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Visite en Écosse: Marois offre un coup de main à Salmond, qui le refuse poliment

Visite en Écosse: Marois offre un coup de main à Salmond, qui le refuse poliment
PC

ÉDIMBOURG, Royaume-Uni - La première ministre Pauline Marois a offert mardi à son homologue écossais de lui fournir des documents sur le référendum de 1995 afin de l'aider à préparer le sien, prévu en 2014, mais Alex Salmond n'a pas cru bon accepter cette proposition inusitée.

En entrevue au quotidien écossais The Herald, Mme Marois a indiqué que le gouvernement du Québec disposait de beaucoup de «données» sur le référendum, sans préciser à quoi elle faisait référence.

«Dans l'entrevue, j'ai dit 'si jamais M. Salmond veut avoir les documents, ça me fera plaisir de les transmettre'», a expliqué la chef péquiste en conférence de presse à Édimbourg.

«Nous n'en avons pas débattu, donc il n'y aura pas de transmission (de documents). Il ne me les a pas demandés.»

En fait, le cabinet d'Alex Salmond a tout fait mardi pour minimiser l'importance du tête-à-tête avec Pauline Marois, qui a eu lieu à la demande expresse de celle-ci.

Une porte-parole de M. Salmond, Aileen Easton, a indiqué que la rencontre en était une de «courtoisie» et que «plusieurs autres» du genre étaient prévues dans une journée fort occupée. De plus, à aucun moment les deux politiciens ont-ils été vus ensemble publiquement. Tout au plus a-t-on fait circuler quelques photos officielles de l'événement.

Interrogée à ce sujet, Mme Marois a d'abord rejeté le blâme sur le protocole du Parlement écossais. Or, rien n'empêcherait les deux politiciens de tenir une conférence de presse conjointe à l'extérieur de l'édifice du parlement.

Puis en soirée, Pauline Marois refusait toujours de s'offusquer du refus de M. Salmond de se montrer avec elle devant les caméras, soulignant que la rencontre était la toute première entre des dirigeants du Québec et de l'Écosse.

«Nous écrivons ensemble une page d'histoire, a-t-elle soutenu. On peut l'aimer ou pas, la trouver assez grande ou pas, mais quant à moi, je suis très heureuse et très satisfaite de cet échange qui a été très convivial», a-t-elle insisté.

«C'est encourageant, parce que quand vous voyez un peuple comme les Écossais, qui ont une longue histoire, décider de se poser la question quant à leur avenir, je pense que c'est un espoir pour nous», a-t-elle ajouté.

Faibles appuis

Le gouvernement du SNP doit tenir à l'automne 2014 un référendum sur l'avenir de l'Écosse au sein du Royaume-Uni. Or, tout au plus 30 pour cent des Écossais, selon les sondages, sont favorables à la souveraineté.

Pour Alex Salmond, s'afficher publiquement avec la chef d'un parti qui a perdu deux référendums sur l'indépendance n'est pas particulièrement intéressant. De plus, l'Écosse ne veut pas s'aliéner le Canada, avec qui elle a des liens historiques profonds. Le premier ministre du Canada, John A. MacDonald, était écossais.

«Peut-être (M. Salmond) préfère-t-il ne pas être associé à une chef qui prône le séparatisme comme lui mais dont l'appui à la cause est aussi faible que le sien», a raillé la députée travailliste Patricia Ferguson, qui défend le maintien de l'Écosse au sein du Royaume-Uni.

«Il craint probablement que la mauvaise fortune (du PQ) déteigne sur lui.»

On est donc encore loin d'un accord de coopération Québec-Écosse, que le ministre des Affaires intergouvernementales et de la Gouvernance souverainiste, Alexandre Cloutier, a évoqué la semaine dernière. Le Québec a conclu de telles ententes avec la Catalogne et la Bavière, entre autres.

Mme Marois et M. Salmond ont tout de même fait mardi une déclaration conjointe au terme de leur rencontre.

Le court texte précise que le Québec et l'Écosse souhaitent collaborer sur les questions des énergies propres et de la lutte aux changements climatiques. On fait également mention d'une volonté de resserrer les liens commerciaux entre les deux États.

Les leaders souverainistes ont en outre tenu à dire que les peuples du Québec et de l'Écosse «décideront eux-mêmes de leur propre destinée».

Les débats qui ont actuellement cours en Écosse rappellent ceux qui ont eu lieu au Québec dans les mois précédant le référendum de 1995: libellé de la question, partage de la dette du Royaume-Uni, relations internationales. Le parti au pouvoir propose que la question référendaire se lise comme suit: «Acceptez-vous que l'Écosse devienne un pays indépendant?», mais il n'est pas encore acquis que la Commission électorale du Royaume-Uni l'entérinera.

Linda Fabiani, députée du SNP, a indiqué mardi qu'elle avait trouvé «compliquée» la question du référendum de 1995, qui était la suivante: «Acceptez-vous que le Québec devienne souverain, après avoir offert formellement au Canada un nouveau partenariat économique et politique, dans le cadre du projet de loi sur l'avenir du Québec et de l'entente signée le 12 juin 1995?».

«Cette question, c'est vrai qu'elle était compliquée, mais en même temps la réalité est complexe, alors elle tenait compte de la réalité, a répliqué Pauline Marois. Nous travaillerons dans le sens de faire la question la plus simple possible, mais si vous voulez en convenir avec moi, comme ce n'est pas demain qu'on va présenter ça à l'Assemblée nationale, même si quant à moi je le souhaiterais, on va prendre le temps qu'il faut pour y réfléchir.»

Outre M. Salmond, Pauline Marois a rencontré mardi la vice-présidente du Parlement écossais, Elaine Smith, la chef de l'Opposition (Parti travailliste), Johann Lamont, et la directrice du regroupement Festivals Edimburgh, Faith Liddell.

La chef péquiste rentrera au Québec mercredi après une mission de près d'une semaine qui l'aura également amenée à Davos, en Suisse, pour le Forum économique mondial, et à Londres.

L'opposition s'offusque

À Québec, le chef libéral intérimaire Jean-Marc Fournier a accusé Mme Marois de s'ingérer dans le débat politique écossais en offrant à M. Salmond des données sur la démarche référendaire.

«Dans le débat écossais, nous allons apporter la contribution du gouvernement du Québec au soutien d'une démarche vers la séparation, a-t-il dit. Honnêtement, ce n'est pas de nos affaires de se mêler du débat écossais au Royaume-Uni, et il y a des gens qui vont réagir forcément.»

M. Fournier a notamment pointé vers le Royaume-Uni, troisième partenaire commercial du Québec, où des gens d'affaires pourraient être froissés par l'offre de Mme Marois.

«D'habitude, en diplomatie, on tente de respecter les autres et on tente d'établir des relations qui sont les plus consensuelles possible, a-t-il dit. On ne prend pas position dans un débat pour se mettre à dos le troisième partenaire dans le monde.»

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a estimé que la voyage de Mme Marois était un échec, notamment parce que M. Salmond a refusé de s'afficher avec elle.

«La première ministre du Québec devrait être en train de démarcher des nouveaux investissements privés au Québec et non pas d'essayer de faire des spectacles sur la souveraineté», a-t-il dit.

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