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Musée canadien pour les droits de la personne : absence de l'histoire palestinienne

Musée canadien pour les droits de la personne : absence de l'histoire palestinienne

La communauté palestinienne du Manitoba craint qu'il n'y ait pas d'exposition sur son histoire au Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP).

Des documents obtenus par le réseau anglais de Radio-Canada montrent qu'aucune galerie du nouveau musée ne portera sur la question des réfugiés du conflit israélo-palestinien.

La porte-parole du musée, Angela Cassie, affirme toutefois que rien n'est encore définitif. « Ce que nous avons indiqué, c'est que c'est en considération », a-t-elle affirmé.

« On est au courant du conflit palestino-israélien et on considère comment mieux traiter l'enjeu qui touche les droits de la personne. Je vous rappelle qu'on n'a pas des galeries dédiées à un enjeu alors on considère comment le traiter dans le contexte du musée. »

Rana Abdulla fait partie des Winnipégois d'origine palestinienne qui militent pour que leur histoire soit racontée au musée. Elle affirme que sans celle-ci, le nouvel établissement perdra sa crédibilité.

Depuis juin 2011, Mme Abdulla appelle et écrit aux responsables du musée pour les rencontrer. Une personne lui a répondu en juillet 2011 en lui disant que quelqu'un se pencherait sur ce cas, mais on ne l'a jamais rappelé à ce sujet.

Elle a finalement reçu un appel vendredi, après que CBC eut interrogé le MCDP. Les responsables de l'établissement lui ont dit qu'il s'agissait d'une coïncidence. Ils rencontreront Mme Abdulla la semaine prochaine.

Mme Abdulla collecte les histoires de Canado-Palestiniens depuis les dernières années. Ses recherches se sont intensifiées en 2009, lorsqu'elle a déménagé avec sa famille à Winnipeg. Jusqu'à présent, elle en a amassé 10.

Cinq génocides

Selon les plans préliminaires du musée, une salle sera réservée à l'Holocauste et une autre aux Autochtones. Dans une section, le Musée traitera des cinq génocides officiellement reconnus par le Canada, soit l'Holocauste, l'Holodomor et les génocides rwandais, arménien et bosniaque.

Le président de l'organisme Canadians for Genocide Education, James Kafieh, croit que le MCDP devrait éviter d'accorder plus de place à un événement qu'à un autre. Cela donnerait l'impression que la souffrance de certains est plus importante que celle des autres, dit-il.

Pour le Musée canadien des droits de la personne, ces critiques découlent d'une mauvaise compréhension de la mission de l'institution.

« Dans nos histoires, ce n'est pas toujours une emphase sur la haine, ce n'est pas une emphase sur la manière dont on se traite mal. Très souvent, on pense aux droits de la personne dans un ton très négatif. Nous voulons faire ressortir les histoires qui démontrent comment les gens peuvent collaborer, avoir des discussions et travailler ensemble », a fait valoir Mme Cassie.

La porte-parole souligne que la section sur l'Holocauste servira à illustrer comment un génocide est perpétré. Elle assure aussi que le conflit israélo-palestinien sera abordé dans plusieurs sections du musée.

La guerre israélo-arabe de 1948 a mené à l'exode d'environ 750 000 Palestiniens, selon les Nations unies. Depuis ces événements, cinq millions de descendants palestiniens ont immigré ailleurs dans le monde.

Une autre communauté indignée

La communauté ukrainienne de Winnipeg avait affirmé en décembre 2011 être insatisfaite de la place accordée à Holodomor, l'extermination par la faim des Ukrainiens au début des années 30, orchestrée par le régime soviétique, qui a fait des millions de victimes.

L'Association ukrainienne-canadienne des droits civils avait lancé une campagne de cartes postales pour manifester son mécontentement, invitant les Canadiens à envoyer massivement des cartes au bureau du ministre du Patrimoine canadien, James Moore, pour qu'il mette sur pied un comité consultatif au sujet du musée.

L'inauguration du Musée canadien pour les droits de la personne est prévue en 2014.

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