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Jeudi saint inédit : le pape François lave les pieds de détenus

Jeudi saint inédit : le pape François lave les pieds de détenus

Après avoir exhorté les prêtres à redynamiser leur sacerdoce et à se rendre à la rencontre des plus pauvres de leurs ouailles, le pape François a prêché par l'exemple en se rendant dans un centre de détention jeudi pour effectuer le rituel du lavement des pieds.

Il a ainsi doublement rompu avec la tradition en effectuant ce rituel à l'extérieur d'une basilique et en lavant les pieds de deux jeunes femmes, l'une Italienne et catholique, et l'autre Serbe et musulmane.

Tout comme le Christ dans l'Évangile, qui lave les pieds de ses disciples le jour de la dernière Cène, le pape de 76 ans a choisi de l'imiter en lavant les pieds de 12 détenus au centre de détention Casal del Marmo, en banlieue de Rome.

La prison accueille 46 jeunes hommes et femmes, dont plusieurs sont des gitans ou des migrants nord-africains.

Au risque d'irriter les traditionalistes, le pape observe une simplicité fidèle à celle de Saint-François-d'Assise, qui lui a inspiré son nom de pape. En plus de laver les pieds de détenus, il a déjà renoncé à porter la mosette rouge de pape, gardé sa croix d'archevêque en fer et refusé la voiture officielle du Vatican.

De plus, il réside toujours à la résidence Sainte-Marthe, là où demeuraient les cardinaux pendant le conclave, plutôt que dans l'appartement pontifical, plus luxueux.

Secouer les « bons pasteurs »

Avant de procéder au rituel du lavement des pieds, le pape a profité de la messe du Jeudi saint - qui sert traditionnellement à inculquer les grandes orientations de l'Église - pour inviter les prêtres à redynamiser leurs offices religieux.

Devant 1600 prêtres réunis à la basilique Saint-Pierre, François a fustigé ceux qui se transforment en « gestionnaires ». Il a déploré que certains prêtres « finissent par être tristes et convertis en collectionneurs d'antiquités ou de nouveautés » et les a tenus responsables de la sécularisation massive de la société.

« Le prêtre qui ne sort pas de lui-même, au lieu d'être un médiateur, se convertit peu à peu en intermédiaire, en gestionnaire », a déclaré Sa Sainteté. « Nous connaissons la différence. Les intermédiaires, les gestionnaires ne paient pas d'eux-mêmes, ni de leur coeur [...] et ne reçoivent pas non plus un merci affectueux qui vient du coeur. »

Élu il y a deux semaines pour succéder au pape démissionnaire Benoit XVI, le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio a exhorté les prêtres à reprendre un rôle de guide, insistant pour qu'ils « soient des pasteurs pénétrés de l'odeur de leurs brebis, pasteurs au milieu de leur propre troupeau ».

Recourant ainsi à la métaphore du bon berger de l'Évangile, il a insisté sur le rôle que les prêtres doivent jouer dans la société. À l'image du berger qui s'occupe de chacune de ses brebis, le « bon pasteur » doit se rendre à la rencontre de chacune de ses ouailles, et ce, même dans les milieux hostiles où les gens « n'ont rien de rien ».

Le pape souhaite ainsi juguler la « crise d'identité sacerdotale qui, a-t-il dit, nous menace tous ». Il a invité les prêtres à ne pas se déconnecter du monde : « Nos fidèles apprécient l'Évangile [...] lorsqu'Il arrive jusqu'à leur vie quotidienne, lorsqu'Il illumine les situations limites, où le peuple fidèle est exposé à l'invasion de ceux qui veulent saccager sa foi ».

Le pape a célébré la messe du Jeudi saint, la première des sept cérémonies pascales. Les célébrations prendront fin avec la bénédiction « Urbi et orbi », le dimanche de Pâques.

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