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Des funérailles imposantes et controversées pour Margaret Thatcher à Londres (PHOTOS)

Funérailles controversées pour Margaret Thatcher

INTERNATIONAL - Pas d'obsèques nationales pour Margaret Tharcher en Angleterre, mais ses funérailles en avaient tout l'air, aujourd'hui à Londres.

Le choix des personnalités qui prenaient place dans la cathédrale Saint-Paul a été soigneusement pesé par la famille de Margaret Thatcher, le gouvernement et le Parti conservateur. La "Dame de fer" n'étant plus en fonctions, rares sont les chefs d'Etat ou de gouvernement en exercice qui ont fait le déplacement.

Environ 700 militaires des trois armes sont déployés sur les 1,9 km de la procession funéraire, entre le Palais de Westminster et la cathédrale Saint Paul de Londres.

Le cercueil de la baronne de Kesteven née Margaret Hilda Roberts d'un père épicier, est drapé dans l'Union Jack. Il remontera les rues de la capitale au son des marches funèbres de Chopin, Beethoven et Mendelssohn, accompagné de soldats progressant à la cadence de 70 pas, la minute.

Le carillon de Big Ben sera réduit au silence, en signe de respect. Mais 19 coups de canon et une cloche unique, à St Paul, rythmeront l'approche.

Pour parer à toute menace, de la part de terroristes ou de simples contestataires, Scotland Yard a mobilisé 4 000 policiers.

L'ex-Premier ministre devait ensuite être incinérée lors d'une cérémonie privée en présence de Carol et Mark, ses jumeaux.

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» Les photos des obsèques de Margaret Thatcher :

(suite de l'article sous le diaporama)

Les funérailles de Margaret Thatcher à Londres

LA REINE

Malgré ses relations réputées "plus professionnelles que chaleureuses" avec l'ex-locataire de Downing Street, Elizabeth II est présente avec son époux le prince Philip. Un geste exceptionnel de la part de la souveraine qui n'a assisté à aucun enterrement de ses premiers ministres depuis l'hommage national rendu à Winston Churchill en 1965.

Sa présence s'explique, selon les commentateurs royaux, par l'ampleur de l'hommage réservé à Margaret Thatcher.

LES POLITIQUES

Le premier ministre conservateur, David Cameron, son épouse et tous les membres de son gouvernement sont aux premiers rangs.

À leurs côtés, tous les ex-locataires de Downing Street, John Major, Gordon Brown et Tony Blair, souvent considéré comme l'un des héritiers politiques de "Mrs T", malgré son étiquette travailliste. Sans oublier, Boris Johnson, le bouillonnant maire conservateur de Londres.

Le chef actuel de l'opposition Ed Miliband a aussi répondu présent. Neil Kinnock, qui était à la tête du Labour quand la "Dame de fer" était au pouvoir, a renoncé à cet hommage.

Tous les membres des gouvernements de Margaret Thatcher ont aussi été conviés, y compris Michael Heseltine, l'un des artisans de sa chute en 1990, après une "révolution de palais".

L'AMI AMERICAIN

L'ensemble des anciens présidents des Etats-Unis avaient été invités, avait fait savoir Downing Street, témoignage de la "relation spéciale" entre les deux pays chère au coeur de l'ex-Premier ministre.

Mais Jimmy Carter, les Bush père et fils et Bill Clinton ne feront pas le déplacement. Pas plus que l'actuel locataire de la Maison Blanche, Barack Obama.

Nancy Reagan, l'épouse du défunt président Ronald Reagan que Margaret Thatcher considérait comme le "second homme le plus important de sa vie", ne viendra pas, trop faible à 91 ans.

La délégation américaine sera conduite par deux anciens secrétaires d'Etat, George Shultz et James Baker.

L'ex-chef de la diplomatie américaine Henry Kissinger, qui a continué à voir la "Dame de fer" pendant des décennies après avoir quitté son poste, et le vice-président Dick Cheney ont également décidé de faire le voyage.

LES DIGNITAIRES ETRANGERS

Quelques chefs de gouvernement sont présents, dont Stephen Harper, l'Italien Mario Monti,le Polonais Donald Tusk ou l'Israélien Benjamin Netanyahu. La France sera représentée par la présidente de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée, Elisabeth Guigou.

La Russie n'enverra aucun représentant officiel.

Le gouvernement néerlandais dépêche l'ancien premier ministre, Ruud Lubbers. La Suède, la Norvège et le Danemark enverront leurs ambassadeurs, la Finlande son ministre des Affaires européennes, Alexander Stubb.

Jose Manuel Barroso, président de l'Union européenne, viendra en revanche en personne rendre hommage à celle qui considéra avec la plus grande méfiance la construction européenne.

L'Argentine, où Margaret Thatcher est toujours honnie 30 ans après la guerre des Malouines, a fait savoir, sans surprise, qu'elle n'enverrait personne.

LES "GRANDS ANCIENS"

Mikhaïl Gorbatchev, 82 ans, le dernier président d'URSS dont la Dame de fer disait que c'était "un homme avec lequel on pouvait travailler", a décliné l'invitation pour des raisons de santé. Tout comme le chancelier Helmut Kohl, 87 ans, artisan de la réunification des deux Allemagnes, qui entretenait avec cette "femme admirable", des relations "difficiles".

Le dernier président sud-africain de l'apartheid, Frederik Willem de Klerk, avait aussi confirmé sa venue aux obsèques de celle qui fut parfois accusée de soutenir le régime raciste sud-africain.

Un représentant de Nelson Mandela, qualifié jadis par la "Dame de fer" de "terroriste", a aussi été convié.

LES CÉLÉBRITÉS

Ces funérailles seront l'occasion d'un flash back sur les années 80, avec l'actrice Joan Collins qui jouait dans le célèbre feuilleton américain Dynasty, la chanteuse Shirley Bassey, qui a interprété les thèmes de plusieurs James Bond ou encore Lord Lloyd Webber, auteur de la comédie musicale "Evita" d'où est tirée la célèbre chanson "Don't cry for me, Argentina".

Dans l'assistance, on trouvera aussi Anya Hindmarch, créatrice des sacs à main mythiques de Margaret Thatcher ou Michael Noakes qui peignit son portrait.

La magnat des médias Rupert Murdoch, propriétaire de nombreux journaux britanniques, a décliné l'invitation, mais Tim Berners-Lee, l'un des inventeurs d'Internet a confirmé sa présence, tout comme le publicitaire Maurice Saatchi qui avait imaginé la campagne ayant fait entrer Margaret Thatcher à Downing Street.

Il y aura aussi le chef étoilé Marco Pierre White, soutien des conservateurs, et Franck Williams, fondateur de l'écurie de formule 1 du même nom.

L'ARMÉE

La "Dame de Fer" souhaitait qu'une place spéciale lui soit réservée, en souvenir des Malouines. De nombreux hauts gradés seront ainsi présents, aux côtés de représentants de Scotland Yard.

Des vétérans des Falklands ouvriront la marche à l'arrivée du cercueil.

Dans le Yorkshire (nord), les mineurs dont elle a brisé la grève d'un an ont prévu diverses festivités.

A Belfast (ouest), les murs se sont couverts de graffitis vengeurs. "Rouille en enfer", proclame l'un d'entre eux, en mémoire de 10 grévistes de la faim de l'Armée républicaine irlandaise (IRA) morts dans le bloc H de la prison de Maze, en 1981.

A quelques heures des obsèques, les invitations à manifester se multipliaient sur les réseaux sociaux, avec pour cris de ralliement "la sorcière est morte", ou "bon débarras". Les moins virulents appelaient sur Facebook à "tourner le dos" au passage du cercueil.

Les détracteurs dénoncent en vrac l'ampleur des obsèques sur le modèle de la princesse Diana et de la reine-mère, leur coût pour les contribuables soumis à l'austérité, et même leur nom de code jugé partisan: "Operation True Blue", la couleur du conservatisme pur et dur incarné par Margaret Thatcher.

Les obsèques de la "Dame de fer" bien trop dispendieuses au goût de ses oppposants

Les obsèques de Margaret Thatcher ont beau officiellement ne pas être des funérailles nationales, le coût de cette imposante cérémonie fait grincer les dents des détracteurs de la "Dame de fer" qui n'apprécient guère de voir les contribuables payer pour celle qui pourfendait l'Etat-providence.

La note devrait atteindre quelque 10 millions de livres, selon les estimations faites par la presse. Une somme qui sera prise en charge "en partie" par l'Etat et "en partie" par sa famille, ont prudemment indiqué les autorités. Les comptes officiels ne seront faits qu'après les funérailles, mais selon les journaux, la famille devrait payer la crémation, les fleurs et le transport.

L'Etat devrait prendre en charge le reste, notamment la sécurité et le déploiement de 4 000 policiers. Plus de 2 000 personnalités ont été invitées à la cathédrale St-Paul et les honneurs militaires seront rendus à la "Dame de fer", dont les funérailles sont les plus importantes depuis celles de la Reine-mère il y a 11 ans.

Mme Thatcher n'aura toutefois pas droit à une parade aérienne, dont elle ne voulait pas selon son entourage, la jugeant trop dispendieuse pour les finances publiques.

Margaret Thatcher "a été la première femme Premier ministre" au Royaume-Uni, c'est elle qui est restée le plus longtemps au pouvoir en 150 ans, elle a fait des choses extraordinaires dans sa vie. Je crois que ce qui se passe aujourd'hui est totalement approprié", a justifié sur la BBC l'actuel chef du gouvernement David Cameron, conservateur comme "la Dame de fer". "Les autres pays ne comprendraient pas que la Grande-Bretagne n'organise pas la cérémonie qu'elle mérite".

Mais la pilule ne passe pas dans les rangs des détracteurs de "Mrs T".

Près de la cathédrale St-Paul, un "anti-Thatcher" est venu mercredi manifester son mécontentement dès les premières heures de la matinée, en brandissant une pancarte avec cette mention: "Plus de 10 millions de livres pour les funérailles d'une conservatrice!".

"Nous allons dépenser plus de dix millions en période d'austérité", se plaignait aussi Casper Winslow, 22 ans, un étudiant qui a rejoint un groupe d'opposants décidés à tourner le dos au cercueil au passage de la procession funéraire.

Sur Facebook, les anti-Thatcher fustigeaient "l'hypocrisie d'un enterrement financé par l'Etat pour la personne qui a été à l'origine de 30 ans de coupes budgétaires dans l'Etat providence".

Des pétitions ont circulé pour la privatisation des funérailles de celle qui a voué à la fermeture des pans, jugés non rentables, de l'industrie britannique.

Mme Thatcher "disait qu'elle ne voulait pas de funérailles nationales, mais elle s'est arrangée pour avoir la même cérémonie que celle organisée pour la Reine-mère", s'était aussi ému aussi ce week-end l'ex-vice-Premier ministre travailliste John Prescott dans une tribune, s'emportant contre "un exercice de propagande des conservateurs".

Le sujet a aussi été évoqué par les députés mardi soir au Parlement, alors que le corps de la Dame de fer reposait tout à côté, dans une chapelle de l'édifice, avant son départ mercredi matin pour St-Paul.

Les funérailles de Mme Thatcher virent "à la canonisation", s'est ainsi plaint le député d'opposition George Galloway, dénonçant des obsèques "trop chères, trop fastueuses, trop royales".

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