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Conseil du statut de la femme: pas de femmes sur les chantiers, pas de contrats publics

Conseil du statut de la femme: pas de femmes sur les chantiers, pas de contrats publics
Radio-Canada.ca

Les entreprises en construction qui désirent obtenir des contrats publics devraient être tenues d'embaucher un minimum de 3 % de femmes, recommande le Conseil du statut de la femme dans un avis publié mardi.

Le Conseil souhaite aussi que les entreprises reconnues coupables de harcèlement, de discrimination ou d'atteintes aux droits fondamentaux des travailleuses se voient révoquer leur permis pour l'obtention d'un contrat public par l'Autorité des marchés financiers.

En 2011, seulement 1,3 % des employés de l'industrie étaient des femmes au Québec, ce qui place la province au dernier rang. En comparaison, les chantiers albertains comptaient 5,9 % de femmes.

« Les mesures incitatives » n'ont « pas fonctionné. » « Il est plus que temps de donner un coup de barre », argue le Conseil.

Le Conseil souhaiterait que d'ici trois ans, l'industrie de la construction compte un minimum de 3 % de femmes parmi ses travailleurs, soit l'équivalent de la moyenne canadienne, d'ici trois ans.

En outre, l'avis révèle qu'à cause de la discrimination omniprésente, les femmes de l'industrie ont plus de difficulté à atteindre un statut de « compagnon ». Puisqu'elles travaillent moins d'heures, elles finissent l'année avec un salaire annuel plus bas, même si le salaire horaire est fixe.

L'avis du Conseil, intitulé Une mixité en chantier - Les femmes dans les métiers de la construction, révèle qu'en plus d'être peu nombreuses, les quelques femmes qui oeuvrent dans le milieu de la construction ont la vie dure. D'ailleurs 62 % des femmes quittent les chantiers après cinq de travail et n'y remettent plus jamais les pieds, essentiellement à cause de la discrimination dont elles sont victimes. Ce chiffre s'élève à 36 % du côté des hommes.

L'argument de la force physique

Au Québec, le secteur de la construction serait « le plus traditionnellement masculin », comptant un taux de 98,7 % d'hommes et cultivant des valeurs de « virilité », où la femme est « perçue comme une menace ».

Non seulement on leur offre moins de travail, mais les femmes sont souvent « cantonnées dans quelques métiers, pour la plupart en rapport avec des tâches de finition ou de décoration, qui exigent de la minutie et un certain sens de l'esthétique, des qualités que l'on attribue traditionnellement aux femmes », selon une étude citée dans l'avis.

L'argument le plus souvent invoqué pour éviter d'embaucher une femme est le manque de force physique, mais selon l'étude et le recensement réalisés par le Conseil, il s'agirait d'un stéréotype qui a peu à voir avec la réalité, puisque « la majorité des travailleuses peut effectuer la plupart des tâches exigées des hommes dans un métier traditionnellement masculin ».

« Contrairement à ce que certains mythes véhiculent, les exigences liées à la force physique ne constituent pas un motif d'abandon pour la majorité des travailleuses de la construction interrogées à l'occasion d'un sondage réalisé par la CCQ en 2004. »

« Les difficultés que vivent les femmes dans les métiers non traditionnels sont davantage liées aux relations interpersonnelles qu'aux tâches à accomplir. [...] Se faire répéter qu'elles ne sont pas à leur place mine leur moral et les épuise psychologiquement, » explique Francine Burnonville, sociologue et une des auteures citées dans l'avis.

Or, le milieu des chantiers peut difficilement se passer de main-d'uvre, car, bien qu'il s'agisse d'un secteur économique « en plein essor », il peine à retenir ses travailleurs masculins comme féminins, indique l'avis.