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Allemagne: Merkel accepte la démission de sa ministre de l'Éducation mise en cause pour plagiat

Allemagne: la ministre de l'Éducation démissionne pour plagiat
AFP

La chancelière allemande Angela Merkel a annoncé samedi 9 février la démission d'Annette Schavan, sa ministre de l'Education et une proche amie, mise en cause pour plagiat de sa thèse de doctorat. "Annette Schavan m'a présenté sa démission et je l'ai acceptée, le coeur lourd", a déclaré Angela Merkel lors d'un point de presse avec la ministre démissionnaire à la chancellerie, à Berlin.

L'Université de Düsseldorf avait annoncé mardi 5 février qu'elle lui retirait le titre de docteur décerné il y a 33 ans, après avoir constaté qu'elle avait "systématiquement et délibérément" triché en écrivant sa thèse de philosophie. La ministre conservatrice âgée de 57 ans, membre du gouvernement Merkel depuis 2005, avait à plusieurs reprises démenti toute tricherie. Mercredi 6 février elle avait refusé de s'exprimer sur son avenir politique mais indiqué vouloir se battre contre la décision de son alma mater.

"Je vais déposer une plainte"

"Je n'accepte pas la décision de l'Université de Düsseldorf et je vais déposer une plainte", avait affirmé Annette Schavan depuis Johannesburg (Afrique du Sud) où elle était en déplacement, selon des propos rapportés par son ministère. Mais "puisque je me retrouve dans un litige juridique avec l'université, je vous prie de comprendre que je ne m'exprimerai pas davantage sur le sujet", a-t-elle ajouté.

Ses avocats ont assuré qu'il n'y avait "pas eu duperie" dans sa thèse intitulée Personne et conscience, soutenue en 1980. La chancelière, amie de longue date de la ministre, qui passe pour une de ses rares confidentes, a "entière confiance" en Mme Schavan, a assuré son porte-parole Steffen Seibert.

"La chancelière a de bons contacts avec la ministre", avait insisté M. Seibert, lors d'une conférence de presse régulière du gouvernement. "Elle apprécie énormément son travail en tant que ministre", a-t-il ajouté, précisant qu'elle s'entretiendrait avec Mme Schavan à son retour d'Afrique du Sud.

Une affaire très embarrassante

Mais cette affaire pourrait s'avérer embarrassante à moins de huit mois des élections législatives. Certes Annette Schavan n'est pas considérée comme un poids lourd du gouvernement, mais elle fut tout de même vice-présidente de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Mme Merkel de 2008 à 2012, et elle est députée depuis 2005.

L'opposition ainsi que la plupart des éditoriaux de presse réclamaient la démission d'Annette Schavan, qui détient également le portefeuille de la Recherche. "Madame Schavan en tant que ministre des Sciences n'est plus crédible. Elle doit en tirer les conséquences", a martelé Andrea Nahles, secrétaire générale du Parti social-démocrate (SPD), principale formation d'opposition, dans le quotidien Die Welt.

"Je pars du principe que Madame Schavan va s'épargner et épargner à la communauté scientifique une prolongation de cette affaire et annoncer sa démission", a lancé Renate Künast, responsable du groupe parlementaire des Verts, dans le journal Tagessspiegel.

Un statut de Docteur très respecté en Allemagne

Quant au quotidien le plus lu d'Allemagne, Bild, il estimait que "c'est comme si le ministre des Finances cachait son argent en Suisse". "La chancelière l'a fermement défendu jusqu'ici. Mais pour elle aussi une limite devrait maintenant être atteinte", selon le journal. Le statut de "docteur" est très respecté en Allemagne, comme dans les autres pays germaniques. Ce titre est systématiquement mentionné lorsqu'on décline son identité. La chancelière est présentée comme "Madame Docteur Angela Merkel", en référence à son doctorat en sciences de la nature. Et Annette Schavan est "Madame Professeur Docteur".

Des compagnies aériennes proposent de mentionner le titre du passager sur son billet, ainsi que certains théâtres. Mme Schavan est le deuxième ministre d'Angela Merkel accusé de plagiat. En mars 2011, l'Allemagne avait ainsi assisté à la démission retentissante de la "coqueluche" du gouvernement et étoile montante de la politique, le ministre de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg, qui avait recopié à droite et à gauche des pans entiers de sa thèse de Droit.

À chaque fois, ce sont des plateformes sur internet qui ont lancé ces accusations.

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