Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Sir Pathétik a sorti son nouvel album, «Prisonnier des mots» (ENTREVUE)

Sir Pathétik, le phénomène (ENTREVUE)
Jean-François Cyr

MONTRÉAL - Natif de Trois-Rivières, le rappeur et parolier québécois Sir Pathétik, de son vrai nom Raphaël Bérubé, est tout un phénomène. Mardi paraissait son 9e album en 10 ans de carrière, une galette pop qui s’est rapidement hissée au premier rang des ventes francophones canadiennes sur iTunes. Le lendemain, le chanteur avait invité ses admirateurs au National de Montréal pour une courte prestation servant de lancement. Après la performance, une impressionnante quantité de personnes attendaient en file pour obtenir un autographe.

Depuis la sortie du disque Prisonnier des mots, Sir Pathétik est passé devant les chanteurs québécois Jean-Marc Couture, gagnant de Star Académie, Marc Dupré (qui a profité de la visibilité de l’émission La Voix), la toujours très populaire Marie-Mai ou encore Louis-Jean Cormier, qui est un peu partout depuis la parution de son projet solo.

En plus d’avoir obtenu cinq nominations et remporté un Félix dans la catégorie album hip hop de l’année en 2009, Sir Pathétik a placé cinq extraits radio dans le top 100 BDS. Sa dernière chanson avec Dany Bédard a notamment grimpé dans le top 10, tandis que Si Dieu existe avec David Jalbert a atteint le sommet des palmarès.

Sir Pathétik n’a peut-être vendu que 100 000 albums au total en dix ans, mais, sur les réseaux sociaux, son nom circule abondamment. On compterait déjà 20 millions de vues sur YouTube et 83 500 admirateurs sur Facebook.

Le premier extrait radio Jamais trop tard, auquel participe Tommy Boulanger de la formation Sens, tourne sur le réseau NRJ.

Même Sébastien Lefebvre du populaire groupe montréalais Simple Plan participe à la composition de plusieurs pièces de ce disque réalisé par son frère Jay Lefebvre.

Le bon vivant

Pourtant, les 20 morceaux de cet album n’ont rien d’extraordinaire. Un rap édulcoré persillé de pop, blues, reggae, et R’n’B qui met la voix de Sir Pathétik et de plusieurs autres invités, comme Nancy Martinez, en avant-plan. Des textes corrects, sans plus, qui parlent des boys, des filles, de la fête ou encore de l’amour. Pour donner du corps à la création, de nombreux artistes (dont l’harmoniciste blues Jim Zeller, Marc Antoine et Billy Nova, Yvon Krevé, Danyka, Tommy Boulanger) collaborent également au disque.

Définitivement, le secret de son succès réside en partie dans l'esprit de ce bon vivant qui a compris qu’il faut bien s’entourer.

«J’aime beaucoup faire de la musique avec d’autres chanteurs. Avec le temps, j’ai pu rencontrer ou travailler avec un paquet de personnes pleines de talent. C’est juste normal de vouloir du monde autour de soi. Je dirais que c’est la même chose avec les différents beats que j’utilise pour le disque. Je reçois plein de propositions de l’Europe, des États-Unis, et même de Québécois inconnus qui proposent parfois des affaires pas mal du tout. Selon la qualité, j’achète certains de ces beats que je retravaille ensuite pour ma musique.»

Une façon de procéder qui peut paraître étonnante, mais qui serait, selon le principal intéressé, de plus en plus populaire dans le milieu de la musique, surtout dans l’univers rap. «Je suis assez autonome. Puisque je n’ai pratiquement pas joué d’instruments sur cet album (les musiciens qui l’entourent seraient de toute façon beaucoup plus talentueux que lui), ça se passe beaucoup sur mon ordinateur, dans ma cave (cela dit, il s’est payé un voyage à Paris, Amsterdam et Rome pour démarrer le processus d’écriture). Surtout que cette fois-ci, c’est plus rap. Les flows sont plus rap.»

Plus rap peut-être, mais «moins hard qu’avant». «J’ai fait le tour des criss et des câlisses. J’ai donné côté bad boy. J’ai plutôt envie de parler des vraies choses qui m’entourent comme les amis, les amours. J’ai aussi le goût de prendre soin de ma carrière. Je ne peux pas faire le con comme avant», raconte le trentenaire qui admet écouter autant Zachary Richard (il aime beaucoup Au bord du Lac Bijou), le rappeur Lil Wayne ou encore le travail reggae de Snoop Lion (anciennement Snoop Dogg).

«C’est fini le temps où l’on peut faire un style durant toute une carrière. Je pense que c’est important de se mettre en danger ou au moins essayer différentes affaires. En musique, mais aussi dans les sujets […] On est tous prisonniers des mots (titre de l’album de Sir Pathétik). Il faut toujours développer son langage et se réinventer pour chaque situation.»

Inventer, Raphaël Bérubé sait faire. À quelques heures de sa performance sur la scène du National et durant l’entrevue, il se met déjà dans la peau de Sir Pathétik, le personnage, le phénomène.

Prisonnier des mots, en magasin depuis le 7 mai. Visitez sa page Facebook.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.