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Aide sociale : des directeurs de santé publique s'inquiètent des effets sur la santé

Aide sociale : des directeurs de santé publique s'inquiètent des effets sur la santé

Les 17 directeurs régionaux de santé publique du Québec demandent à la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, d'abandonner sa réforme de l'aide sociale.

Soutenant que la pauvreté a des effets sur la santé, ils craignent que malgré les aménagements proposés par le gouvernement au cours des dernières semaines, la réforme de l'aide sociale cause une détérioration de la situation des personnes touchées par les compressions.

À titre de directeurs de la santé publique, ils disent avoir un mandat légal de protection de la santé de la population et le devoir de prévenir le gouvernement des effets négatifs de la réforme qu'il propose.

Ils estiment que la réforme contient trop d'éléments inconnus pour être appliquée sans danger pour la santé des bénéficiaires, citant notamment les critères d'admissibilité des mesures de soutien à l'emploi, l'encadrement et la durée des mesures.

Les directeurs sont d'avis que le gouvernement devrait évaluer les conséquences des mesures proposées avant de les appliquer.

« Il est important de regarder l'impact sur les personnes les plus pauvres et de ne pas les appauvrir, mais plutôt de regarder les mesures qui pourraient être apportées pour que ces gens améliorent leurs revenus », a déclaré le directeur régional de santé publique de Montréal, Richard Massé.

« Le soutien à l'emploi en est une, mais il y en a plusieurs autres à considérer et c'est ce qu'on souhaite qui soit fait au cours des prochaines semaines », a ajouté M. Massé.

Les effets de la pauvreté sur la santé

Les directeurs citent des études de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour souligner que la pauvreté, au Canada, réduit l'espérance de vie d'une moyenne de quatre ans pour les femmes et de huit ans pour les hommes.

Cette réduction de l'espérance de vie atteint 12 ans pour les citoyens de Montréal. Ils affirment également que la pauvreté fait doubler la prévalence du diabète et des maladies coronariennes en plus d'affecter la santé psychologique.

Ils craignent que ces effets affectent les 25 000 ménages qui seront touchés par la réforme de l'aide sociale du gouvernement de Pauline Marois.

« Il faut éviter à tout prix de fragiliser des gens qui vivent déjà sous le seuil de faible revenu », précise le directeur de santé publique de la Mauricie et du Centre-du-Québec, Gilles W. Grenier.

Le ministre de la Santé Réjean Hébert est venu à la rescousse de sa collègue Maltais, disant que les directeurs de la santé publique comprennent mal la réforme de l'aide sociale et que la lutte contre la pauvreté a un impact positif sur la santé collective de la population.

Plusieurs manifestations partout au Québec

Au même moment, des manifestants demandent au gouvernement du Parti québécois de renoncer à ces coupes qui, à leur avis, bafouent des droits fondamentaux, notamment celui à la vie et celui des enfants à la protection.

Les protestataires ont fait valoir leurs revendications dans cinq villes de la province : à la place Émilie-Gamelin, à Montréal; au bureau du ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale sur la rue Saint-Amable, à Québec; au bureau de circonscription du président du Conseil du Trésor, Stéphane Bédard, à Saguenay; sur le parvis de la cathédrale de Rimouski et au Centre local d'emploi de Sherbrooke, sur la rue King Ouest.

Ces manifestations surviennent au lendemain de l'appel des syndicats et des organismes membres du Collectif pour un Québec sans pauvreté, qui ont exhorté le gouvernement à abandonner son projet de modification.

À leur avis, malgré la bonification de certaines prestations annoncée la veille, les plus démunis en seront appauvris.

Le Collectif exige le maintien des prestations à la même hauteur et des mesures d'accompagnement et d'employabilité assorties d'un supplément aux personnes qui s'y engageront.