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Patrick Senécal et Véronique Marcotte: «L'Orphéon», lancement des deux derniers tomes de l'ouvrage collectif (PHOTOS)

Lancement des deux derniers tomes de «L’Orphéon» (PHOTOS)
Sarah-Émilie Nault

C’était au tour de Patrick Senécal et de Véronique Marcotte de lancer respectivement, mercredi soir, Quinze minutes et Coïts, les deux derniers tomes bouclant la jolie boucle du projet L’Orphéon.

L’Orphéon, c’est cet immeuble de cinq étages imaginé par vlb éditeur, une idée offerte presque sur un plateau d’argent par l’éditeur Martin Balthazar à l’écrivaine Véronique Marcotte. C’est à elle que l’on doit la belle idée d’avoir réuni ces cinq auteurs de talent (Stéphane Dompierre, Roxanne Bouchard, Geneviève Jannelle, Patrick Senécal et elle-même), de leur avoir chacun offert un étage de L’Orphéon tout en leur donnant le mandat de créer, chacun de leur côté, mais bien ensemble.

Du Senécal allégorique

Ce sont les personnages du conte allégorique de Patrick Senécal qui occupent le premier étage de L’Orphéon.

«Je suis très nerveux», a-t-il avoué, «je n’ai aucune idée de comment les gens vont accueillir ce roman-là. Je suis dans une période de ma carrière où j’essaie de nouvelles affaires. Quand on m’a approché pour L’Orphéon, j’ai dit oui, mais j’ai aussi eu envie de déjouer les attentes, car on attend de Sénécal qu’il amène de l’horreur. J’ai eu envie d’ailler ailleurs.»

Quinze minutes fait donc partie de cette nouvelle démarche de l’auteur, entamée il y a environ trois ans. Du plaisir qu’il a, aujourd’hui, à sortir de ses zones de confort.

«Par contre, comme le mentionnait Stéphane Dompierre tout à l’heure, on retrouve tout de même du Senécal dans ce roman,» a expliqué le principal intéressé. «Les mêmes thèmes sont là; dénoncer l’insignifiance, cette perspective des gens face à Internet, un peu à la façon Le Vide, version soft, version humoristique, version symbolique. Je reste toujours dans le story telling, il se passe des choses, il y a beaucoup d’action bien qu’il n’y ait pas de meurtres ni de sang. Je ne suis pas un auteur très contemplatif.»

Senécal affirme vouloir se surprendre. «En te surprenant toi-même, tu surprends les autres», a-t-il dit.

Son conte allégorique et son personnage de Johnny Net bossant dans le domaine du web, il n’a pas eu à aller bien loin pour les imaginer.

«Je me demandais ce que j’allais faire comme roman puis, presque au même moment, la vidéo du jeune voulant entrer dans un bar en criant «Mon père est riche en ta*******» est devenue virale, faisant de lui une vedette instantanée. Je me suis dit «mais qu’est-ce que c’est ça ? On a un épais, tout le monde s’entend pour dire qu’il est épais, et tout à coup, il devient une vedette? Qu’est-ce qui se passe avec Internet et avec cette obsession du vedettariat ?!» Il fallait que j’écrive là-dessus.»

L’auteur s’est ensuite posé la question «de quoi je veux parler dans tout ça? De l’intelligence!» «Je suis entré dans l’allégorie complètement. J’ai ensuite imaginé le mépris… Je me suis dit «assume ta forme de conte et nomme-le conte carrément», a-t-il ajouté.

«Avant d’être un gars qui écrit de l’horreur, je suis un gars qui a beaucoup d’imagination. À l’école, j’étais dans un groupe humoristique, j’ai toujours été intéressé par toutes sortes de domaines. Depuis quelque temps, je retombe dans des choses qui sont tout à fait naturelles pour moi, mais qui le sont peut-être moins pour le public.»

Ce qui a séduit Patrick Senécal dans le projet de L’Orphéon? «Le fait de travailler avec d’autres écrivains. C’est un métier très solitaire, celui d’écrivain, mais de savoir qu’une fois par mois on allait se rencontrer pour se demander comment ça va, parler de nos personnages, c’était plaisant. Je suis un gars très sociable, je trouvais l’aspect collectif très sympathique.»

Une histoire de phobies peu banale

Véronique Marcotte est auteure et metteure en scène. Avec la sortie de Coïts, elle en est à son septième roman. Ses personnages colorés occupent le cinquième étage de L’Orphéon.

«Coïts, c’est l’histoire de cinq femmes banales du quotidien qui sont toutes en thérapie parce qu’elles ont des phobies. Un jour, un homme leur offre de changer leurs vies en disant «J’ai une entreprise qui vient tout juste de fermer et je veux ouvrir un bordel de jour, de luxe.» Les cinq femmes atteintes de phobies deviennent ainsi toutes des putes de luxe et Coïts, c’est leur histoire.»

Jonglant avec le thème de la santé mentale dans ses livres depuis le début de sa carrière, Véronique Marcotte ne pouvait en aucun cas déroger de ce sujet qui lui tient à cœur.

«Et puis, je savais que ça allait être génial de travailler avec ces auteurs. Cela a fait du bien de réfléchir à voix haute et d’avoir des échos. En tant qu’écrivain et que créateur, on s’interroge et avoir quelqu’un qui nous répond spontanément, contrairement à lorsque l’on est tout seul quand on créé, j’adore ça! C’est aussi pour ça que je suis metteure en scène, pour créer en groupe.»

Si, dans L’Orphéon, «chaque personnage est là pour passer un message [à savoir] que tout est gros, que tout est nommé et pas très subtil», comme l’a expliqué Patrick Senécal, il semble que les cinq auteurs aient tenu leur pari: faire de L’Orphéon un immeuble peu banal que l’on découvre avec amusement, surprise et curiosité au fil de cinq délicieuses lectures.

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Véronique Marcotte

«L'Orphéon»

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