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Zampino : un défaut dans la cuirasse

Zampino : un défaut dans la cuirasse

Frank Zampino a fait un voyage à Las Vegas, vraisemblablement en février 2006, avec l'entrepreneur en construction Tony Accurso et Robert Abdallah, directeur général de la Ville à l'époque. Le voyage a ainsi eu lieu au moment où le dossier des compteurs d'eau faisait l'objet de discussions à la Ville.

Un texte de Bernard Leduc et François Messier

L'ex-président du comité exécutif de la Ville, pressé de questions par la procureure en chef de la commission, a eu quelques difficultés à se souvenir de ce voyage et de la présence de M. Abdallah.

Il avait précédemment évoqué un voyage effectué vers 2003-2004 à Las Vegas avec M. Accurso, avant de convenir que c'était « possiblement » en février 2006, comme lui a proposé Me Sonia Lebel, et d'ajouter que M. Abdallah était de la partie. Ils ont notamment fait à cette occasion un tour d'hélicoptère dans le Grand Canyon.

« Si vous avez l'information que ce voyage a lieu en février 2006, je vous dis que j'étais avec M. Accurso, alors je réponds que oui, si vous avez cette information. Vous m'avez posé tantôt la question sur mon souvenir d'un voyage avec M. Accurso, Je pensais que c'était en 2003 ou 2004. » — Frank Zampino

« À ma connaissance, j'ai payé mon voyage » soit l'avion et l'hôtel, a-t-il dit, mais il croit que le tour d'hélicoptère a probablement été payé par M. Accurso.

Me Lebel lui a aussi suggéré qu'il avait peut-être fait un autre voyage à Las Vegas avec M. Accurso en septembre 2006, mais M. Zampino en doute : « Faudrait que je vérifie, je n'ai aucun souvenir ».

Lorsque le scandale de sa présence sur le Touch de Tony Accurso est devenu public, en avril 2009, M. Zampino, qui était alors chez Dessau, a avoué au maire, dans une lettre du 2 avril 2009, avoir fait deux voyages avec M. Accurso, sur son bateau. Il a alors dit avoir payé pour ces deux séjours.

M. Zampino a séjourné par deux fois, fin janvier 2007 et début février 2008, sur le Touch, avec Rosaire Sauriol, soit avant et après que les deux hommes d'affaires eurent obtenu en consortium le lucratif contrat des compteurs d'eau. Il a alors dit avoir payé pour ces deux séjours.

Il admet maintenant qu'il n'a pas pensé alors à parler au maire de ce voyage de 2006 à Las Vegas, pas plus que de sa présence sur le yacht d'Accurso en 2005 avec sa famille.

C'est Tony Accurso, dit-il, qui l'avait invité à venir visiter son bateau, dont la construction venait de s'achever, en lui donnant un coup de fil alors qu'il séjournait en Floride.

« J'ai accepté l'invitation d'un ami pour le visiter et on en a profité évidemment pour faire un voyage d'une couple de jours » — Frank Zampino, sur son voyage sur le Touch en 2005

Des amitiés imperméables à la collusion

Frank Zampino a entretenu de forts liens d'amitié avec Rosaire Sauriol de Dessau et Tony Accurso de Simard-Beaudry qui ont eu, au fil des ans, de nombreux et lucratifs contrats avec la Ville, dont celui des compteurs d'eau.

Mais jamais, dit M. Zampino, ils n'ont échangé entre eux des informations privilégiées et s'en tenaient à des sujets généraux ou triviaux.

« J'ai toujours été capable de tracer la ligne entre mes responsabilités professionnelles et mes liens d'amitié », soutient l'ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal.

Cette amitié a néanmoins coûté à Frank Zampino son poste chez Dessau, en avril 2009, lorsqu'il a été révélé qui avait séjourné par deux fois sur le yacht de Tony Accurso avec Rosaire Sauriol.

« J'ai admis avoir été sur le bateau de M. Accurso avec ces personnes, en même temps que la période d'octroi de contrats », a commenté Frank Zampino à ce sujet. « J'ai déjà dit que c'était une erreur, que c'était une maladresse. Mais il ne faudrait pas, de facto, que cette erreur que j'ai commise vienne contaminer un processus qui a été mené par la Ville, par une batterie d'experts, par des gens qui ont soutenu ce processus et que je n'ai jamais influencé ».

Frank Zampino convient n'avoir jamais parlé au maire Gérald Tremblay de ses forts liens d'amitié avec ces importants fournisseurs de la Ville.

Le commissaire Lachance s'est montré surpris que M. Zampino considère toujours M. Sauriol comme son ami après que ce dernier l'a impliqué dans le système de collusion des firmes, dont il soutient par ailleurs avoir appris l'existence grâce à la commission.

« Je ne m'attendais pas du tout à ce genre de témoignage... », a admis M. Zampino, qui n'avait pas hésité hier, pour sa part, à affirmer que l'ex-vice-président de Dessau avait « menti » sur son présumé rôle dans ce système.

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