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Le rappeur américain Freddy E commente son suicide en direct sur Twitter

Un rappeur américain "livetweete" son suicide

TWITTER - La mort en direct, c'est littéralement ce qu'ont vécu les abonnés Twitter du rappeur américain Freddy E. Dans la nuit du 5 janvier, ce jeune de 22 ans s'est suicidé par balle après avoir publié de nombreux messages de détresse sur le réseau social. Un épisode tragique qui pose la question de la non-assistance à personne en danger sur les réseaux sociaux. Car ce type d'histoires se multiplie au fil des mois.

"Si Dieu existe, il me rappelle vers lui. Rien n'a jamais été aussi bon que de sentir ce canon contre mon crâne. Il fait froid et je préfère mourir que vivre seul", "Tout... va... mal... * met le doigt sur la détente *", "Je t'aime Maman", "Je t'aime Papa", "Je suis désolé". Voici les tweets qu'ont pu lire les dizaines de milliers de followers de @Freddy_E cette nuit-là.

Ces messages allaient beaucoup plus loin que le simple appel à l'aide: Freddy E a commenté chaque étape de son suicide sur le réseau social; en langage Twitter, on appelle cela un "livetweet".

En réponse au dernier message du jeune homme, de nombreuses connaissances ont tenté d'entrer en contact avec lui, espérant qu'il ne soit pas réellement passé à l'acte. Mais quelques heures plus tard, le père de Freddy a confirmé le décès de son fils.

"Aujourd'hui, notre fils, frederick Eugene Buhl (@freddy_E), 22 ans, s'est enlevé la vie en se tirant dans la tête. Notre famille est profondément triste; notre perte est immense", a-t-il publié sur son profil Facebook.

Peu avant son suicide, Freddy E avait fêté son anniversaire avec des amis et diffusé une photo de lui embrassant une boite d'analgésiques sur son compte Instagram.

Une série noire visible par tous

Parmi les abonnés Twitter du jeune homme, impossible de savoir combien de personnes ont suivi la série de messages du rappeur au moment des faits. Freddy E comptait près de 100.000 followers et plus de 60.000 fans sur sa chaîne YouTube, mais sa popularité numérique n'a rien changé, personne ne semble avoir pu répondre à son appel à l'aide.

Quatre jours plus tard, tous les messages sont encore en ligne, visibles par tous. Le dernier tweet de Freddy E. a ainsi été rediffusé par près de 7.800 personnes. Et le compte @Freddy_E compte désormais 130.000 abonnés.

La notoriété naissante de Freddy E dans le milieu du rap américain a fait parler de ses adieux en direct. Si les internautes ne vont pas toujours jusqu'au bout, les annonces de suicide sur les réseaux sociaux se multiplient.

Des lettres de suicide numériques

Le cas de rappeur n'est hélas pas isolé. En octobre, le Web s'est ému pour l'histoire tragique de l'adolescente canadienne Amanda Todd qui s'est donnée la mort après avoir confié être victime de harcèlement sur son compte YouTube. En novembre, une jeune Anglaise rate son suicide après l'avoir annoncé sur Facebook. Plus récemment, un rappeur américain de 19 ans, Capital Steez, s'est également donné la mort après avoir laissé un laconique "the end" sur son profil.

Face à ces lettres de suicide numériques, les réseaux sociaux font-ils leur possible pour mettre en place des procédures pour entrer en contact avec les intéressés et faire de leur plateforme une aide et plus seulement un mur des lamentations?

La plupart des sites invitent les témoins de ces messages à contacter immédiatement les autorités ou un centre d'appels d'aide à la prévention au suicide, c'est le cas de Facebook qui a créé une page d'aide dédiée pour guider ses utilisateurs. En France, le réseau social renvoie ainsi ses membres vers SOS Amitié.

Quant à Twitter, le site explique détenir des informations pouvant aider les proches ou les autorités. "Vous pouvez envoyer une demande d'information en urgence par e-mail, via lawenforcement@twitter.com (cette adresse e-mail est continuellement surveillée)", explique le site.

Du côté de YouTube, enfin, un petit bouton appelé "report" permet d'accéder à une fenêtre pour signaler des contenus problématiques. On peut cocher ainsi des "actes dangereux et pernicieux", c'est-à-dire montrant des actes pouvant engendrer des blessures physiques, ou le "contenu violent ou sanglant". Sauf qu'un appel au secours d'une personne déprimée n'entre pas franchement dans ces catégories. Et, surtout, ces signalements sont faits pour pouvoir bloquer le cas échéant la vidéo, ou pour fermer le compte de l'auteur. Non pour le contacter ou transmettre ses coordonnées à un service d'assistance.

Autant dire que ces mesures sont encore très insuffisantes...

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