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Le couteau sous la gorge

Le couteau sous la gorge

À un an des Jeux olympiques de Sotchi, plusieurs fédérations nationales de sports d'hiver éprouvent de sérieux problèmes financiers. Un bon nombre d'entre elles ont perdu des commanditaires majeurs et craignent pour l'avenir de leur sport.

Une série de Justine Boutet

L'Association canadienne de ski acrobatique a le couteau sous la gorge. Des commanditaires de longue date comme Postes Canada, Bell et RBC n'ont pas renouvelé leur contrat. Le manque à gagner atteint 1,4 million de dollars.

Chez Canada Alpin, le refrain est semblable. « Nous sommes à 2 millions de dollars de notre objectif, en terme de financement de commanditaires », précise le président-directeur général Max Gartner.

Même les disciplines synonymes de médailles peinent à joindre les deux bouts. Aux Jeux olympiques de Vancouver, 10 des 26 médailles remportées provenaient du patinage de vitesse courte et longue piste. Mais...

« On a perdu des commanditaires précieux, des commanditaires qui ont revu leur plan marketing, indique le directeur du programme courte piste de haute performance de Patinage de vitesse Canada, Yves Hamelin. Notre volume global avant les Jeux, jusqu'en 2011, tournait autour de 1,2 million ou 1,3 million de dollars en commanditaires privés. Ce montant-là a réduit de plus de la moitié. »

Le retrait de ces commandites entraîne des conséquences importantes, comme l'annulation d'épreuves. La compétition des bosses de la Coupe du monde de ski acrobatique de Val Saint-Côme a été retirée du calendrier. Même la tenue des Championnats canadiens est en péril. « Si nous ne parvenons pas à trouver un commanditaire pour financer les Championnats canadiens cette année, il n'y en aura pas », avoue le chef de la direction à l'Association canadienne de ski acrobatique Peter Judge.

Qui dit budget serré, dit décisions déchirantes. Et c'est la relève qui en souffre. « Nous serons peut-être en bonne posture pour les Jeux de Sotchi, mais au-delà de 2014, nous devons appuyer la prochaine génération de skieurs, explique Max Gartner de Canada Alpin. C'est long avant qu'un athlète devienne compétitif à un niveau olympique. »

Au moment où les Fédérations nationales perdent leurs partenaires, le Comité olympique canadien (COC), lui, est parvenu à en dénicher et a annoncé un investissement sans précédent du secteur privé de près de 100 millions de dollars.

« Ce ne sont pas les mêmes commanditaires, ni les mêmes partenaires, dans peut-être 90 % des cas, tient à préciser le président du COC, Marcel Aubut. On n'a pas enlevé une partie de la tarte à nos propres fédérations avec notre succès. »

Certaines fédérations ne partagent pourtant pas cet avis. « Le COC lui-même entre en compétition avec nous, parce qu'il est à la recherche de commanditaires lui aussi, croit le directeur, haute performance de la Fédération canadienne de snowboard, Robert Joncas. Je ne dis pas ça méchamment, mais ça devient difficile pour nous, parce que le pouvoir que le COC a à promouvoir le sport et les Jeux olympiques est différent de ce que nous pouvons offrir en tant que fédération à un commanditaire. »

Comment les fédérations s'y prennent-elles pour faire leur promotion et pourquoi les partenaires privés reculent-ils? Les réponses dans le deuxième volet de cette série.

(D'après un reportage de Justine Boutet)

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