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"Sugar Man" : le fabuleux destin de Sixto Rodriguez, chanteur folk de Detroit

"Sugar Man" : le fabuleux destin de Sixto Rodriguez, chanteur folk de Detroit

Le film documentaire "Sugar Man" raconte la fabuleuse histoire de Sixto Rodriguez, un homme de Detroit d'origine indienne mexicaine, qui publia deux disques folk-rock en 1970 et 71 passés totalement inaperçus aux Etats-Unis, et devenu célèbre à son insu en... Afrique du Sud.

Le film, qui sort mercredi, démarre de manière éclatante. Sur la route du Cap, dans un paysage à couper le souffle, au bord de falaises vertigineuses plongeant dans l'Océan, Stephen "Sugar" Segerman, disquaire passionné, se souvient, en écoutant "Sugar Man", chanson-culte de Rodriguez.

A la manière d'un thriller, le film, réalisé par Malik Bendjelloul, remonte ensuite le fil de l'histoire.

Plongée sur Detroit (Michigan), une ville "dure", qui "vous dit de ne pas trop rêver", selon l'expression d'une des trois filles de Rodriguez qui témoigne dans le film.

Un long traveling suit une silhouette légèrement voûtée, marchant d'un pas tranquille dans la neige et des lumières presque surréalistes : Rodriguez, aujourd'hui.

Suivent une série de témoignages (producteurs de ses albums, collègues de travail, journalistes...), entrecoupés de rares images d'archives et de photos, pour tenter de cerner la personnalité de ce bel homme aux yeux éternellement masqués derrière des lunettes noires.

Comment un tel talent, ayant composé des chansons aussi inspirées que "Cause", l'histoire poignante d'un type perdant son job deux semaines avant Noël, "Can't Get Away" aux arrangements raffinés, ou "I Think of You", chanson d'amour sur fond de cordes aériennes, passa-t-il totalement inaperçu ?

Pour renforcer le mythe, Rodriguez, dont l'élan poétique n'a rien à envier à Bob Dylan, est décrit comme un homme à l'existence énigmatique, donnant ses rendez-vous au coin des rues.

On apprendra plus tard que ce personnage à la figure christique, "un sage, un prophète", "transcendant, éternel", selon les témoignages, a vécu à l'écoute des humbles, éveillé ses filles à l'art et a même été candidat à la mairie de Detroit.

Deuxième chance

Alors qu'il est retombé dans l'anonymat, la chance va sourire à cet homme qui retape des maisons pour gagner sa vie : une Américaine part rejoindre son petit ami en Afrique du Sud avec un exemplaire de "Cold Fact", son deuxième et dernier disque, dans ses bagages. "I Wonder", une chanson de l'album à la ligne de basse dévastatrice, où il est question de liberté sexuelle, devient l'hymne de la communauté afrikaner anti-apartheid.

La partie centrale du film est consacrée à cette période, où Rodriguez sert d'exutoire à une classe moyenne blanche avide de liberté, étouffée par la censure, isolée du reste du monde.

Grâce à la ténacité de quelques fans, Rodriguez est retrouvé, une tournée triomphale lui est organisée en 1998. "Je me suis senti comme un prince", dit celui qui fut reçu en star dans un pays où ses disques se seraient écoulés à plus de 500.000 exemplaires.

Puis cet humble parmi les humbles retourne à sa vie quotidienne. Fin de l'histoire ? Jusqu'en 2006, où Malik Bendjelloul, séduit par le récit de Stephen Segerman, s'en empare.

"Searching For Sugar Man", la bande originale du film, compilation des deux albums de Rodriguez plus trois autres chansons, est parue le 10 décembre (Sony Legacy).

A 70 ans, devenu quasiment aveugle, Sixto Rodriguez vit depuis quarante ans dans la même maison d'une banlieue déshéritée de Detroit.

Grâce au film, il pourrait être à l'affiche d'une grande salle parisienne en 2013.

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