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Relaxviews : Carlo Petrini, "La crise comme opportunité"

Relaxviews : Carlo Petrini, "La crise comme opportunité"

Dans une série exclusive pour Relaxnews, Carlo Petrini, créateur du mouvement Slow Food, dévoilera chaque mois son point de vue sur la façon dont nous nous alimentons. Il démarre cette première collaboration par un bilan de l'année 2012.

Comme à chaque fin d'année, on regarde dans le rétroviseur pour chercher l'événement le plus frappant, le mot-clé qui puisse donner une signification au passé, pour mieux envisager le futur.

Pas de doute cette fois : 2012 est l'année de la crise, qui est arrivée au coeur de l'Europe. Crise économique et financière bien sûr, mais aussi crise énergétique, alimentaire, environnementale. Une chose est sûre et certaine : nous n'allons pas nous en sortir sans changer en profondeur...

Au demeurant, pas besoin de gestes éclatants, de bouleversements révolutionnaires. Le changement, pour être pérenne, doit partir de la vie quotidienne, de nos habitudes, de nos besoins. J'aime dire que nous devons changer de paradigme : pas de croissance du PIB, mais une nouvelle définition de nos besoins et de la façon de les satisfaire.

En ces mois dramatiques de 2012, j'ai eu des nouvelles qui m'ont conforté dans mes opinions. Etant italien, j'ai suivi avec autant d'attention que de consternation l'évolution de la crise en Grèce, ce pays qui d'une manière très symbolique, représente l'origine de la culture et de la civilisation Occidentale. Et c'est justement de là-bas que sont arrivés les premiers signes de ce changement de paradigme.

Un jeune entrepreneur a créé un site internet qui a eu un grand succès, à travers lequel les citoyens "louent" un morceau de terre, et reçoivent directement à la maison les légumes cultivés par l'agriculteur. Les citoyens arrivent à dépenser jusqu'à 70% en moins par rapport aux tarifs pratiqués en supermarché. De leur côté, les agriculteurs ont des revenus sûrs et sont assurés de tout vendre, sans gaspillage. Et le jeune webmaster y gagne aussi son pain.

L'ancien aéroport d'Athènes est devenu un jardin potager, et ce n'est pas le seul exemple de ce retour à la terre hellénique. Les Athéniens ont déjà créé d'autres espaces verts, destinés à nourrir les communautés. Qui non seulement donnent à manger, mais renforcent aussi une dimension sociale que la ville a rendu difficile, et enfin offrent quelques oasis de beauté dans un désert de ciment.

Plusieurs jeunes grecs considèrent ce retour à la terre, abandonnée par leurs parents, comme une solution enthousiasmante. Pavlos Georgiadis, ethnobiologiste et partie intégrante du réseau des jeunes du mouvement Slow Food, cultive maintenant ses oliviers millénaires à Alexandroúpolis, non pas dans l'isolement et la fatigue de ses ancêtres, mais en conjuguant technologie et tradition pour obtenir un produit de qualité.

Ces personnes sont à l'avant-garde d'un changement global. Gageons qu'elles ne lutteront pas longtemps seules.

Quand Carlo Petrini s'est dressé contre McDonald's dans les années 80 afin de stopper l'implantation d'un fast-food à Rome, peu ont pensé que cette prise de position allait devenir immensément populaire au point de trouver de fervents adeptes dans plus 150 pays dans le monde. Cette protestation a initié l'un des principaux mouvements contestataires contre la malbouffe, le Slow Food, qui privilégie la nourriture traditionnelle, régionale et à visée environnementale.

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