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Le Canada devient de plus en plus un pays d'immigrants

Le Canada devient de plus en plus un pays d'immigrants

De plus en plus de personnes nées à l'extérieur du pays vivent au Canada. L'Enquête nationale auprès des ménages (ENM) de 2011, publiée mercredi par Statistique Canada, révèle en effet qu'un Canadien sur cinq (20,6 %) est né à l'étranger, soit 6 775 800 personnes.

Un texte d'Emmanuelle De Mer

Il s'agit de la plus forte proportion parmi les pays du G8 et « le plus haut taux depuis la Deuxième Guerre mondiale », souligne François Nault, analyste à Statistique Canada.

Le nombre d'immigrants continue d'augmenter régulièrement. De 2006 à 2011, cette hausse a été de 0,8 %. « Les conservateurs ont maintenu le taux d'immigration à 250 000 par année. Donc, la politique s'est maintenue », souligne François Nault, analyste à Statistique Canada.

Dans les dix dernières années, près de 2 155 000 immigrants ont décidé de s'installer au Canada.

Un grand nombre d'immigrants se sont établis au Canada récemment, soit depuis l'arrivée au pouvoir des conservateurs. Ainsi, les personnes arrivées au pays entre 2006 et 2011 représentent 17,2 % de celles nées à l'étranger et 3,5 % de la population canadienne.

Le Québec continue d'attirer les immigrants, accueillant près d'un nouvel arrivant sur cinq. La grande majorité d'entre eux s'établissent dans la région métropolitaine de Montréal.

Les immigrants continuent de venir d'Asie

Au cours des cinq dernières années, la majorité des immigrants au pays sont venus d'Asie, le Proche-Orient compris. Ce sont les ressortissants des Philippines qui ont été les plus nombreux à choisir le Canada en 2011, représentant 13,1 % des nouveaux arrivants (152 300 personnes). Les personnes nées en Chine et en Inde suivent au deuxième et au troisième rang, avec environ 122 000 personnes par pays, ce qui représente, dans chaque cas, environ 10,5 % des nouveaux arrivants.

Les Européens constituent le second groupe d'immigrants récents en importance (13,7 %). De 2006 à 1011, environ 159 700 d'entre eux sont arrivés au pays. Il s'agit toutefois d'une importante baisse par rapport à il y a quarante ans. Avant les années 1970, les pays européens constituaient en effet les trois quarts des immigrants au Canada.

Les ressortissants d'Afrique (12,5 %) ont quant à eux légèrement augmenté, d'environ 2 %, en provenance notamment de l'Algérie, du Maroc et du Nigeria. Les personnes issues des Antilles, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud ont aussi connu une légère hausse, totalisant 12,3 % des immigrants, les trois zones confondues.

« Depuis 1991, il n'y pas beaucoup de changement. Les Asiatiques ont légèrement baissé depuis 2006 en faveur des Caraïbes, de l'Amérique centrale, de l'Amérique du Sud et de l'Afrique », note M. Nault.

Par ailleurs, la grande majorité de la population née à l'étranger, soit 85,6 %, détient la citoyenneté canadienne. C'est le cas de plus de 90 % des immigrants avant 2011, mais seulement d'environ les trois quarts (77,2 %) de ceux étant venus au pays de 2001 à 2005 et seulement le tiers (36,7 %) des personnes arrivées au Canada en 2006 et 2007.

Minorités visibles

Près d'un Canadien sur cinq (19,1 %) s'est déclaré membre d'une minorité visible, soit 6 264 800 personnes. Il s'agit d'une hausse de presque 3 % par rapport à 2006, une augmentation semblable à celle enregistrée entre 2001 et 2006.

Parmi celles-ci, 30,9 % sont nées au Canada et 65,1 % ont vu le jour à l'extérieur du pays. Une petite proportion (4 %) est constituée de résidents non permanents.

Les trois groupes culturels les plus nombreux sont « les Sud-Asiatiques, les Chinois et les Noirs », affirme Statistique Canada, et ils représentent 61,2 % des minorités visibles.

Ils sont suivis des Philippins, des Latino-Américains, des Arabes, des Asiatiques du Sud-est, des Asiatiques occidentaux, des Coréens et des Japonais.

Par ailleurs, l'Enquête nationale auprès des ménages souligne qu'en 2011, 13 origines ethniques ont franchi la barre du million d'individus. En plus des Canadiens, des Anglais et des Français, notons les Écossais, les Irlandais, les Allemands, les Italiens, les Chinois, les Premières Nations, les Ukrainiens, les Indiens, les Néerlandais et les Polonais.

Soulignons qu'il était possible pour les répondants de déclarer plusieurs origines ethniques.

Connaissance des langues officielles

Les trois quarts (74,5 %) des Canadiens nés à l'étranger peuvent soutenir une conversation dans plus d'une langue. La proportion est encore plus importante auprès des immigrants récents, de 2006 à 2011 (80,5 %).

La plupart des immigrants, surtout ceux qui vivent au Canada depuis longtemps, parlent l'anglais ou le français. Ainsi, 61,2 % peuvent parler une des deux langues officielles et près d'un sur dix (9,9 %) dit maîtriser le français et l'anglais.

Près du quart (23,8 %) des immigrants ont déclaré l'anglais comme langue maternelle, parmi ceux qui n'ont qu'une seule langue maternelle. Seulement 3,4 % ont déclaré le français.

Les langues maternelles les plus répandues sont les langues chinoises, le tagalog (parlé aux Philippines), l'espagnol et le punjabi.

Une majorité de chrétiens

Les deux tiers de l'ensemble des Canadiens, soit un peu plus de 22,1 millions de personnes, s'associent à la religion chrétienne. Les catholiques romains (environ 12 728 900) sont les plus nombreux, suivis des membres de l'Église unie (2 007 600).

Un petit nombre (3,2 %), soit un peu plus d'un million de Canadiens, ont déclaré être musulmans. Les hindous représentent 1,5 % de la population; les sikhs, 1,4 %; les bouddhistes, 1,1 % et les juifs, 1 %.

Parmi les immigrants récents, arrivés entre 2006 et 2011, environ la moitié sont d'appartenance chrétienne (47,5 %). « Il y a beaucoup d'immigration des Philippines et des latinos », souligne M. Nault.

Les musulmans sont quant à eux en hausse (17,4 %), suivis par les hindous (6,6 %) et les sikhs (4,8 %).

Par ailleurs, près d'un Canadien sur quatre (23,9 %) n'a aucune appartenance religieuse, ce qui représente 7,8 millions de personnes. Chez les nouveaux arrivants, ce sont 19,5 % qui déclarent n'avoir aucune religion. « Il s'agit d'une bonne augmentation depuis 2001, lorsque c'était à 16,5 %. La question n'avait pas été posée en 2006 », précise M. Nault.

Précision sur la méthodologie

Environ 4,5 millions de ménages au pays ont reçu en 2011 l'Enquête nationale auprès des ménages (ENM). Rappelons que, pour la première fois, la participation à cette enquête était volontaire et non obligatoire.

Le taux de réponse au questionnaire long est de 69,6 %. Selon Statistique Canada, les données obtenues sont de qualité. « On est capables d'avoir une bonne idée de leur profil, de leurs caractéristiques, mais il y a un risque qu'on se soit un peu trompés. On pense qu'on surévalue le nombre de Philippins et qu'on sous-estime le nombre d'Inuits qui sont en dehors de leur territoire. On sait qu'on n'est pas parfaits », souligne François Nault.