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Entre la montée de Beppe Grillo et le retour de Silvio Berlusconi, l'Italie est dans l'impasse

L'Italie ingouvernable

INTERNATIONAL - Une Chambre des députés à gauche et un Sénat sans majorité. L'Italie s'est enfoncée dans une impasse à l'issue des élections législatives qui se déroulaient dimanche 24 et lundi 25 février. Des élections marquées par le boom de l'ex-comique Beppe Grillo et scrutées par des partenaires inquiets pour la troisième économie de la zone euro.

"Le pays affronte une situation très délicate", a commenté dans la soirée Pier Luigi Bersani, leader de la gauche. Sa coalition a remporté le plus de voix dans les deux chambres du Parlement, mais n'obtient une majorité de sièges qu'à la Chambre des députés.

Beppe Grillo le juge de paix

Au Sénat en revanche, en vertu de règles électorales différentes, c'est la droite qui empocherait le plus de sièges. Problème, aucune majorité claire ne se dégage, même en cas d'une hypothétique alliance entre la gauche de Bersani et le centre du chef du gouvernement sortant Mario Monti.

Seul véritable vainqueur du scrutin, Beppe Grillo et son Mouvement 5 Etoiles (M5S) a su séduire en surfant sur le rejet de la classe politique, la colère contre l'austérité, la défiance à l'égard de l'Europe. Catalyseur du malaise social dans un pays en pleine récession économique (-2,2% en 2012), il a pris des voix aussi bien à la droite qu'à la gauche avec un programme jugé "populiste" par ses adversaires : fin du financement public des partis politiques, revenu minimum de 1.000 euros et référendum sur l'euro. Selon les résultats officiels, il obtient aux alentours de 25% dans chacune des deux chambres, devenant la troisième force politique du pays.

Mario Monti fait bonne figure

De son côté, le chef du gouvernement sortant Mario Monti a perdu son pari de former une grande force au centre puisque sa coalition ne remporte qu'environ 10% des voix dans chaque Chambre. "Nous sommes très satisfaits" du résultat, a-t-il toutefois déclaré, rappelant que sa coalition a vu le jour il y a seulement deux mois. Le Professore a exprimé le voeu d'un "gouvernement qui fera mieux" que le sien "sans balayer les sacrifices consentis par les Italiens" pour permettre l'assainissement du pays.

Quant à Silvio Berlusconi, parti sous les huées en novembre 2011 et malgré des procès à répétition dont un pour prostitution de mineure, il a opéré une remontée spectaculaire en promettant d'abaisser les impôts et même rembourser une taxe foncière impopulaire rétablie par Monti. "C'est un résultat extraordinaire" qui montre que "ceux qui croyaient Berlusconi était fini devront y repenser", s'est félicité Angelino Alfano, secrétaire général du parti du Cavaliere, le PDL.

"Un vote choc qui nous donne un Parlement bloqué", titrait sur son site le Corriere della Sera.

La coalition de gauche de Pier Luigi Bersani, qui remporte 29,5% des voix, s'adjuge la majorité des sièges à la Chambre (340 des 630 sièges), grâce à un système qui accorde 54% des fauteuils à la formation arrivant en tête. Mais au Sénat, où la prime de majorité est accordée par région, les résultats donnent le centre gauche très loin de la majorité absolue des 158 sièges. En terme de voix, la gauche remporte 31,63% des voix et la droite 30,71%.

Et les modestes 17/20 sénateurs prévus pour le camp Monti ne suffisent pas pour former une alliance majoritaire.

"Un pays ingouvernable, politiquement mais aussi techniquement avec peu d'issues fondées sur des alliances presque impraticables et numériquement insuffisantes", a commenté Massimo Razzi dans la Repubblica. Pour lui, la seule solution sera de retourner voter, soit pour tout le Parlement soit seulement au Sénat.

Les regards se tournaient massivement lundi soir vers le comique Beppe Grillo qui pourrait avoir une cinquantaine de sénateurs, mais n'est pas disposé à collaborer avec les autres formations.

Le taux de participation était d'environ 75% pour chacune des deux chambres.

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Les principales têtes d'affiche du scrutin :

Pier Luigi Bersani, l'ex-communiste

Les têtes d'affiche des élections législatives en Italie

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