Voilà une information qui risque d'embarrasser l'opposition syrienne. L'État islamique d'Irak, soit la branche irakienne d'Al-Qaïda, a annoncé que le Front Nousra, le groupe djihadiste qui prend de plus en plus de place sur le terrain de l'insurrection en Syrie, est une de ses branches.
Al-Qaïda irakienne annonce même une fusion entre les deux groupes et un changement de nomination. Le groupe fusionné s'appellera désormais L'État islamique d'Irak et du Levant.
L'annonce a été faite par le chef de l'organisation irakienne Abou Bakr al-Baghdadi.
Le Front Nousra a semé depuis son apparition en Syrie la confusion parmi les différents groupes d'opposition qui s'activent sur le terrain. Certains le rejettent tandis que d'autres le soutiennent.
Lorsque les États-Unis ont annoncé l'inscription du groupe dans la liste des groupes terroristes, le président de la coalition de l'opposition syrienne Moaz al-Khatib avait critiqué la décision américaine.
Après l'annonce de cette fusion, le porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL), Louaï Meqdad, a reconnu que certaines brigades de son organisation coopèrent avec Nousra dans certaines opérations tout en rejetant l'idéologie du groupe.
« C'est une coopération tactique et ponctuelle », a-t-il affirmé.
Que fera la France?
L'annonce de la fusion a également semé la confusion chez les Français qui ont annoncé leur intention, avec les Britanniques, de vouloir fournir des armes aux rebelles.
Paris a dit vouloir discuter avec ses partenaires européens et au Conseil de sécurité de l'ONU d'un éventuel classement de ce groupe comme « organisation terroriste ».
Par ailleurs, cette annonce a donné des munitions au gouvernement syrien qui qualifie les rebelles de terroristes. Damas a immédiatement réagi par le biais de l'agence officielle Sana.
« Ce parrainage est un test pour la crédibilité de l'ONU, du Conseil de sécurité et des pays indépendants : ils doivent choisir entre l'alignement sur le terrorisme représenté par Al-Qaïda et le droit du peuple syrien et de son gouvernement à combattre le terrorisme », lit-on dans le communiqué.
Kerry rencontre l'opposition
Le chef du département d'État américain John Kerry doit rencontrer des représentants de l'opposition syrienne à Londres en marge d'une rencontre du G8.
M. Kerry a réitéré préférer une solution diplomatique en Syrie, tout en reconnaissant les difficultés, car « le président Assad n'est pas prêt à transférer cette autorité ».
Par ailleurs, selon Al-Arabiya, l'opposition syrienne envisage d'entamer des démarches en vue de l'obtention du siège de la Syrie à l'ONU. Il y a quelques jours, la Ligue arabe sous l'impulsion du Qatar a attribué le siège de la Syrie à l'opposition.
Cependant, les Américains, selon des diplomates cités par la chaîne arabe, s'opposeront à cette démarche.
Le conflit, qui ravage le pays depuis plus de deux ans a fait selon l'ONU plus de 70 000 morts, 1,2 million de réfugiés et 4 millions de déplacés.