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Budget Flaherty : beaucoup de demandes, faible marge de manoeuvre

Budget Flaherty : beaucoup de demandes, faible marge de manoeuvre

Un texte de Stéphane Bordeleau

Les attentes envers le prochain exercice budgétaire du gouvernement Harper sont aussi nombreuses que variées au Canada. Autant les provinces que les citoyens se demandent où le ministre des Finances, Jim Flaherty, trouvera les 2 milliards de dollars de revenus qui manquent dans les coffres de l'État en raison d'une croissance du PIB moins élevée que prévu.

Pour équilibrer ses finances et respecter l'atteinte du déficit zéro en 2015, comme l'a promis son gouvernement, Jim Flaherty doit restreindre encore ses dépenses. Bien qu'il ait promis récemment aux Canadiens de préserver les transferts aux provinces et de ne pas augmenter les impôts, le ministre des Finances devra trouver ces 2 milliards de dollars dans ses propres dépenses.

Selon les analystes, le ministre pourrait geler ou réduire le financement de certains programmes, reporter des investissements ou éliminer des avantages fiscaux aux entreprises.

Un scénario qui crée de l'inquiétude notamment chez les gouvernements provinciaux qui redoutent de faire les frais des mesures d'assainissement budgétaire d'Ottawa.

Les provinces sur leurs gardes

C'est le cas du ministre québécois des Finances, Nicolas Marceau qui craint notamment pour l'avenir de l'entente sur la main d'uvre qui vient à échéance l'an prochain. Cette entente prévoit notamment le versement de 116 millions de dollars par année au Québec pour des mesures d'employabilité. Nicolas Marceau redoute en fait qu'Ottawa ne s'ingère dans la gestion de ces sommes actuellement gérées par Québec.

Le gouvernement du Québec exhorte aussi Ottawa à maintenir le programme d'infrastructures Chantiers Canada qui arrivera aussi à échéance en 2014. Le gouvernement Marois espère obtenir près de 4 milliards de dollars de ce programme au cours des sept prochaines années.

En fait, Québec redoute surtout que de nouvelles mesures d'austérités financières à Ottawa ne nuisent à ses propres efforts pour atteindre le déficit zéro en 2014.

L'Ontario craint pour ses programmes

Le gouvernement de l'Ontario craint de son côté la fin de plusieurs programmes fédéraux, notamment des programmes qui touchent à l'aide au logement social, l'aide au salaire des policiers et la formation des chômeurs.

Comme chez son voisin québécois, le ministre ontarien de l'Économie, Eric Hoskins, craint que d'éventuelles coupures fédérales ne creusent davantage le déficit de la province. Tout comme au Québec, plusieurs programmes fédéraux arrivent à échéance bientôt en Ontario et Queen's Park redoute qu'ils soient réduits ou non reconduite par le gouvernement fédéral. Des craintes auxquelles s'ajoute une nouvelle formule de transferts fédéraux en santé qui privera dès l'an prochain l'Ontario de plusieurs centaines de millions de dollars.

Rappelant à Ottawa l'importance des infrastructures au Canada, le gouvernement ontarien demande une Stratégie nationale sur le transport.

Le Nouveau-Brunswick tient à la formation professionnelle

À Frédériction, le gouvernement néo-brunswickois attend aussi impatiemment de voir ce qu'il adviendra des 2 milliards de dollars qu'accorde chaque année Ottawa aux provinces pour la formation professionnelle des travailleurs.

« Il faudrait vraiment que le fédéral voie à ce qu'il y ait assez de flexibilité dans le programme pour faire en sorte que chacune des provinces puisse en tirer ce dont elle a besoin pour les défis qu'elle a », recommande Anne Hébert, du Conseil économique du Nouveau-Brunswick.

Personne ne sait pour l'instant ce qu'il adviendra lorsque le ministre fédéral des Finances présentera son budget, jeudi.

« Je n'en sais pas plus que ce que la population du Nouveau-Brunswick sait. On va le savoir quand le budget va être annoncé. On travaille avec la ministre Finley pour [être] sûr que les fonds que nous recevons aujourd'hui continuent à venir dans la province », affirmait plus tôt cette semaine le ministre de la Formation du Nouveau-Brunswick, Danny Soucy.

L'opposition redoute l'effet de nouvelles mesures d'austérité

Le maintien du financement des infrastructures par le gouvernement Haper préoccupe également l'opposition officielle à la Chambre des communes.

Selon le Nouveau Parti démocratique, le gouvernement conservateur ne doit pas freiner l'activité économique du Canada en imposant de nouvelles mesures d'austérité qui ne serviront qu'à équilibrer les finances du gouvernement avant les prochaines élections fédérales.

« On va payer davantage que pour l'objectif arbitraire à atteindre en 2015. Le choix que le gouvernement fait, s'il le fait pour le bien commun, doit être d'investir pour stimuler l'économie et non pas d'effectuer des compressions pour en arriver à atteindre un objectif auquel le gouvernement tient mordicus malgré tous les évidences que cela va nuire à la société », a déclaré lundi dernier le porte-parole du NPD en matière de Finances, Guy Caron.

Les néo-démocrates demandent au gouvernement d'investir plutôt à long terme dans les infrastructures et de créer des emplois, chez les jeunes en particulier, tout en soutenant les PME.

La création d'emplois d'abord, plaident les TCA

Tout comme le NPD, le syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA) exhorte le ministre Flaherty à stimuler avant tout la création d'emploi la création plutôt qu'à réduire une fois de plus ses dépenses.

« La dette publique du Canada est faible, comparativement à ce que nous avons connu dans le passé et aux problèmes de dette auxquels sont confrontées d'autres régions, telles que l'Europe », a déclaré le président national des TCA, Ken Lewenza, dans un communiqué.

Assurance emploi

Ken Lewenza demande également au gouvernement « d'abandonner les règlements inconsidérés et punitifs de l'assurance-emploi, qui punissent les victimes du chômage au moyen d'exigences de vérification et de réinstallation sans précédent ».

Les fonctionnaires fédéraux protègent leurs acquis

L'évocation par le ministre Flaherty de nouvelles réductions de dépenses préoccupe également les syndicats qui représentent les employés de la fonction publique qui craignent une fois de plus d'être la cible du gouvernement Harper.

Selon les syndicats, le gouvernement fédéral pourrait cette fois sabrer les congés de maladie et d'invalidité à long terme.

L'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) s'y oppose fermement.

L'Alliance et d'autres syndicats accusent également les conservateurs de manipuler l'opinion publique contre la fonction publique.

Un rapport dévoilé l'été dernier par le Conseil du Trésor révélait en effet que le taux d'absentéisme chez les fonctionnaires fédéraux bat des records et représenterait une perte d'un milliard de dollars par année.

Un texte de Stéphane Bordeleau

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