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Le vrai visage de Frankenstein vous sera révélé au Théâtre Denise-Pelletier (ENTREVUE)

Le vrai visage de Frankenstein vous sera révélé au Théâtre Denise-Pelletier (ENTREVUE)
Vincent Champoux

Loin des effets spéciaux, des barres de métal dans le cou et des 1001 versions cinématographiques qui ont été servies au public depuis 80 ans, un Frankenstein de chair, de sang et de cœur s’amène au Théâtre Denise-Pelletier de Montréal dès le 13 mars, après avoir fait beaucoup parler dans la Vieille Capitale.

« Le cinéma s’est emparé de Frankenstein en présentant des versions plus gothiques les unes que les autres. Le premier but de tous ces films était de faire peur, explique Jean Leclerc, metteur en scène de la pièce. Tout le monde a l’impression que Frankenstein est un monstre, mais il s’agit plutôt de l’histoire de Victor Frankenstein, un jeune scientifique de 26 ans, qui voit les résultats de ses expériences dépasser ses espérances lorsqu’il donne vie à la Créature. »

La responsabilité scientifique, la négligence parentale, l’origine du bien et du mal, la différence : voilà quelques-uns des thèmes qui ont attiré Jean Leclerc vers l’œuvre de Frankenstein. « Contrairement à la religion catholique qui affirme que nous venons au monde avec la tache originelle, donc entachés dès la naissance, la Créature affirme que nous naissons purs et que la société nous corrompt, comme l’affirmait le philosophe Jean-Jacques Rousseau. J’avais envie de proposer cette réflexion au public. »

Insatisfait des nombreuses adaptations théâtrales qui ont été créées à travers les années, Jean Leclerc a finalement trouvé la perle rare en découvrant le texte de Nick Dear, à Londres. « Il a écrit plus de 40 versions avant d’en arriver à l’adaptation que j’ai vue. Au lieu de faire un collage du roman de Mary Shelley, Dear a capté l’essence de l’histoire en éliminant les intrigues secondaires. La pièce ne nous montre pas un Frankenstein monstrueux de huit pieds de haut, avec des morceaux de fer à travers le cou, insolent et bête. Au contraire, les acteurs qui s’échangent les rôles du Dr Victor Frankenstein et de la Créature sont presque nus pendant toute la pièce. Les spectateurs s’attachent à la Créature et à son évolution. »

En demandant à Étienne Pilon et Christian Michaud de jouer les deux rôles principaux en alternance, le metteur en scène savait qu’il leur imposait un défi périlleux. « La raison fondamentale pour laquelle j’ai voulu cela ainsi, c’est que Victor et la Créature sont un peu comme la même personne, ils se complètent l’un l’autre. L’exercice de jeu est formidable et physiquement très demandant. Il faut une discipline extraordinaire. Mais les gars ont plongé sans retenue. En répétitions, ils avaient mal partout et la langue à terre, mais ils sont allés jusqu’au bout. »

En discutant des rôles avec les deux comédiens, Jean Leclerc a préféré ne pas leur imposer d’interprétation. « Je voulais que chacun apporte sa couleur et sa dimension aux personnages, sans leur dire ce que l’autre faisait. Je les guidais par rapport à eux-mêmes. Étienne a quelque chose d’aérien, de poète et d’instinctif, alors que Christian est un peu plus cowboy, avec les deux pieds dans la terre. Je suis incapable de préférer le travail de l’un ou de l’autre.»

D’abord présenté au Théâtre du Trident de Québec, Frankenstein arrive à toucher toutes les générations. « Lors des matinées, la qualité d’écoute des étudiants était irréprochable. La même chose se produisait avec le grand public en soirée. À la fin de la pièce, les gens sortaient complètement bouleversés et surpris. »

13 mars au 12 avril 2013

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