EN DIRECT -L'ex-argentier d'Union Montréal est interrogé par le procureur en chef adjoint Denis Gallant sur son travail d'organisateur politique et sur son talent à développer de forts réseaux de contacts, une force lorsqu'il s'agit de faire du financement. Mais il a d'abord commencé son témoignage en niant avoir demandé à SNC-Lavalin de payer une facture de 75 000 $ de Morrow Communications.
« Je suis pas mal bon organisateur, mais je suis mauvais administrateur », a fait valoir Bernard Trépanier.
Le procureur Gallant porte une attention toute spéciale aux relations incestueuses qu'ont entretenu Bernard Trépanier, l'ex-président du comité exécutif Frank Zampino et l'ex-directeur de la réalisation des travaux, Robert Marcil, eu égard au système de collusion des firmes de génie-conseil décrit par plusieurs témoins.
« À quoi vous servait M. Marcil ? » demande la commissaire Charbonneau. « Il était celui qui savait vers quelle date s'en venaient les projets (de travaux publics) qui seraient amenés à l'exécutif », a-t-il répondu. Il transmettait alors l'information aux firmes de génie pour qu'elles commencent à monter leur consortium. Il soutient cependant qu'il ne savait pas les montants des projets à venir : « Je n'ai jamais eu de M. Marcil le montant du projet qui s'en venait ».
Le procureur en chef adjoint, Denis Gallant, a souligné hier en fin de journée que Bernard Trépanier parlait toujours à ces deux hommes dans les heures précédant ou suivant la tenue d'un comité de sélection auquel siégeait Robert Marcil. D'autres appels à Rosaire Sauriol, alors vice-président de Dessau, et à Michel Lalonde, PDG du groupe Génius, seront aussi étudiés.
Des registres téléphoniques présentés par la commission mercredi ont montré que Bernard Trépanier a parlé:
- 1808 fois avec Frank Zampino entre janvier 2005 et janvier 2011;
- 984 fois à Michel Lalonde entre janvier 2005 et mai 2010;
- 775 fois à Rosaire Sauriol entre janvier 2005 et novembre 2009;
- 195 fois à Robert Marcil entre janvier 2006 et juillet 2009.
La commission a déjà établi que Robert Marcil a participé à 17 comités de sélection entre août 2007 et juin 2009, un phénomène intriguant dans la mesure où ses responsabilités à la Ville venaient d'augmenter. Elle l'avait d'ailleurs longuement interrogé sur les nombreux appels qu'il effectuait à Bernard Trépanier ou à Michel Lalonde à cette occasion.
Robert Marcil avait dit ne pas avoir de souvenir d'avoir transmis des résultats de comités de sélection à Bernard Trépanier : « Si je me souviens pas, je ne peux pas affirmer oui, je ne peux pas affirmer non. [...] Je ne veux pas me compromettre [...] Je suis dans l'incertitude . » La commissaire Charbonneau était alors sortie de ses gonds en lui demandant s'il était « imbécile ou incompétent ».
Michel Lalonde a expliqué à la commission en janvier qu'il avait coordonné un système de collusion en vertu duquel toutes les grandes firmes de génie-conseil se répartissaient les grands contrats publics de la Ville en échange d'une ristourne de 3 % versée à Union Montréal par l'entremise de Bernard Trépanier. L'existence de ce système a été par la suite confirmée par quatre hauts dirigeants de firmes de génie qui ont témoignés devant la commission.
Le directeur du financement a formellement nié que ce système ait existé mercredi.