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Régimes de retraite : la Ville et les fonctionnaires à couteaux tirés

Régimes de retraite : la Ville et les fonctionnaires à couteaux tirés

Le débat sur les régimes de retraite des employés de la Ville de Québec se transporte sur la place publique. Le maire Labeaume a dévoilé, mardi matin, comme promis, les chiffres compilés par son administration sur l'état du déficit des caisses de retraite.

En évaluant l'impact des régimes de retraite sur les taxes imposées aux citoyens, le maire Labeaume souligne l'urgence d'agir pour pallier la situation. Il sollicite avec insistance la collaboration des employés municipaux, qui bénéficient déjà, selon lui, du plus généreux régime au Québec.

« On s'est ramassés à payer les fonds de pension les plus coûteux au Québec, incluant le privé. Juste parce que c'est plus coûteux et que c'est payé par les payeurs de taxes, les syndicats devraient dire : peut-être que ça n'a pas de bon sens », a-t-il lancé.

La Ville demande à ses employés d'assumer 59 millions de dollars des 516,5 millions du déficit de 2010, soit 12 % du montant total à payer sur 15 ans. Cette somme correspond à 2 % du salaire des fonctionnaires.

Selon les chiffres avancés par la Ville, le seul coût des régimes de retraite, par exemple, a fait passer les taxes d'une résidence unifamiliale moyenne de 260 000 $, de 78 $, en 2003, à 312 $ en 2013. Un montant, qui, selon les prédictions de la Ville, risquerait de grimper à 364 $ d'ici quatre ans, si rien n'est fait.

Le déficit se creuse

La Ville évalue désormais le déficit de capitalisation des régimes de retraite à 624 millions de dollars, lequel était évalué à 516,5 millions de dollars en 2010. Un manque à gagner entièrement assumé par les contribuables.

En dix ans, le coût des régimes de retraite est passé de 2,5 % à 8 % du budget de la Ville. Un pourcentage qui, selon l'administration municipale, est encore appelé à augmenter si le conflit s'enlise.

À cet effet, le maire déplore l'impuissance de la Ville. « On n'a pas de moyens légaux pour pousser les négociations. Il est là notre problème. Les villes au Québec sont les plus démunies pour négocier avec les syndicats. C'est ça que je veux vous dire. »

L'administration Labeaume souhaite également abaisser les cotisations régulières des employés et de la Ville aux régimes de retraite en repoussant l'âge de la retraite à 67 ans.

La question sera soumise au comité plénier mercredi soir à l'Hôtel de Ville.

Une opération de communication biaisée

Selon le Syndicat des fonctionnaires municipaux et le parti Québec Autrement, le maire Labeaume verse dans le spectacle.

Le président du syndicat, Jean Gagnon, met en doute les chiffres présentés par la Ville. Il accuse le maire d'échafauder des scénarios catastrophes à partir de données erronées. Ce dernier estime que l'exercice, que le maire Labeaume qualifie de démocratique, sert surtout à mobiliser la population contre les employés de la Ville.

« J'ai des questionnements sur cette espèce de démocratie, de mobilisation du monde contre les employés de la Ville de Québec, encore une fois. C'est la stratégie de Régis Labeaume de monter la population contre ses employés. Ce qui, à mon sens, est inacceptable. C'est du cheap shot, tout le temps », regrette-t-il. Jean Gagnon précise d'ailleurs que le syndicat n'a pas l'intention de réagir ou de satisfaire la requête du maire.

Le chef de Québec Autrement, David Lemelin, abonde dans le même sens, en comparant l'opération de l'administration Labeaume à une pièce de théâtre. « Il va nous la jouer, mercredi soir, en prenant soin de verser abondamment dans le drame, mais les effets spéciaux ne nous aveuglent pas. C'est une opération de communication biaisée, faite sur le dos des employés municipaux », déclare-t-il par voie de communiqué.

Québec Autrement déplore également que le comité plénier de mercredi permette d'entendre une seule version des faits : celle de l'employeur.

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