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Boston Strong: Les produits dérivés solidaires après l'attentat du marathon sont-ils vraiment solidaires? (PHOTOS)

Boston Strong: des produits dérivés vraiment solidaires? (PHOTOS)

BOSTON STRONG - Avant même que quiconque sache combien de personnes avaient été blessées lors des attentats du marathon de Boston, David Portnoy avait un plan pour aider ceux qu'ils avaient affectés. Avec un gros mot à la clé: "THIS IS OUR FUCKING CITY" (c'est notre p**** de ville) .

Portnoy est l'éditeur d'un site internet d'infos sportives, Barstool Sports Boston, bien connu pour son mélange entre sports locaux, humour salé et mannequins en bikini. Portnoy avait hâte de lever des fonds pour venir en aide aux victimes, mais sans avoir d'association caritative précise en tête. Il s'appuyait surtout sur ce qui est devenu l'une des réactions américaines typiques après une tragédie : les gens ont tendance à acheter un T-shirt ou tout autre marchandise qui montre leur préoccupation. Sa marque pouvait donc être exploitée pour aider.

"Nous avons simplement décidé que nous allions faire quelque chose pour aider, et nous savions que nous serions soutenus, même si nous ignorions encore où irait l'argent" a expliqué Portnoy au Huffington Post, ajoutant : "Beaucoup des lecteurs de notre site disaient dans les discussions en ligne: 'Comment-pouvons nous aider? Que faire?' J'ai su alors immédiatement que nous ferions un T-shirt."

Où Portnoy allait-il verser l'argent récolté? La réponse à cette dernière question a été donné par le maire de Boston, Thomas Menino, et le gouverneur du Massachusetts, Patrick Deval, lorsqu'ils ont annoncé la création de One Fund Boston, le désignant comme le fonds d'aide officiel pour les victimes des attentats.

Les produits dérivés Boston Strong

Ne pas attendre que le fonds soit constitué

Le slogan du T-shirt a, lui, vu le jour samedi, quand David Ortiz, batteur star des Boston Red Sox, a prononcé un émouvant discours durant lequel il a déclaré : "C'est notre pu**** de ville". Mardi matin, Portnoy avait vendu des T-shirts portant ces mots pour une valeur de 140 000 $.

La vidéo du discours (en anglais):

Portnoy fait partie des quelques entrepreneurs interrogés par Le HuffPost cette semaine, qui vendent des vêtements faisant référence aux attentats de Boston. Tous déclarent qu'ils ont l'intention de verser les bénéfices de ces ventes au One Fund Boston, qui a déjà recueilli 20,8 millions de dollars.

Tous ont également indiqué qu'ils avaient décidé de vendre leurs produits avant même que la création du fonds soit officiellement annoncée, confiants dans le fait qu'il y aurait une grosse demande et bien déterminés à lever l'argent immédiatement. Ils étaient certains de trouver le destinataire approprié pour les recettes plus tard.

En mettant en vente des T-shirts, des bandeaux et des accessoires sportifs sur le thème des attentats, à peine quelques heures après le déroulement de la catastrophe, ils s'attendaient à puiser dans un courant commercial puissant : le besoin manifeste de certains Américains à faire montre de leurs actes de charité.

Sur la patinoire lors d'un match de hockey, même, des panneaux publicitaires pour une marque de café. Bonne action ou récupération publicitaire? La question se pose...

"Un T-shirt montre qui vous êtes, quelles sont vos valeurs"

"Cela leur plaît de le faire. Ils manifestent leur solidarité," explique Jacob Jacoby, un professeur de gestion en commerce de détail et comportement de consommation à l'université de New York." Le T-shirt est quelque chose que vous enfilez et qui montre qui vous êtes et quelles sont vos valeurs à vos amis et à vos voisins."

Doug Browning, président de Sweaty Bands, a également sauté sur l'occasion de proposer un produit sur le thème de Boston, promettant de verser les bénéfices aux associations caritatives : " Nous savions que nos clients le soutiendraient en nous donnant leur argent, car c'était un moyen pour eux de montrer leur solidarité."

L'entreprise de Browning a commencé à concevoir une gamme de bandeaux avec des messages positifs sur Boston mardi dernier, le lendemain des attentats. Selon Browning, quand les produits ont été mis en vente vendredi dernier, tant de clients se sont rués sur la boutique en ligne que le site internet a planté.

"Pour eux, c'est mieux que de simplement faire un don" constate-t-il." Ils en tirent aussi quelque chose".

Il n'y a pas que des petits commerçants qui se sont lancés dans l'association philanthropie et commerce. Les employés de Saucony, une grande usine de fabrication de chaussures de sport basée à Lexington, Massachusetts, se sont empressés de trouver un moyen d'aider les victimes.

Envie d'aider. Mais comment ?

"Au début, la façon d'aider les victimes n'était pas encore très évidente", explique le le responsable marketing de Saucony, Chris Lindner."Nous avons d'abord pensé à nous adresser à la Croix Rouge et à donner notre sang, mais heureusement, ils n'avaient pas de besoins immédiats."

La création de One Fund Boston a été annoncée ce soir-là et les concepteurs de produits chez Saucony se sont mis tout de suite au travail. Dés vendredi, les clients pouvaient pré-commander le produit qu'ils avaient imaginé : des médaillons pour lacets portant les mots"#BostonStrong."

Adidas, l'une des marques sportives les plus importantes, vend également un "T-shirt hommage" depuis mercredi dernier qui bénéficiera à One Fund Boston.

Greg Selkoe, fondateur et PDG de la boutique de mode en ligne Karmaloop.com, constate que les T-shirts vont au-delà du fait de porter assistance aux victimes des attentats et aident la société en général à panser ses blessures psychologiques : "les êtres humains sont des animaux qui vivent en collectivité, et ils ont besoin du contact humain et de communiquer les uns avec les autres" explique-t-il.

L'entreprise de Selkoe, dont le siège social sont juste à quelques rues de là où les explosions ont eu lieu, vend trois T-shirts au design rendant hommage à Boston et, comme les autres, fait don des recettes à One Fund Boston. Selon lui, "ce type de message de défi et d'union sont importants. Les gens avancent vers la reconstruction, et envoyer ce message aide."

Elan de solidarité pour se déculpabiliser?

Reste qu'Angela Eikenberry, professeur d'administration publique à l'université Omaha du Nebraska, se demande si l'empressement à associer l'achat au don est bien la meilleure façon d'aider ceux qui en ont besoin.

"Les gens essaient de s'engager et d'introduire la philanthropie dans leur rythme de vie effréné", constate Eikenberry. "Il y a un besoin naturel à agir ainsi, à se voir comme des consommateurs-citoyens qui peuvent résoudre les problèmes en achetant encore plus."

"Mais il y a cette déconnexion" poursuit-elle. "Des recherches ont montré que lorsque les gens achètent ce type de produits auxquels il y a une promesse de don associée, ils pensent ensuite avoir accompli leur devoir. Et les gens ont alors tendance à penser qu'ils ont agi plus que ce qu'ils ne l'ont fait en réalité."

"Pourquoi est-ce qu'ils n'ont tout simplement pas donné de l'argent à la place ?" demande Eikenberry.

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