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Le ministre des Affaires autochtones, John Duncan, a remis sa démission

Le ministre des Affaires autochtones, John Duncan, démissionne
CP

OTTAWA - Le ministre des Affaires autochtones et du Développement du Nord, John Duncan, a démissionné à la suite d'une intervention inappropriée en faveur d'un électeur.

Les premières réactions à son départ, du côté des Premières Nations, indiquent qu'il ne sera pas regretté. Mais la raison de son départ pousse l'opposition à se demander pourquoi il y a deux poids deux mesures dans les règles d'éthique appliquées aux ministres de Stephen Harper.

M. Duncan, qui siégera dorénavant comme simple député conservateur, a admis avoir écrit une lettre à la Cour canadienne de l'impôt pour intervenir en faveur d'un électeur de son comté.

«Bien que j’aie écrit cette lettre dans une intention honorable, je me rends compte qu’à titre de ministre de la Couronne, je n’aurais pas dû écrire à la Cour canadienne de l’impôt», a déclaré M. Duncan dans un communiqué diffusé vendredi après-midi.

«J’assume l’entière responsabilité des gestes que j’ai posés et de leurs conséquences», a-t-il ajouté.

Le mois dernier, La Presse Canadienne révélait que le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait écrit au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), en mars 2012, pour faciliter la demande d'une station qui cherchait à obtenir une fréquence radio. Le ministre avait alors plaidé, appuyé par le premier ministre Harper, qu'il n'y avait rien de mal dans le geste qu'il avait posé en tant que député pour l'un de ses électeurs.

La commissaire à l'éthique, Mary Dawson, lui avait alors tapé sur les doigts. Mais le ministre Flaherty s'était contenté de s'excuser d'avoir indiqué, avec sa signature au bas de la lettre, qu'il était ministre.

On apprend cependant qu'après cette affaire, tous les ministres ont dû vérifier s'ils avaient signé des lettres similaires. La chasse à la lettre a déterré celle de John Duncan, rédigée à l'été 2011.

Le premier ministre Harper l'a su jeudi. Et c'est jeudi que le ministre Duncan a offert sa démission qui a été acceptée.

Vendredi après-midi, le premier ministre annonçait la démission et écrivait dans un communiqué: «Je tiens à remercier M. Duncan pour ses nombreuses contributions à titre de ministre», sans commenter les raisons de ce départ.

«Dans les deux cas, ils sont intervenus dans des instances qui sont censées être indépendantes», a souligné le député néo-démocrate Roméo Saganash, au téléphone alors qu'il était sur la route, dans son comté, entre Grands Remous et Val-d'Or.

«M. Flaherty aurait dû faire la même chose, assumer la responsabilité de ses actes et démissionner», a insisté le porte-parole adjoint de l’opposition officielle pour les affaires intergouvernementales autochtones.

Pour ce qui est de l'avenir du portefeuille des Affaires autochtones, confié par intérim au ministre du Patrimoine canadien, James Moore, M. Saganash a dit que le premier ministre devrait saisir cette occasion pour changer le ton de ses rapports avec les Premières Nations. Mais il n'y croit pas trop.

Selon lui, il y a un manque de leadership dans ce dossier et ceci remonte directement au premier ministre.

«C'est un problème qui se reflète sur l'ensemble de ce gouvernement et pas uniquement M. Duncan», a-t-il estimé.

Toujours est-il que M. Duncan n'avait pas la cote auprès de bien des représentants des Premières Nations.

La présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, Michelle Audette, n'est pas tendre à l'égard du ministre démissionnaire.

En entrevue au téléphone depuis Vancouver, elle lui a reproché de s'être préoccupé surtout de «couper des rubans pour annoncer des bonnes nouvelles» ou de «mettre en valeur les communautés positives», négligeant les problèmes criants de la majorité des autochtones.

«Quand on parle de violence faite aux femmes autochtones et qu'une communauté ne reçoit pas de réel engagement politique et financier pour contrer, sinon éradiquer, la violence, moi je pense que là-dessus, il n'a pas eu une note très favorable», a-t-elle jugé.

Mais Mme Audette non plus ne croit pas que celui qui remplacera M. Duncan fera beaucoup mieux.

«Tout est contrôlé au niveau du bureau du premier ministre», a-t-elle conclu.

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