Brandissant la menace de poursuites judiciaires, lundi, le Grand Conseil des Cris a pressé le gouvernement du Québec de négocier une entente concernant l'évaluation environnementale de l'uranium.
Le grand chef Matthew Coon Come a rappelé dans une entrevue à La Presse Canadienne que le Bureau d'audiences publiques en environnement (BAPE) n'a pas juridiction sur le territoire au nord du 49e parallèle.
M. Coon Come a soutenu que le comité consultatif pour l'environnement de la Baie James est l'instance toute désignée par la convention qui régit le nord québécois.
Les Cris sont disposés à s'entendre avec Québec pour permettre au BAPE de poursuivre ses travaux, qui doivent porter sur la filière uranifère à travers la province.
Mais M. Coon Come a déploré que le gouvernement du Québec n'ait pas encore donné suite aux demandes de négociation des Cris.
« Nous comprenons que Québec ait des raisons d'utiliser une approche différente concernant l'évaluation de l'uranium et le processus de consultation, puisqu'il s'agit d'une procédure panquébécoise, a-t-il dit. Mais nous croyons que le Québec ne peut pas simplement ignorer le cadre légal établi par la CBJNQ. »
Le leader autochtone a affirmé qu'à défaut d'entente, les Cris sont prêts à porter leur cause devant les tribunaux pour faire valoir la Convention de la Baie James et du Nord québécois (CBJNQ).
À la fin du mois dernier, le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, a annoncé qu'il mandatait le BAPE pour un examen complet de la filière de l'uranium.
Les Cris, opposés à l'exploitation de ce métal radioactif, ont accueilli positivement la démarche. Le directeur général du Grand Conseil, Bill Namagoose, avait cependant précisé que des commissaires autochtones doivent être associés à la démarche.
M. Coon Come n'a pas précisé ses demandes mais il a spécifié que les Cris ne se satisferont pas d'un simple statut de participant au processus d'évaluation du BAPE.
« Nous les Cris, nous ne sommes pas qu'un simple groupe d'intervenants, pour notre territoire d'Eeyou Istchee, a-t-il dit. Nous avons des droits spéciaux, nous avons une relations de nation à nation avec le Québec. Ce statut s'incarne dans la CBJNQ et doit se traduire dans le processus d'examen de l'uranium. »
Selon le grand chef, une entente pourrait se conclure en un mois. M. Coon Come a affirmé que M. Blanchet s'est déjà engagé à le rencontrer prochainement.
Le cabinet du ministre a indiqué qu'une « attention particulière » est portée à la « participation des Cris au processus de consultation et d'évaluation environnementale ».
Le directeur général du groupe écologiste Nature Québec, Christian Simard, a estimé que plusieurs formules sont possibles, dont un BAPE conjoint avec les Cris.
« Le BAPE va pouvoir agir, a-t-il dit. Est-ce qu'il va pouvoir agir en territoire cri ou non, ça dépendra si une entente est conclue entre les Cris et le gouvernement, a-t-il dit. Il est clair que les Cris étant opposés à l'uranium, ils ne veulent pas avoir à se soumettre à ce processus à moins d'une entente formelle. »