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Jutra: Rebelle sort gagnant de la soirée (VIDÉO/PHOTOS/TWITTER)

Jutra: Rebelle sort gagnant de la soirée (PHOTOS/TWITTER)

Le film "Rebelle" a réalisé un score presque parfait en raflant huit des neuf statuettes qu'il courait la chance de remporter lors de la 15e cérémonie des Jutra dimanche soir à Montréal, une soirée riche en émotions grâce à des discours touchants de Rachel Mwanza et de Michel Côté.

Meilleur film, meilleure actrice, meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleur acteur de soutien: sans surprise, le long métrage de Kim Nguyen a remporté la mise dans les catégories de pointe, en plus d'être primé pour son montage, sa direction de la photographie et pour le son.

"C'est mon premier Jutra, wouhou!", s'est exclamé Kim Nguyen lorsqu'il est venu cueillir sa première statuette, sachant fort bien qu'il ne s'agirait pas de la dernière.

Le scénario était prévisible _ après tout, un film nommé aux Oscar peut difficilement rater son coup aux Jutra, comme l'ont prouvé "Incendies" et "Monsieur Lazhar" lors des deux derniers galas, avec respectivement neuf et sept gains.

Sacrée meilleure actrice, la Congolaise Rachel Mwanza a éprouvé de la difficulté à prononcer son discours de remerciements _ on a même cru, à un moment, qu'elle allait perdre connaissance.

"Il y avait tellement plein de lumières, et les gens qui me regardaient (...) C'est pas aussi simple que quand on le voit (à la télévision)", a lancé la jeune femme âgée de 16 ans dans la salle de presse, une fois remise de ses émotions.

Rachel Mwanza doit rentrer au bercail mardi, après avoir participé aux cérémonies des Oscar, des Écrans canadiens et des Jutra. Ce qu'elle a préféré du Québec? Ses habitants, pour leur accueil chaleureux, mais aussi le fait qu'"un homme (puisse aimer) un homme", ce qui n'est "pas normal" en République démocratique du Congo.

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Jutra 2013: les gagnants

"Rebelle" a largement eu le dessus sur la production "Laurence Anyways" qui dominait pourtant au chapitre des mises en nomination. L'oeuvre de Xavier Dolan est repartie avec trois statuettes sur une possibilité de 10 (meilleure direction artistique, meilleur maquillage, meilleure coiffure). L'esthétisme du film a visiblement plu aux votants.

Le grand perdant de cette grande fête du cinéma québécois est sans contredit "L'affaire Dumont", qui a fait chou blanc dans les huit catégories où il avait été sélectionné.

Les sorties médiatiques controversées de la victime présumée de Michel Dumont, campé au grand écran par Marc-André Grondin, ont-elles pu jouer en la défaveur du film, comme les volées de bois vert de la CIA auraient, semble-t-il, plombé les chances de "Zero Dark Thirty" au sud de la frontière?

"Je pense que c'est un peu le même phénomène, oui", a suggéré Podz sur le tapis rouge, sans toutefois montrer la moindre amertume.

Le réalisateur Rafaël Ouellet a eu la main plus heureuse. Avec ses deux statuettes, son "Camion" a fait belle figure. Avant de pénétrer dans la salle Pierre-Mercure, le réalisateur avait formulé le souhait de l'emporter dans les catégories du meilleur acteur et de la meilleure musique. Quelqu'un, quelque part, l'a entendu.

Car Julien Poulin, le personnage inspiré du père camionneur de Rafaël Ouellet, a notamment coiffé au poteau Marc-André Grondin et Gabriel Arcand dans la catégorie du meilleur acteur.

"Le sujet de ce film-là m'a beaucoup interpellé. J'étais touché parce que c'était un jeune homme qui faisait un film sur la paternité", a exposé M. Poulin avec émotion dans la salle de presse.

Les chemins empruntés par le cinéma québécois, au cours des dernières années, ont dépassé les frontières du Québec. Les lauréats dans les catégories des meilleurs acteurs de soutien en témoignent.

En début de soirée, deux jeunes artistes étrangers ont remporté les grands honneurs: Sabrina Ouazani, la Palestinienne enceinte que l'on a vue dans "Inch'Allah", et Serge Kanyinda, le jeune enfant-soldat "Magicien" de "Rebelle".

"C'est hyper étrange (de gagner), mais en fait, je suis hyper contente, parce que j'ai vraiment eu un coup de coeur pour le Québec. J'espère vite y revenir", a lancé Mme Ouazani dans la salle de presse en s'accrochant à sa statuette dorée.

Serge Kanyinda n'étant pas sur place, sa partenaire de jeu et compatriote Rachel Mwanza est montée sur scène pour accepter la statuette.

Les longs métrages "Ésimésac" (meilleurs costumes) et "Monsieur Lazhar" (film s'étant le plus illustré à l'extérieur du Québec) ont également été récompensés dimanche soir.

Boudé par les Jutra et tourné en dérision en étant sacré "meilleur pire film" au gala des Aurore de l'émission "Infoman", le film "Omertà" a néanmoins hérité du Billet d'or, prix remis au film ayant généré le plus de recettes aux guichets du Québec.

Son réalisateur Luc Dionne a tenu à minimiser le tout.

"Il y a 300 000 personnes qui sont allées voir ce film-là, a-t-il fait valoir. J'espère que ce ne sont pas 300 000 imbéciles! Je pense qu'il y a beaucoup de jalousie là-dedans", a-t-il lancé, invité à commenter les honneurs peu flatteurs ayant été décernés à son oeuvre.

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Le récipiendaire du Jutra hommage, Michel Côté, a eu droit à toute une accolade dimanche soir. Assis dans la salle, l'acteur pleurait à chaudes larmes en voyant ses collègues Marc Messier, Jean-Marc Vallée et Rémy Girard, entre autres, défiler à l'écran et sur scène afin de chanter ses louanges.

Il en a sans doute ému plusieurs en prononçant son discours de remerciements, au cours duquel il a évoqué son parcours de carrière et l'importance de sa famille _ notamment celle de sa conjointe de longue date, la comédienne Véronique Le Flaguais, qu'il a juré de "protéger encore longtemps".

Le comédien, lauréat du Jutra du meilleur acteur pour son rôle remarqué dans le film "C.R.A.Z.Y." (2005), a également abordé de front la question de la crise du cinéma québécois, qui a vu ses parts de marché fondre comme neige au soleil en 2012.

Certes, a-t-il lancé, le rayonnement de l'industrie à l'étranger est réjouissant, mais il est inquiétant de constater qu'il ne suscite pas la "curiosité" auprès du public québécois. C'est à l'industrie que revient la responsabilité de raviver la flamme, a-t-il tranché.

L'animation de la soirée avait été confiée à Rémy Girard, qui revenait à la barre des Jutra après en avoir été le tout premier maître de cérémonie. Il ne s'est pas privé pour décocher quelques flèches aux détracteurs du cinéma d'auteur québécois _ Vincent Guzzo, pour ne pas le nommer, a notamment eu droit à certaines railleries.

"Moi, je ne connais pas M. Guzzo. Je ne connais pas l'industrie, je sais que c'est un gros défi de vendre des films, mais une chose dont je suis certain, c'est que personne n'a la compétence pour dire quel film va marcher", a proposé Kim Nguyen à l'issue de la cérémonie.

"Je pense qu'il faut suivre nos 'tripes' en bout de ligne et faire les meilleurs films que l'on peut."

Les gagnants

Meilleur film: Rebelle

Meilleur acteur: Julien Poulin (Camion)

Meilleure actrice: Rachel Mwanza (Rebelle)

Meilleure réalisation: Kim Nguyen (Rebelle)

Meilleure musique originale: Viviane Audet, Robin-Joël Cool, Éric West-Millette (Camion)

Meilleur documentaire: Over my dead body

Meilleur court ou moyen métrage de fiction: Là où je suis

Meilleur montage: Richard Comeau (Rebelle)

Meilleure photographie : Nicolas Bolduc (Rebelle)

Melleur scénario : Kim Nguyen (Rebelle)

Meilleur court/moyen métrage d'animation : Bydlo

Meilleur acteur de soutien : Serge Kanyinda (Rebelle)

Meilleure actrice de soutien : Sabrina Ouazani (Inch'Allah)

Meilleurs costumes : Carmen Alie (Ésimésac)

Meilleure direction artistique : Anne Pritchard (Laurence anyways)

Meilleure coiffure : Michelle Côté et Martin Lapointe (Laurence anyways)

Meilleur maquillage : Kathy Kelso et Colleen Quinton (Laurence anyways)

Meilleur son : Rebelle

Film s'étant le plus illustré à l'extérieur du Québec : Monsieur Lazhar

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