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Course au leadership du PLC : des débuts pour courtiser l'aile droite et l'Ouest

Course au leadership du PLC : des débuts pour courtiser l'aile droite et l'Ouest

La course à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) ne fait que commencer, mais déjà, la bataille semble se dessiner sur deux fronts : à droite et vers l'Ouest.

En avril prochain, pour la sixième fois en neuf ans, les libéraux fédéraux auront un nouveau chef, à l'issue d'une course considérée par certains comme une chance ultime pour le parti de renaître de ses cendres.

Cette course permet à la formation politique reléguée au troisième rang à la Chambre des communes d'occuper une plus grande part de l'espace médiatique. Et elle est par définition accompagnée de débats d'idées.

Mais le remue-méninges s'est pour l'instant concentré principalement d'un côté du spectre politique : à droite. De l'économie à la justice, en passant par l'agriculture, les candidats en tête du peloton ont généralement suggéré - à une exception près - des initiatives plus à droite que les positions traditionnellement adoptées au parti de Wilfrid Laurier.

À commencer par le candidat qui détient la plus grande longueur d'avance, Justin Trudeau. Dans une lettre ouverte, le député de Papineau s'est fait le défenseur du rachat de la compagnie pétrolière albertaine Nexen par la société d'État chinoise CNOOC. Il a même critiqué Stephen Harper qui, après avoir donné son aval à cette acquisition, ne serait pas suffisamment ouvert à ses yeux à une autre transaction du genre dans l'avenir.

Sur le plan de la sécurité publique, il a qualifié l'un des legs de son parti - le registre des armes d'épaule désormais aboli - d'échec. Sa sortie a d'ailleurs trouvé écho auprès des autres candidats, alors qu'aucun ne s'est engagé à ressusciter le fameux registre, s'il était élu.

Mais le principal intéressé refuse de se faire apposer une étiquette. « La distinction gauche-droite veut de moins en moins dire (quelque chose) ces jours-ci. Les gens veulent des solutions pragmatiques et non idéologiques », a-t-il soutenu lors d'un entretien téléphonique.

Autre figure connue de la course, l'ex-astronaute Marc Garneau, a confié croire que le Canada devrait durcir les peines contre ceux qui commettent un crime avec une arme. Selon lui, il faudrait faire preuve de plus de sévérité que les conservateurs à cet égard.

« Je pense qu'on peut aller plus loin que ça: des peines encore plus sévères », a fait valoir M. Garneau en entrevue éditoriale à La Presse Canadienne plus tôt en décembre.

Le député de Westmount-Ville-Marie est entre autres en faveur d'une plus grande libéralisation du secteur des télécommunications et pour l'élimination de l'impôt sur les gains en capital découlant des investissements dans les entreprises en démarrage.

Il se défend toutefois de vouloir tirer intentionnellement le parti vers la droite. « Je pense que ce sont des politiques intelligentes pour s'adresser à de réels problèmes. Ce n'est pas consciemment un effort pour aller vers la droite », a-t-il expliqué.

L'ancienne députée ontarienne Martha Hall Findlay s'est pour sa part aventurée sur un terrain où peu osent aller en plaidant la fin de la gestion de l'offre dans la production laitière au Canada.

Dans ce contexte, la députée de Vancouver-Quadra Joyce Murray apparaît comme l'unique candidate à la direction relativement connue du public représentant clairement l'aile plus progressiste de son parti. Cette ancienne ministre de l'Environnement de la Colombie-Britannique fait de la promotion du développement durable la pierre angulaire de sa campagne.

« Je crois que ça attire ceux qui sont les plus progressistes de mon parti », a-t-elle concédé.

Elle est également en faveur d'une alliance ponctuelle avec le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti vert afin de défaire les conservateurs dans les circonscriptions où le vote s'annoncerait serré.

Trop tôt

Le chef intérimaire Bob Rae met toutefois en garde quiconque s'aventurerait trop rapidement à cataloguer les candidats d'un côté où de l'autre de l'échiquier politique.

« Je crois que la course vient de commencer [...]. Il faut attendre vraiment jusqu'au mois de janvier pour voir exactement qui va se présenter, qui sera le candidat de choix et comment ils vont présenter leurs opinions aux délégués », a-t-il expliqué en entrevue.

Le véritable choc d'idées devrait se produire lors du premier débat à Vancouver, le 20 janvier. D'autres candidats pourraient également se lancer dans la mêlée. Des rumeurs persistantes laissent entendre que l'ancien ministre de la Justice Martin Cauchon annoncerait qu'il fait le saut en janvier, une candidature qui pourrait résonner auprès de l'aile gauche du parti.

Vers l'Ouest

Les candidats à l'investiture du PLC reluquent aussi un coin du pays où ils ne sont pas toujours les bienvenus : l'Ouest. Mme Hall Findlay a lancé sa campagne à Calgary même si elle représentait anciennement une circonscription torontoise et Justin Trudeau s'en rendu en Alberta le lendemain de son annonce officielle à Montréal.

L'idée ce n'est pas de gagner plusieurs sièges à Calgary », a signalé le politologue de l'Université d'Ottawa, André Lecours. « Il faut que le Parti libéral essaie d'être compétitif dans toutes les régions du pays pour pouvoir se présenter comme le natural governing party. »

Selon Justin Trudeau, il est primordial que le PLC ne fasse une croix sur aucune région. « On a juste à regarder notre bilan électoral pour voir qu'on a beaucoup perdu de sièges dans les dernières années dans l'Ouest », a-t-il rappelé.

« Je pense que depuis longtemps nos politiciens ont pris avantage de ces divisions entre différentes régions », a déploré le député de Papineau.

Quant à Joyce Murray, elle n'hésite pas à se présenter comme la candidate de l'Ouest dans cette course. « Je crois que c'est important de ne plus imaginer que les chefs du Parti libéral seront des personnes de Toronto ou de Montréal », a-t-elle insisté.

Le choix des membres et des sympathisants du PLC sera connu le 14 avril. Alors que plusieurs espèrent que l'élection du nouveau chef permettra à la formation de repartir à neuf, Bob Rae, qui cédera alors sa place, rappelle qu'il faudra tout de même faire ses devoirs.

« Ça peut nous aider, mais il ne faut pas penser que la course à la direction elle-même va résoudre le problème de la nécessité de réorganiser le parti. »

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