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Une fuite de pétrole en Arkansas donne des munitions aux opposants de Keystone XL

Une fuite de pétrole en Arkansas donne des munitions aux opposants de Keystone XL

Une fuite de pétrole brut d'un oléoduc de la société ExxonMobil en Arkansas survient à un moment particulièrement mauvais pour l'entreprise canadienne qui espère réaliser le controversé projet d'oléoduc Keystone XL au coeur des États-Unis.

TransCanada Corp. (TSX:TRP) espère avoir entamé le sprint final d'un processus, amorcé il y a plusieurs années, visant à obtenir l'approbation du gouvernement américain pour son projet de plusieurs milliards de dollars, qui a été attaqué par des groupes écologistes qui craignent des répercussions négatives sur les sources d'eau douce et les changements climatiques, entre autres.

Ce déversement de l'oléoduc Pegasus d'ExxonMobil est vraisemblablement la dernière chose dont avait besoin TransCanada, alors que le département d'État américain doit rendre une décision sans appel dans quelques mois, après de nombreux délais, croit Warren Mabee, un professeur à l'Université Queen.

Selon M. Mabee, l'incident survenu en Arkansas viendra s'ajouter à la liste « d'événements à connotation négative que devra surmonter Keystone, voulant que ces oléoducs ne soient peut-être pas aussi sécuritaires qu'on le dit ».

M. Mabee croit que la fuite de l'oléoduc Pegasus ne change en rien les éléments de sécurité du projet Keystone XL, mais elle cause de « gros problèmes » sur le plan politique.

En fait, M. Mabee est d'avis qu'en se concentrant uniquement sur les faits, la décision serait favorable à Keystone et le projet serait approuvé. « Si vous avez un président ou un département d'État qui a besoin d'un prétexte pour retenir un projet ou en justifier son annulation, (cet incident) cadre parfaitement dans ce raisonnement, malheureusement », note M. Mabee.

Jim Murphy, conseiller principal à la Fédération nationale de la faune, est d'avis que le déversement du Pegasus fournit une « désolante image » des risques associés aux oléoducs.

« Ça fait certainement ressortir le scénario cauchemardesque qui circule dans l'esprit de bien des gens au sujet de Keystone XL », estime-t-il.

En Arkansas, il semble, pour l'instant, que le pétrole n'a pas encore atteint une seule source majeure d'eau dans la région, a déclaré M. Murphy.

« Nous souhaitons certainement qu'il n'y ait pas d'impact sur l'eau, mais le fait qu'autant de pétrole ait pu se déverser si près d'importantes sources d'eau démontre, à mes yeux, que si l'huile ne s'y rend pas, c'est plus lié à la chance qu'autre chose. »

L'oléoduc Pegasus transporte 96 000 barils par jour de Patoka en Illinois - une importante destination pour le brut canadien, incluant celui issu des sables bitumineux - vers la côte du golfe du Mexique. Mais ce n'est rien à comparer de Keystone XL, dont la capacité initiale a été évaluée à 830 000 barils par jour.

En date de lundi, selon des responsables d'ExxonMobil, 12 000 barils de pétrole et d'eau ont été récupérés et les équipes sur place continuaient le nettoyage. L'entreprise dit que « quelques milliers » de barils de pétrole ont été repérés dans la région, mais qu'elle est prête à réagir à une fuite de 10 000 barils.

La société travaille sur un plan visant à excaver et retirer l'oléoduc endommagé. Il y a près de trois ans, un déversement d'un oléoduc de la société Enbridge Inc. (TSX:ENB), dans le sud de l'État du Michigan, avait causé des dégâts à la rivière Kalamazoo.

Le projet Keystone XL, évalué à 5,3 milliards de dollars, doit transporter du pétrole brut de l'Alberta jusqu'au Midwest américain et dans l'État du Nebraska, et être rattaché à un autre oléoduc en construction entre les États de l'Oklahoma et du Texas, et dont les coûts sont estimés à 2,3 milliards.

À l'origine, ces deux oléoducs faisaient partie d'un seul projet, mais TransCanada a décidé de les séparer après que Washington eut rejeté sa première proposition l'an dernier.

TransCanada a soumis un nouveau projet, avec un tracé différent dans le Nebraska, où on craignait que des dommages ne soient causés à un fragile écosystème de dunes sableuses et qu'il menace un important réservoir aquifère.

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