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Centrales annulées : l'ex-premier ministre ontarien prend le blâme

Centrales annulées : l'ex-premier ministre ontarien prend le blâme

Lors d'un témoignage tant attendu devant un comité parlementaire, l'ancien premier ministre ontarien Dalton McGuinty a fait valoir, mardi, que la « population avait raison » et que son « gouvernement avait tort » de vouloir construire des centrales électriques au gaz naturel dans les communautés d'Oakville et de Mississauga.

Les deux projets ont été annulés respectivement avant et durant la dernière campagne électorale en 2011, face à la colère populaire.

La décision a coûté plus d'un demi-milliard de dollars aux contribuables, selon les dernières estimations du vérificateur général de la province et de l'Office de l'électricité de l'Ontario. Or, l'ex-chef libéral a toujours maintenu que les pénalités à payer étaient de moins de 200 millions, soit 2,5 fois moins.

M. McGuinty a semblé, mardi, vouloir prendre le blâme, pour épargner sa successeure Kathleen Wynne, qui a pris les rênes du gouvernement libéral minoritaire en février dernier.

L'ex-premier ministre a admis que la facture, liée à l'abandon des deux projets, était salée et que son gouvernement « avait peiné à dévoiler les documents » réclamés par l'opposition, mais il a maintenu que c'était la « bonne » décision.

M. McGuinty a expliqué qu'il cherchait à protéger la santé publique. « Durant les 20 prochaines années, a-t-il dit, les enfants pourront continuer à aller à l'école, sans avoir un nuage (de pollution au-dessus de la tête) ».

L'ex-chef libéral a souligné que les centrales au gaz naturel auraient été situées à quelques centaines de mètres seulement d'écoles et de résidences, soit plus proche qu'aucune éolienne ne pourrait être construite. L'ex-premier ministre n'a pas expliqué, toutefois, pourquoi son gouvernement avait alors donné son aval initialement aux deux projets et pourquoi des résidents locaux ont dû se battre durant des mois avant que les libéraux fassent volte-face, ce que lui a fait remarquer le député conservateur John Yakabuski.

Les députés de l'opposition, qui dominent le comité permanent sur la justice, veulent interroger l'ex-premier ministre McGuinty sur ce qu'il savait quant au coût d'annulation des deux projets et quand il l'a su. L'ancien chef libéral a témoigné qu'il s'était toujours fié aux chiffres qu'on lui fournissait et qu'il a appris, en même temps que l'opposition, que la facture serait plus salée que prévu.

Le député néo-démocrate Peter Tabuns a soutenu que Dalton McGuinty avait agi pour des raisons électoralistes. Ce dernier a rejeté ces allégations, répondant que « nous avons misé juste quant à 17 projets (relativement aux sites choisis), mais nous nous sommes trompés royalement pour deux autres ». Il a reconnu que son gouvernement aurait dû changer son fusil d'épaule plus tôt. Il se posait même la question trois mois avant l'annulation des deux projets.

« J'ai été critiqué pour ne pas avoir tenu mes promesses, mais c'est la première fois que je suis critiqué pour les avoirs tenues (annuler les centrales) », a-t-il affirmé.

M. McGuinty a par ailleurs défendu à nouveau sa décision de proroger l'Assemblée législative en octobre. Les travaux législatifs étaient alors paralysés par les débats sur l'abandon des centrales d'Oakville et de Mississauga.

La vérité

Avant le début du témoignage de M. McGuinty, le chef conservateur, Tim Hudak, avait pressé son ex-adversaire de dire la « vérité », toute la vérité.

La construction des deux centrales au gaz naturel à Oakville et à Mississauga avait provoqué un tollé à l'époque auprès des résidents locaux. Les conservateurs et les néo-démocrates accusent M. McGuinty d'avoir abandonné les deux projets simplement pour sauver les sièges de deux députés libéraux, dont celui de l'actuel ministre des Finances Charles Sousa.

Les partis d'opposition ont aussi accusé l'ex-premier ministre d'avoir voulu cacher le véritable coût de sa décision, notamment en prorogeant l'Assemblée législative en octobre dernier et en annonçant sa retraite.

Scandale politique

Sa successeure à la tête du Parti libéral, la nouvelle première ministre Kathleen Wynne, a admis que l'annulation des deux projets de centrale était une décision « politique ». Elle a promis de faire toute la lumière sur le dossier.

Mme Wynne a nié toute implication personnelle dans la décision, lors de son témoignage le mois dernier devant le même comité parlementaire auprès duquel M. McGuinty s'expliquera, mardi.

« J'ai toujours dit la vérité, selon les informations que j'avais à l'époque », a-t-elle affirmé.

M. McGuinty a témoigné, mardi, qu'il n'avait jamais briefé personnellement sa successeure sur le dossier.

Kathleen Wynne tente de se dissocier du scandale, mais les partis d'opposition soulignent qu'elle faisait partie du Cabinet de l'ex-premier ministre à l'époque.

Les néo-démocrates et les conservateurs ont même accusé le gouvernement libéral d'avoir « menti » quant au véritable coût d'annulation des deux projets. La première ministre Wynne a rejeté ces allégations, mais la question continue de hanter son gouvernement minoritaire qui dépend de l'appui du NPD pour rester au pouvoir. Les conservateurs ont déjà fait savoir qu'ils voteraient contre le budget libéral déposé la semaine dernière, alors que les néo-démocrates veulent consulter les Ontariens avant de prendre une décision.

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