain du matériel d'espion pourrait même venir de Poutine, un ancien agent du KGB.

Le troisième secrétaire à l'ambassade, Ryan Fogle, aurait tenté de recruter un agent des services de renseignements russes pour le compte de la CIA. Il a été arrêté en possession d'une grosse somme d'argent liquide, de matériel technique perfectionné et d'instructions vraisemblablement destinées à l'agent russe qu'il tentait de recruter.

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