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Immigration: téléréalité controversée à Ottawa

Immigration: téléréalité controversée à Ottawa
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L'approbation pour qu'une descente d'agents de l'immigration canadienne soit filmée par une émission de téléréalité est venue directement du gouvernement fédéral, selon des documents obtenus par une femme de Vancouver interrogée par CBC.

Helesia Luke, qui a déjà travaillé en production télévisuelle et oeuvre aujourd'hui avec des organismes à but non lucratif, raconte qu'elle a été troublée par la nouvelle qu'une descente des agents de l'immigration avait été filmée, mercredi. Elle a donc décidé de demander à consulter l'accord de production au gouvernement fédéral.

Le document, qu'elle a reçu en quelques heures, souligne le désir de la maison de production Force Four Entertainment de discuter avec l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) pour produire une série télé sur la sécurité à la frontière au pays.

Le document a été préparé pour le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, et il porte sa signature ainsi que son approbation. Il mentionne aussi qu'une personne du bureau du premier ministre, des membres du personnel du ministre Toews, ainsi que des hauts cadres et les services juridiques de l'ASFC ont visionné un extrait de démonstration fourni par Force Four Entertainment.

Une descente pas « orchestrée pour les caméras »

Le document évoque aussi comment l'émission Border Security (« Sécurité à la frontière ») serait une occasion de propager des messages et démontrer l'engagement du Canada envers la sécurité frontalière.

Dans une déclaration transmise aux médias vendredi, le président de la maison de production, Rob Bromley, a indiqué que Border Security est une série documentaire qui suit des protocoles stricts. Selon M. Bromley, l'équipe de tournage qui était à l'opération du 13 mars filmait des événements qui auraient eu lieu de toute façon.

« La situation n'a en aucun cas été orchestrée pour les caméras, et personne ne peut être identifié dans le cadre de la série, sans sa permission écrite », peut-on lire dans la déclaration.

Dans une autre déclaration, la compagnie a précisé que, dans un cas, un membre de son équipe avait demandé le consentement écrit, après qu'un prévenu eut été appréhendé par l'ASFC, sans la présence d'un agent. La compagnie a aussi assuré que les formulaires de consentement étaient disponibles dans 16 langues différentes.

En ce qui a trait aux coûts et aux sommes engagées par Ottawa dans ce projet, tous les passages qui abordaient cette question dans les documents que nous avons consultés étaient caviardés.

Le dernier mot va à l'ASFC

L'accord de production mentionne de quelle façon une éventuelle mauvaise image de l'ASFC pourrait être adoucie par un certain nombre d'approbations fédérales obtenues avant diffusion. Le document stipule que l'Agence doit approuver chaque segment d'émission et peut les retenir pour différentes raisons, dont des atteintes à la confidentialité ou des raisons de sécurité nationale.

Le document décrit les coûts reliés aux heures de travail du personnel comme étant « non négligeables », mais les lignes suivantes semblent avoir été caviardées.

Le ministre de la Sécurité publique n'a pas fait de déclaration publique à propos de l'émission.

L'opposition parle de propagande

Dans les rangs de l'opposition officielle, on s'interroge sur les raisons d'impliquer les services d'immigration canadiens dans cette téléréalité. Selon le NPD, le gouvernement Harper dispose déjà de budgets de publicité pour informer la population, si c'était bel et bien ce qu'il voulait faire.

« C'est peut-être en même temps de se servir de la télé, de cette téléréalité comme propagande politique, et ça, ce n'est absolument pas normal et c'est inacceptable », a déclaré la porte-parole adjointe du NPD en matière d'immigration, Sadia Groguhé.

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