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Anonymous a-t-il joué un rôle dans la réouverture de l'enquête sur Rehtaeh Parsons?

Anonymous a-t-il joué un rôle dans la réouverture de l'enquête sur Rehtaeh Parsons?

Un texte de Bahador Zabihiyan

Le collectif de pirates informatiques Anonymous a mené une offensive tous azimuts pour faire avancer l'enquête sur la mort de la jeune Rehtaeh Parsons, depuis le début de la semaine. En fait, la communauté d'Anonymous affirme avoir mené sa propre enquête pour identifier ceux qui ont présumément violé et par la suite intimidé l'adolescente.

Selon la mère de la jeune fille, Leah Parsons, elle aurait été violée par un groupe de garçons lors d'une fête très arrosée, alors qu'elle était en état d'ébriété avancé. L'incident s'est produit il y a deux ans. Une photo aurait été prise lors de l'agression sexuelle et a été diffusée sur Internet. Dès lors, affirme Mme Parsons, Rehtaeh a subi les brimades de ses camarades, à tel point qu'elle a décidé de mettre fin à ses jours.

Auparavant, la jeune fille avait changé d'école à plusieurs reprises, une plainte avait été déposée auprès de la police, mais l'affaire avait été classée sans suite, faute de preuves. Mais la police d'Halifax et la GRC ont annoncé vendredi que l'enquête avait été rouverte, à la suite de l'obtention de nouvelles informations « crédibles ». Dans un communiqué, la GRC affirme que ces informations ne sont pas parvenues d'une source « en ligne », sans donner plus de détails.

Le collectif Anonymous n'a pas officiellement de porte-parole, de chef ou de site Internet. Toutefois, il est assez organisé pour mener des actions concertées et pour publier des communiqués afin de les revendiquer. Le compte @YourAnonNews est souvent utilisé pour publier des liens vers les communiqués qui revendiquent les différentes actions du groupe. Et c'est justement par le biais de ce compte que des membres d'Anonymous ont mené la campagne pour retrouver les présumés agresseurs de la jeune fille.

Le groupe a publié un communiqué vendredi pour donner en détail, étape par étape, l'état d'avancement de son enquête. Le document explique qu'une des quatre personnes impliquées dans le viol présumé aurait avoué sa participation, publiquement, sur Internet. « Toute l'information, y compris les captures d'écran de la confession, ont été rendues disponibles à la police », précise le document. Difficile de faire confirmer toutes ces informations, d'autant plus que les membres du groupe, comme leur nom l'indique, souhaitent rester anonymes.

Dans son communiqué, Anonymous ne se décrit pas comme un collectif de pirates informatiques, mais de « citoyens inquiets » qui veulent lutter contre une injustice. Dans un autre communiqué envoyé jeudi soir, Anonymous précise : « Nous sommes au courant que de nouvelles preuves auraient été possiblement présentées à la GRC ».

Ainsi, dans leurs derniers communiqués, les membres d'Anonymous n'indiquent pas s'ils ont joué un rôle direct afin de faire avancer l'enquête policière.

En entrevue avec le site Internet Vice, une personne se réclamant d'Anonymous affirme que des informations ont été transmises à la police ainsi qu'à la mère de la victime.

L'individu, qui ne souhaite pas donner son nom, explique qu'il fait parti du groupe qui dirige les opérations d'Anonymous dans le cas de Rehtaeh Parsons. « L'information que nous avons collectée vient d'une combinaison de recherches sur Internet et d'informateurs. C'est plus comme un travail de journaliste qu'un travail de détective », dit-il. Il affirme que son groupe a utilisé des méthodes de recherche en ligne très avancées pour dénicher des « déclarations, des photos, des vidéos et n'importe quelle autre chose dont nous avons besoin », dit-il au magazine Vice.

Le groupe a déclaré dans ses communiqués qu'il ne souhaitait pas compromettre l'enquête policière et les procédures judiciaires. Mais le collectif fait planer une certaine ambiguïté, précisant qu'il s'oppose à la justice populaire, mais estimant que les noms des présumés agresseurs pourraient être publiés, même s'il se pouvait qu'ils soient mineurs. En entrevue avec le site The Daily Beast, une personne se disant membre du groupe d'Anonymous qui participe directement à l'enquête en ligne entourant le suicide de Rehtaeh Parsons, affirme que les noms des présumés agresseurs ont été confirmés par plusieurs sources. « Nous avons reçu la même liste de noms de la part de dizaines de personnes déjà. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'on ne les publie », dit l'individu interviewé par The Daily Beast via Google Chat.

Appel à manifester et présence possible de « Black Block »

Mais le collectif est par définition disparate et ses intentions sont parfois difficiles à cerner. Ainsi, sur les réseaux sociaux, un appel à manifester a été lancé par des groupes se réclamant d'Anonymous. Le groupe Anonymous d'Halifax s'est distancé de cette initiative, précisant qu'il soutenait le rassemblement, mais qu'il n'en était pas l'organisateur. Le groupe explique qu'il y a un risque que certaines personnes, notamment des « Black Block », viennent à la manifestation pour en découdre avec la GRC ou la police locale.

« Ceux qui souhaitent venir à cette manifestation : nous vous encourageons à participer... mais ce sera à vos risques et périls si vous souillez le nom d'Anonymous ou celui de Rehtaeh Parsons en commettant des actes violents ». Dans la même déclaration, le groupe Anonymous d'Halifax souligne sa « relation positive » avec la police régionale, mais critique vivement la GRC.

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