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Comment sauver son cerveau des effets néfastes du multitâche? (ENTREVUE)

Comment sauver son cerveau des effets néfastes du multitâche?
light bulbs as ideas in a man's ...
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Avec l’avènement d’Internet et des téléphones intelligents, plusieurs contraintes physiques ont disparu. Nous pouvons désormais prendre un café, discuter entre amis, magasiner sur Internet, regarder des bandes-annonces et suivre le quotidien de nos contacts sur les réseaux sociaux, en étant dans tous les contextes à la fois.

À l’époque du multitâche, les générations actuelles font subir une pression qui peut s’avérer très néfaste sur leur cerveau et leur capacité d’attention. C’est du moins ce que soutient Jean-Philippe Lachaux, auteur du livre Le Cerveau attentif : contrôle, maîtrise et lâcher-prise, qui présentait une conférence sur les conflits de l’attention, au Cœur des sciences de l’UQAM, ce mercredi.

Spécialiste en neurosciences cognitives, Lachaux affirme que les limites du cerveau n’ont pas beaucoup évolué au cours des dernières années, contrairement aux exigences surdimensionnées qu’on lui impose. Il avance également qu’il existe du bon et du mauvais multitâche. « Le cerveau peut très bien superposer des actions automatisées, explique-t-il. Par exemple, nous pouvons conduire avec peu d’attention, si c’est une habitude, et réorienter notre attention sur la discussion avec un passager. C’est la même chose lorsque nous marchons dans la rue sans réfléchir à nos mouvements, pendant que nous regardons autour de nous. Par contre, le mauvais multitâche consiste à faire deux choses qui demandent un suivi précis de l’attention ou de la mémoire. C’est un peu comme si un nageur essayait de nager la brasse et le crawl en même temps. Une création de conflit se produit dans le cerveau et la simultanéité des deux actions devient impossible. »

Selon Jean-Philippe Lachaux, la mémoire est de moins en moins considérée comme un besoin crucial. « Par exemple, quand je me déplace en train d’une ville à l’autre pour mon travail, je n’ai jamais à apprendre les horaires par cœur. Je vais plutôt les chercher par Internet. De nos jours, l’information est présente et disponible en tout temps. Le nouveau défi est de sélectionner la plus pertinente, sans laisser son cerveau déborder. »

Par contre, il note que l’attention est souvent perçue comme une habileté naturelle, voire secondaire. « Même si la mémoire est moins requise qu’avant, nous avons le réflexe de la développer dès la petite école avec plusieurs exercices. Nous devrions faire la même chose avec notre attention, affirme le spécialiste. C’est important de savoir comment elle fonctionne et être conscient de ses limites pour adapter son environnement en conséquence. »

Afin de développer un équilibre attentionnel, il suggère d’analyser nos actions et de mieux organiser notre temps. « Je donne souvent l’image de quelqu’un qui traverse une poutre : lorsqu’il sent son corps balloter et qu’il risque de tomber, il corrige sa posture immédiatement. Eh bien, l’attention devrait fonctionner de la même façon. Avec toutes les distractions qui nous bousculent, on peut arriver à les ressentir et les relâcher avant d’être distrait. »

Il cite en exemple les courriels, qui sont associés à une impression d’urgence et à l’obligation d’agir sur le champ. « Pour atténuer le phénomène, nous pouvons nous engager à travailler sur un rapport pendant une certaine période de temps, avant d’aller nous rassurer en consultant nos courriels. Autant tout regarder d’un seul coup dans des périodes ciblées, pour éviter un sentiment de pression permanente. Il existe plusieurs moyens pour mieux gérer le multitâche. »

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