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Affaire Kazemi : l'ex-procureur iranien emprisonné à son tour

Affaire Kazemi : l'ex-procureur iranien emprisonné à son tour

L'ex-procureur iranien qui avait fait emprisonner la journaliste canadienne Zahra Kazemi, morte après avoir été torturée dans une geôle de Téhéran, se retrouve à son tour en prison.

Selon l'agence de presse iranienne Fars, Saïd Mortavazi a été incarcéré à la prison d'Evine, la même où il avait fait jeter Zahra Kazemi en 2003. La justice iranienne n'a pas commenté l'arrestation de Mortavazi ni énoncé les raisons qui ont conduit à son incarcération.

Saïd Mortavazi, qui est un proche du président Mahmoud Ahmadinejad, occupait les fonctions de directeur des services sociaux en Iran jusqu'à ce qu'il soit limogé en janvier dernier sous la pression du Parlement iranien.

Rappelons qu'avant de diriger les services sociaux dans le pays, Saïd Mortavazi était procureur pour l'État iranien. Outre Zahra Kazemi, il a notamment fait emprisonner de nombreux manifestants anti-régime après l'élection controversée de Mahmoud Ahmadinejad, en 2009. Plusieurs de ces manifestants ont été torturés à la prison de Kahrizak et certains en sont morts. Les familles des victimes réclament justice depuis.

Le président Ahmadinejad contrarié

Selon l'agence Fars, le président Ahmadinejad aurait été très contrarié par l'arrestation de Saïd Mortavazi. Le président, qui a atteint la limite de deux mandats, ne pourra se représenter aux élections de juin prochain. Or, ses alliés et ses partisans font désormais l'objet de représailles de la part de ses adversaires politiques.

Le président Ahmadinejad a de son côté présenté dimanche une vidéo de très mauvaise qualité montrant apparemment le frère du président du Parlement iranien rencontrant Saïd Mortavazi pour lui réclamer un pot-de-vin.

Saïd Mortavazi s'est fait connaître sur la scène internationale pour avoir fait emprisonner et torturer en 2003 la journaliste canadienne Zahra Kazemi, qui est morte après avoir été violée et sévèrement battue dans une cellule de la prison d'Evine, à Téhéran.

Âgée de 54 ans, Mme Kazemi est morte à peine quelques jours après son arrestation, en juillet 2003, près de la prison Evine de Téhéran, où elle photographiait des manifestants. Transportée à hôpital dans un état grave, Mme Kazemi a rendu l'âme peu de temps après d'une hémorragie cérébrale provoquée par un traumatisme crânien.

À l'époque, le quotidien français Libération, citant « des sources dignes de foi », avait annoncé que Saïd Mortavazi avait lui-même participé aux tortures infligées à Mme Kazemi et qu'il l'aurait notamment battu avec le talon d'un soulier. Téhéran affirmait pour sa part que Zahra Kazemi était morte à la suite d'une grève de la faim.

Le Parlement iranien, alors dirigé par les réformateurs, avait aussi blâmé sévèrement le procureur Saïd Mortavazi dans un rapport déposé en 2003, estimant que l'arrestation de Zahra Kazemi était non seulement injustifiée, mais illégale.

Cette affaire a créé de vives tensions diplomatiques entre le Canada et l'Iran. Le gouvernement iranien avait notamment refusé la demande d'Ottawa, qui réclamait le rapatriement du corps de Zahra Kazemi pour qu'il puisse être autopsié au Canada.

Ignorant la majorité des requêtes du gouvernement canadien dans cette affaire, Téhéran avait aussi multiplié les embûches pour la famille Kazemi qui a tenté d'obtenir justice devant les tribunaux iraniens. L'un des avocats de la famille Kazemi avait entre autres été arrêté par les autorités iraniennes.

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